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Éthique animale et critique industrielle
Jocelyne Porcher   Vivre avec les animaux - Une utopie pour le XXIe siècle
La Découverte - Poche 2014 /  8,50 € - 55.68 ffr. / 157 pages
ISBN : 978-2-7071-7838-1
FORMAT : 12,7 cm × 19,2 cm

Première publication en juin 2011 (La Découverte)

Préface d'Alain Caillé

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Depuis plus de trente ans, des philosophes anglo-saxons traitent d'éthique animale sans que ce domaine fondamental semble préoccuper le monde universitaire francophone du vieux continent. Elle est souvent confondue avec l'éthique environnementale (alors que l'éthique animale et l'éthique environnementale se distinguent dans leurs fondements mêmes, jusqu'à être parfois en opposition), voire avec l'écologisme (qui est un projet politique global et non une posture éthique) et demeure méconnue autant que caricaturée (on se souviendra de l'ouvrage inepte, malhonnête et mesquin de Ferry, Le Nouvel ordre écologique). Cependant, elle commence doucement à se développer en France et en Belgique, d'une part, grâce au travail patient et obstiné du philosophe Jeangène Vilmer, qui diffuse les travaux de Singer, Regan et Francione – pour n'en citer que quelques uns –, aux Cahiers antispécistes, lesquels poussent très loin la réflexion théorique sur la question animale, et à divers ouvrages de témoignages sur la manière dont les animaux sont utilisés dans le système industriel et, d'autre part, grâce à un travail considérable - mais relevant davantage de l'éthologie et de l'anthropologie que de l'éthique proprement dite – sur les relations entre l'homme et l'animal ou encore sur la fin des barrières classiques, artificielles entre nature et culture.

Cette vision très française de la question animale doit beaucoup aux écrits de l'américaine Donna Haraway. Celle-ci s'intéresse aux animaux non pas en tant que sujets de droits (voir l'approche déontologiste de Regan et Francione) ou qu'individus dont les intérêts doivent être pris en considération par le fait qu'ils ressentent douleurs et plaisirs (voir la perspective utilitariste de Singer), mais en tant qu'individus en relation, en échanges avec les hommes, c'est-à-dire comme êtres de culture puisque ce qu'ils sont, et de fait la manière dont ils se comportent, dont ils s'adaptent aux situations dans lesquelles la domination des hommes les met, est une forme de sortie du programme pré-établi par la nature. Les animaux changent, entrent dans l'histoire, par le contact avec les hommes ; et les hommes, de fait, changent aussi. Dans Quand le loup habitera avec l'agneau, la philosophe Vinciane Despret a d'ailleurs montré à quel point, si l'on voulait vraiment les comprendre, il fallait cesser de considérer les animaux comme les automates des recherches behavioristes ou de la sociobiologie – et à quel point ce changement de perspective changeait l'homme lui-même. Or, s'il y a influence réciproque entre les animaux et les hommes, et une sorte de fluidification des frontière entre ce qui (et ceux qui) relève(nt) du culturel et ce qui (et ceux qui) relève(nt) du naturel, s'impose alors l'obligation de considérer le sort des animaux dans son étroite imbrication avec celui des hommes.

Au fond, on pourrait établir ici un parallèle entre ce qui sépare l'environnementalisme américain et l'écologisme européen : à la wilderness, à la nature «pure», spontanée, intouchée par l'homme, qui hante la plupart des auteurs américains, s'oppose la nature comme création humaine, jardin, travail, qui fonde l'imaginaire européen ; aux animaux de l'éthique anglo-saxonne, abstraits, ayant une identité comme individus et comme catégories, et des intérêts, hors de toute relation avec les hommes s'opposent les animaux européens, français en particulier, d'une manière ou d'une autre façonnés par les hommes, «travaillés» par eux, ayant donc des intérêts mêlés aux intérêts humains. Autrement dit, pour les européens, le questionnement éthique n'est pas premier ; il s'intègre dans un questionnement sur la nature des relations entre hommes et animaux, et non pas sur le sort des animaux considérés en eux-mêmes ; de même qu'il existe en éthique environnementale, une perspective écocentriste opposée à une perspective anthropocentriste, il existe, en éthique animale, une perspective «animalocentriste» (quel autre nom lui donner ?) opposée à une perspective anthropocentriste.

Le livres de Jocelyne Porcher Vivre avec les animaux s'inscrit à bien des égards dans cette perspective française d'éthique animale. Le sort des animaux y est analysé et critiqué dans le cadre strict des relations que ceux-ci entretiennent avec les hommes, un rapport placé sous le signe du travail soit industriel, soit d'élevage – l'auteur ayant pour thèse centrale le fait que l'idée même d'élevage est antinomique avec l'organisation industrielle. C'est aussi, et l'on peut même dire surtout, le sort des hommes qui travaillent avec les animaux qui l'intéresse : par son attaque virulente du système industriel de production de la viande, Jocelyne Porcher s'inscrit dans la critique le système industriel dans sa globalité ; en cela, elle est très proche des mouvements décroissantistes, c'est-à-dire de l'écologisme radical dans sa version européenne (elle cite d'ailleurs Latouche et Illich et collabore au MAUSS, dont la figure de proue, Alain Caillé, préface l'ouvrage) et gauchisante. Il est notable, d'ailleurs, que, ce faisant, elle réussit à créer une jonction entre animalisme et écologisme, que, à l'exception de John Baird Callicott, les auteurs américains ont bien des difficultés à opérer.

