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Mangeuse de vies
Fatou Diome   Inassouvies, nos vies
J'ai lu 2010 /  6 € - 39.3 ffr. / 253 pages
ISBN : 978-2290017722
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en août 2008 (Flammarion)
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Fatou Diome, écrivain très remarquée en 2003 pour son premier roman Le Ventre de l’Atlantique, propose avec Inassouvies, nos vies une réflexion sur l’incidence de la relation à l’autre sur sa propre existence, sur le besoin indispensable de s’identifier à l’autre pour mieux se comprendre, pour situer son moi profond. La joie, le plaisir sont toujours là, effleurant le cœur et inondant par images et sensations successives des souvenirs parfois terrés très loin dans la mémoire. Car les relations finissent toujours par faire mal, laissant une plaie qui jamais ne se referme totalement. Et ces blessures émotionnelles de conditionner notre fonctionnement, la place que l’on s’autorise dans ce monde grouillant d’individus qui cherchent, eux aussi, à exister à travers les autres.

Ainsi en est-il de Betty. Jeune femme d’origine africaine, elle cherche les réponses aux questions existentielles qui la parasitent, surtout la nuit, durant ces longues heures où la luminosité est réduite, faisant danser les ombres du passé. Betty la Loupe, elle se donne ce surnom amusant, pour illustrer son activité la plus attractive en cette période d’introspection et de mal être : elle observe les habitants vivant dans l’immeuble de l’autre côté de la rue. Par sa fenêtre, elle introduit son regard dans les appartements des voisins et devient le témoin, voyeur non invité, d’existences façonnées par des comportements, des attitudes, des gestes sans paroles, qu’elle analyse avec minutie.

Sonder les autres lui permet de faire un état des lieux sur elle-même et de se rendre compte que tout le monde cache ses peurs intimes en se fourvoyant derrière un masque social. Une sacrée mascarade au cours de laquelle le piège se referme inlassablement sur tous. Les pérégrinations mentales de Betty sont entrecoupées des tranches de vie de Félicie, la vieille dame du 1er, de la bourgeoise du 3ème, de la prof «intello-écolo-bio» du 4ème, du vieux couple inséparable du 2ème. Tel un détective, elle sonde leurs présents, leurs passés, s’arrange pour les rencontrer et recueillir leurs pensées, les vraies, pas les paroles convenues et lisses que l’on sert pour surtout ne pas dévoiler ses fragilités. Plus ces inconnus ouvrent le livre intime de leur histoire, plus Betty s’approche et frôle le cœur de ses cauchemars.

Ce roman est beau et surprenant, construit autour de phrases tonitruantes, lancinantes, tour à tour claires comme l’eau de source et mystérieuses comme les facettes d’un diamant. On a tous un peu de Betty en nous, des colères, des secrets et des sensations de vies inassouvies. Comme Betty la Loupe, on cherche à aimer mais par peur de la déchirure que provoquent les épines de l’existence, on préfère oublier ses rêves profonds, s’accrocher à des passés qui nous éloignent du présent. La vie est alors ce brouillon que l’on doit trier pour en extraire la sève, précieuse et stimulante, même si la mort en est l’aboutissement.


Frédéric Bargeon
( Mis en ligne le 23/09/2010 )
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