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Le "politiquement correct " aux orties | | | Christian Combaz Egaux et nigauds
Rocher - Colère 2001 / 5.95 € - 38.97 ffr. / 40 pages
ISBN : 2-268-03877-7
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Dans notre France lisse et consensuelle, où toute controverse intellectuelle et idéologique se règle à l’amiable, courtoisement, dans le respect de la morale et de l’hygiène publique, "que sont les pamphlets devenus" ? C’est désormais un mot qui fait peur, que l’on voile, ou que l’on remise dans un tiroir pudique de la mémoire littéraire. On y sent déjà les vapeurs méphitiques de quelque sombre époque de notre histoire. Pourtant, quoi de plus sain qu’une bonne colère, qu’un "bon coup de gueule", pour remettre quelques pendules à l’heure et exorciser ses propres angoisses.
C’est en tout cas la politique des Editions du Rocher, qui viennent de lancer une (très jolie) collection de petits textes incendiaires, n’excédant pas quarante pages. Ils permettront à des écrivains, des scientifiques, des entrepreneurs, des artistes, des sportifs, des journalistes, des magistrats, des hommes politiques… "de traiter sur un mode offensif et personnel, un sujet de leur choix". On attend de voir, mais l’idée est réjouissante. D’autant que Jean-Marc Parisis, directeur de la collection, laisse entière liberté aux auteurs : "liberté d’intervention, de style, de pensée. La forme courte des textes garantit leur sincérité. Leur percussion n’exclut ni l’humour ni les sentiments".
Nous voilà donc prévenus… Au programme des festivités pour février et mars : François Taillandier avec Les Parents lâcheurs, Patrick Besson avec J’aggrave mon cas (recueil de ses derniers articles les plus incendiaires), et Jean-Christophe Buisson avec Maos, trotszkos, dodo (qui démolit l’idéologie post-soixante-huitarde). On va s’amuser ! Suivront José Giovanni, Benoît Duteurtre, Elisabeth Lévy, en attendant la suite.
Pour l’instant, c’est à Christian Combaz qu’est échu l’insigne honneur d’entamer la collection, par ce petit opuscule intitulé Egaux et nigauds. A ses yeux, le "mythe égalitaire" est la lèpre de nos sociétés, qui veut polir les individus et effacer tout particularisme, afin de créer un monde de clones interchangeables, animés des même idéaux, enfants des même passions. Du baccalauréat pour 80% des élèves aux hémiplégiques dans les compétitions sportives, cette idéologie fortement influencée par le modèle américain est une forme de fascisme inversé, car elle ne prend jamais en compte les qualités de chacun, mais impose un mode de vie formaté et inamovible.
"A présent, que nous propose-t-on ? (…) La lumière permanente, le néon pour tous, l’écrasement des ombres, un univers où la flamme de votre bougie personnelle paraît non seulement minuscule mais presque sale. Les projecteurs effacent les traits, les limites, les frontières. Sous le flash, tout le monde a la même figure blafarde et les mêmes yeux rouges. Remplacez le mot lumière par le mot savoir et vous comprendrez que le savoir moderne, la compétence moderne, le progrès de la connaissance et de l’information comme vecteurs de l’égalité sont, à bien des égards, une très mauvaise affaire pour l’égalité véritable". Il s’agit donc pour les hommes "d’être conforme à un idéal lointain, au lieu de leur donner les moyens de réaliser un idéal intime".
Dans un style lapidaire mais contenu, Christian Combaz propose une brève étude de cette question, à laquelle il manque toutefois un soupçon de dérision, qui n’aurait pas fait de mal au lecteur. Mais il est aussi de sombres colères.
Nicolas d'Estienne d'Orves
( Mis en ligne le 22/02/2001 )
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de Christian Combaz | | |
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