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Poches -> Littérature |
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Trop de choses à vous dire | | | Hanif Kureishi Quelque chose à te dire 10/18 - Domaine étranger 2010 / 8,20 € - 53.71 ffr. / 568 pages ISBN : 978-2-264-04896-7 FORMAT : 11cmx18cm
Première publication en août 2008 (Christian Bourgois)
Traduction de Florence Cabaret. Imprimer
Quelle que soit la forme quil leur donne romans, nouvelles, essais, scénarios, films les réflexions dHanif Kureishi sarticulent toujours autour de plusieurs thèmes fondateurs - multiculturalisme, racisme, sexualité, pop culture
Au fil des années et des expériences de la vie sont venus sajouter des thèmes satellites les aléas de la vie conjugale, ladultère, les relations parents-enfants ou encore la dualité corps-esprit. Une chose est sûre, H. Kureishi (né en 1954 dun père pakistanais et dune mère anglaise) aime (d)écrire ce quil voit et ce quil vit, créant des personnages qui reflètent ses interrogations.
Dans Le Bouddha de banlieue, premier roman paru en 1990, qui propulsa H. Kureishi en haut de laffiche, Karim, jeune aspirant comédien dascendance anglo-pakistanaise, racontait son parcours chaotique et drolatique à la recherche de son identité sexuelle et sociale dans lAngleterre des années 1970. Dix-huit ans plus tard, dans Quelque chose à te dire, Jamal, psychanalyste quinquagénaire, également anglo-pakistanais, livre ses secrets tout en observant lévolution de lAngleterre sur les quarante dernières années. Comparé au bouillonnant roman dapprentissage centré sur le sentiment de division intérieure, ce roman de la maturité semble un peu brouillon et fourre-tout car aux thèmes précédemment cités se surajoute celui de la culpabilité fil conducteur certes mais fil beaucoup trop ténu tant H. Kureishi veut en dire et donc séparpille.
«Comme souvent ces derniers temps, je me mets à réfléchir à ma profession, je passe en revue les problèmes avec lesquels je me débats et comment tout cela est devenu mon métier, ma vocation, mon plaisir. Ce qui me semble toujours le plus étrange, cest que je me suis lancé dans cette voie à la suite dun meurtre
et du départ dAjita, mon premier amour un départ définitif.» Jamal revient donc sur sa jeunesse et sur la mort du père dAnita dont il est involontairement responsable, idée qui ne cesse de le hanter. Lorsque les acteurs dun passé quil souhaiterait enterré réapparaissent, le cauchemar prend une autre dimension. Lidée du psychanalyste meurtrier qui délivre les autres mais reste enchaîné à sa «dette initiale» et risque de se faire démasquer constituerait une base intéressante pour un polar psychologique, ce que nest pas du tout Quelque chose à te dire.
H. Kureishi se dit fasciné par la psychanalyse depuis ses études de philosophie pourtant son narrateur ne lévoque pas de façon particulièrement convaincante, multipliant les poncifs «une analyse naide pas nécessairement à mieux se comporter, ni à être meilleur», «la psychanalyse est subversive et libératrice», ou encore : «
je me suis demandé pourquoi je sentais quil fallait que je me méfie de la normalité. Ce quil y a de frappant dans la normalité cest quelle na rien de normal. La normalité nest pas autre chose que la dénomination bourgeoise de la folie ordinaire
» Certes
mais pour trouver une exploitation originale de la frontière floue entre folie et normalité, mieux vaut aller trouver par exemple Will Self et son formidable Dr Mukti qui met en scène la lutte à mort que se livrent deux psychiatres par patients interposés !
Face à ce héros assez terne, ce sont les personnages secondaires qui apportent du tonus à lensemble et permettent de retrouver un Kureishi nettement plus en forme avec de jolis passages sur les errements du cur et du corps, sur lamour et lamitié, la création, les faux-semblants, la maladie
À signaler quelques clins dil au lecteur - la présence au détour dune page dun personnage dune uvre antérieure, Karim, Charlie Hero ou encore Omar, le propriétaire de My Beautiful Laundrette, devenu entre-temps Lord Ali et blairiste convaincu. Concernant Tony Blair et le parti travailliste, la plume de Kureishi se fait féroce et la charge, virulente (visiblement le soutien indéfectible que lancien Premier ministre a apporté à George Bush dans ses tribulations irakiennes nest pas passé !) .
Une idée de plus jetée dans «la grande marmite» que constitue Quelque chose à te dire - la métaphore vient de lauteur lui-même. Dommage quHanif Kureishi nait pas davantage sélectionné ses ingrédients, le roman y aurait gagné en saveur !
Florence Cottin ( Mis en ligne le 05/01/2010 ) Imprimer
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