Le point de départ de la réflexion de Madame Porcher, c'est sa propre expérience d'éleveuse puis sa découverte, au fur et à mesure de sa professionnalisation, de la zootechnie et des processus industriels de «production animale» : la consternation y côtoie l'horreur, non seulement eu égard au sort qui est réservé aux animaux (en particulier de la filière porcine) mais aussi eu égard à la déshumanisation et aux mal-être des exécutants, littéralement conduits à la barbarie et/ou à l'indifférence, un peu à la manière de la majorité des gardiens de camps nazis et des membres des einsatzgruppen L'analogie entre les filières industrielles de production animale et les camps de la mort est – à juste titre – assumée par l'auteure laquelle manque cependant de profondeur dans son analyse (aspect d'autant plus regrettable que l'on ne manque pas d'outils issus de la psychologie sociale et cognitive pour le faire).

La zootechnie, enseignée dans les filières agronomiques, aussi bien que l'organisation industrielle de l'usage des animaux traitent ces derniers comme des choses (Illich aurait dit «des optimums cybernétiques»), pas comme des êtres sensibles ayant leurs propres objectifs, leurs propres attentes, leurs propres besoins ; en usine, les animaux n'existent tout simplement pas, disparaissent sous les performances, la productivité, les profits, le délire quantitatif qui caractérise si bien notre monde. Une vie conforme aux «vertus» de l'animal (on est ici assez proche de la théorie de Martha Nussbaum, même si celle-ci n'est pas citée), l'échange affectif entre lui et l'homme, l'apprentissage pour ne pas dire l'apprivoisement réciproque (tel celui évoqué dans Le Petit Prince) y sont rendus impossibles. Par dessus tout, le contrat implicite qui est à la base de l'élevage est rompu, en défaveur de l'homme comme de l'animal. En effet, le principe même de l'élevage est que l'éleveur se porte garant d'une vie conforme aux attentes et à la nature de l'animal, couplée à une protection contre les prédateurs. C'est là, en quelque sorte, la rétribution du «travail» de l'animal, lequel, selon l'auteure, cherche dans l'échange avec l'humain à satisfaire les exigences de celui-ci. De fait, l'éleveur a tout à gagner à l'élevage, d'abord du point de vue économique (l'animal faisant «bien» son travail), ensuite du point de vue moral ou de l'image qu'il a de lui-même : les dissonances cognitives ou, pour ainsi dire, affectives, sont moindres que dans la production industrielle. Porcher illustre ce fait avec un exemple éclairant, celui des travailleurs industriels obligés pour éviter des dépenses inutiles eu égard aux critères de productivité, de tuer les petits porcs qui ne rentrent pas dans le «format» exigé au départ (manque de poids, etc.) : d'une part, ces travailleurs se trouvent dans une situation de dissonance par rapport aux soins donnés pour assurer la naissance des petits (activité qui a un impact affectif et moral très puissant) ; d'autre part, la mise à mort n'a d'autre utilité que le rendement lui-même – elle n'a pas pour but la consommation, mais une logique économique parfaitement mécanique : on pourrait dire qu'elle n'est pas «légitime».

Ceci amène deux remarques. Tout d'abord, l'exigence implicite de protection contre le prédateur invite à une réflexion essentielle, que l'auteure ébauche du reste : celle du rapport de l'animal domestique à l'animal sauvage ou, plus concrètement (et c'est l'exemple mentionné), de la réintroduction de loups ou d'ours dans les zones d'élevage. On voit ici poindre le problème que pose une certaine logique environnementaliste confrontée à diverses logique animalistes. La deuxième remarque concerne le sens du «travail» de l'animal, qui nous paraît poser d'énormes problèmes anthropologiques et éthiques. Pour l'essentiel, ce terme, dans l'ouvrage de madame Porcher, renvoie non pas à l'aide que les animaux peuvent apporter (pour le meilleur et pour le pire) aux hommes (par exemple, un chien d'aveugle, un chien de berger, un bœuf ou un cheval de trait, un rat démineur ou un éléphant de combat, etc.), mais à leur production de biens consommables (viandes, fourrures, lait, œufs, etc.), c'est-à-dire, dans l'immense majorité des cas, à leur mort. On peut retourner Vivre avec les animaux dans tous les sens, le travail des animaux, c'est de participer docilement à leur abattage, de faire tout ce qu'il faut pour être abattables, d'amener l'éleveur à les tuer - voire à les faire souffrir, si l'on inclut les animaux de laboratoire qui sont d'ailleurs à peine évoqués par madame Porcher. Et ce n'est pas le chapitre consacré à la mise à mort et l'évocation du rôle anthropologique de celle-ci qui y change quoi que ce soit : il y a dans la posture de l'auteure quelque chose qui met mal à l'aise, une forme de rationalisation finalement pas plus cohérente que la rationalisation industrielle et une stratégie argumentative qui permet d'éviter la question du spécisme posée par la pensée animaliste anglosaxonne.

