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Poches -> Histoire |
| Jean Sévillia Le Dernier empereur - Charles d'Autriche - (1887-1922) Perrin - Tempus 2012 / 10 € - 65.5 ffr. / 390 pages ISBN : 978-2-262-03903-5 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en septembre 2009 (Perrin)
L'auteur du compte rendu : Thérèse Krempp mène une recherche en doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur l'armée française d'Orient pendant la Première Guerre mondiale. Avec Jean-Noël Grandhomme, elle a publié Charles de Rose, pionnier de l'aviation de chasse (éditions de la Nuée Bleue, septembre 2003). Imprimer
Charles Ier, dernier empereur de lAutriche-Hongrie, eut une vie tragique. En 1916, il accéda au trône sans lavoir souhaité, à la tête dun empire engagé, au côté du Reich allemand, dans la pire des guerres que le monde eût connue jusqualors. Il fut déchu dès 1918 et contraint à lexil. Lauteur de cette biographie, Jean Sévillia, est très favorable au dernier empereur dAutriche, il nen dissimule pourtant pas les fautes. Son règne, observe-t-il, fut marqué par «une suite impressionnante de déboires et dinsuccès». Mais, selon lui, les événements furent à lorigine de ces mécomptes : «Le drame du souverain, sa tragédie personnelle, au fond, cest davoir été voué à régner en temps de guerre, quand il était manifestement fait pour gouverner en temps de paix».
A la naissance de Charles, le 17 août 1887, son grand-oncle, François-Joseph Ier, règne depuis trente-neuf ans. Le neveu de François-Joseph, larchiduc François-Ferdinand, doit lui succéder à la tête de ce vaste empire comptant 51 millions dhabitants. Or, le 28 juin 1914, François-Ferdinand et son épouse sont assassinés à Sarajevo. Cette tragédie vient sajouter à celles qui ont déjà frappé lempereur : exécution de son frère Maximilien au Mexique, suicide de son fils aîné le prince héritier Rodolphe, assassinat de son épouse Elisabeth, la célèbre Sissi. Lassassinat de son oncle institue Charles en héritier du trône.
Lempereur François-Joseph meurt le 21 novembre 1916. En accédant au trône, Charles est convaincu, comme son oncle létait également, que les empires centraux ne peuvent plus gagner la guerre. Au début de lannée 1917, il charge ses deux beaux-frères, les princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, dengager des négociations secrètes avec lEntente.
Quelles seraient les conditions de paix ? Le président de la République française, Raymond Poincaré, énumère les principales au prince Sixte, reçu discrètement à lÉlysée : restitution de lAlsace-Lorraine à la France, rétablissement de la Belgique dont la neutralité a été violée par lAllemagne en 1914, restauration de la Serbie. Des conditions que Charles serait prêt à accepter, en appuyant auprès de son allié allemand la revendication de la France sur lAlsace-Lorraine. Encore faudrait-il convaincre lempereur allemand Guillaume II de traiter à ce prix, ce qui semble rien moins quévident. Du côté de lEntente, la Grande-Bretagne et la France sont liées à lItalie qui, entrée tardivement en guerre à leurs côtés, se montre intransigeante quant aux promesses du traité de Londres concernant la restitution de lItalie du Nord. Lempereur Charles ne renonce pas pour autant, et sollicite la médiation du pape Benoît XV. Des conversations secrètes se poursuivent jusquen octobre 1918 avec la France, à linitiative de létat-major français. Cependant, ni la médiation papale, ni les conversations avec létat-major français naboutissent. Finalement, Charles est placé dans une situation périlleuse et il se voit contraint de renforcer son alliance avec lAllemagne : une convention, signée le 12 mai 1918, place larmée autrichienne sous commandement allemand.
En octobre 1918 (larmistice avec lEntente est signé le 3 novembre), un manifeste impérial proclame la transformation de lAutriche en un État fédéral, précisant : «Le libre droit dautodétermination servira de fondement au nouvel empire». Mais les événements vont conduire à léclatement du royaume des Habsbourg avec lapparition de nouveaux pays comme la Tchécoslovaquie. De plus, lAutriche est érigée en République et Charles, qui refuse dabdiquer, se voit obligé dabandonner ses pouvoirs. Il est alors contraint à lexil. Il meurt à Madère le 1er avril 1922 à lâge de 34 ans.
Le dernier chapitre du livre est consacré à la béatification de Charles Ier par le pape Jean-Paul II en 2004. Lanalyse des négociations secrètes entre lAutriche-Hongrie et la France constitue certainement un des points les plus intéressants de cet ouvrage.
Thérèse Krempp ( Mis en ligne le 06/03/2012 ) Imprimer
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