Pour bien faire comprendre ce malaise, il faut évoquer un épisode de la fameuse série télévisée de science fiction Twilight Zone (en français : La Quatrième dimension) intitulé ''To Serve Man'' (en français : ''Pour servir l'homme''). L’histoire est simple : un peuple extra-terrestre, les Kalamits, envoie quelques émissaires auprès des gouvernements des nations de la terre, ainsi qu’auprès des technocrates de l’ONU, afin de proposer leurs services. Disposant d’une technologie beaucoup plus puissante et efficace que celle des humains, ils offrent de résoudre les problèmes (famine, surpopulation, rareté des ressources, guerres, etc.) de notre espèce de manière désintéressée, sans aucune contrepartie sinon des échanges bilatéraux, culturels et touristiques, laissant seulement entendre que, puisqu’ils sont plus «techniquement» évolués, ils le sont aussi moralement. Ils donnent bien entendu des gages qui manifestent à la fois leur réelle supériorité technique et leur volonté de les partager comme de ne les pas utiliser de manière néfaste. Si bien que peuples et gouvernements finissent par accepter leur offre. Tout va pour le mieux dans les meilleur des mondes ; chacun mange à sa faim ; la plupart des conflits sont résolus ; les armées et institutions de répression sont peu à peu démantelées ; et de nombreux humains partent pour la planète des Kalamits afin de s’y installer, sans souhait de retour. Cependant, quelques humains restent méfiants, qui tentent de comprendre un ouvrage oublié sur le bord d’une table par l’un des diplomates Kalamits. Seul le titre a pu être traduit : Pour servir l’homme. Le chef du service de décryptage, d’abord sceptique, finit par se ranger à l’avis de ses contemporains et, curieux, décide d’embarquer pour la planète extra-terrestre que ses nouveaux habitants décrivent, dans leurs cartes postales, comme un véritable paradis. Alors qu’il monte dans l’astronef, la principale traductrice de son service fend la foule de l’aire d’embarquement et lui crie qu’elle a réussi à traduire le contenu de l’ouvrage : ce sont des recettes de cuisine !

Le lecteur n'aura aucun mal à retrouver dans ce scénario le contrat implicite homme/animal d'élevage que défend madame Porcher et, pourtant, il pourra difficilement trouver ce même contrat implicite acceptable... A moins qu'il n'arrive à expliquer pourquoi il est bon pour les autres espèces et pas pour les hommes – question fondamentale, posée par l'éthique animaliste anglo-saxonne et que l'auteure cherche à éviter à tout prix par divers procédés qui consistent à lui reprocher son abstraction, à scinder et sélectionner les situations envisagée (elle parle d'élevage, mais très peu de la situation des animaux domestiques, des animaux de laboratoires et ne dit rien ou presque sur les animaux dits «sauvages»), à invoquer le rôle anthropologique de la mort (et la nécessité de la mort pour qu'il y ait la vie, ce qui, en plus d'être un cliché maladroit, ne règle pas la question de la nécessité de donner la mort et à qui ?, c'est-à-dire, pourquoi la donner à certains et pas à d'autres), à amalgamer des positions pourtant divergentes pour mieux faire ressortir la sienne, à reprocher les incohérences logiques aux positions adverses (en ignorant les siennes) ou à lier son propos à un combat indéniablement légitime (la lutte contre la déshumanisation de la société industrielle).

Car, au cours de l'ouvrage, se dessine une ligne de front par la désignation d'adversaires : la filière industrielle (et le capitalisme connexe) qui maltraite les animaux, certes, mais aussi les chercheurs et défenseurs du «bien-être animal» qui lui servent d'alibi et justifient sa pérennité, les filières bio, qui n'ont pas pour priorité le traitement adéquat des animaux, les végétariens hypocrites (ils boivent du lait et mangent des œufs, donc participent à la mise à morts des veaux et des poules) qui poussent à développer l'industrie (de la fausse viande) et les philosophes animalistes qui veulent sauver avec des principes désincarnés des animaux qu'ils n'aiment pas (l'auteure n'a manifestement lu que Singer, qui se targue effectivement de ne pas aimer les animaux, pas Francione qui les adore). Au fond, il s'agit de désigner, sur un axe, deux extrêmes pour faire passer sa position comme médiane, raisonnable : d'un côté l'industrie, de l'autre les animalistes/végétariens, au centre, les bons mangeurs de viande qui aiment leurs animaux d'élevage avant de les livrer, la larme à l’œil, aux équarrisseurs...

Que l'élevage soit «moins pire», comme on dit, que la filière industrielle est incontestable, de même que le fait que les gens qui travaillent dans l'élevage d'avant la zootechnie s'y sentent mieux et qu'un système économique sans agriculture industrielle serait plus sain de tous les points de vue, il n'en demeure pas moins qu'il est légitime de poser la question de la consommation de viande ou de produits d'origine animale, de la mise à mort spéciste des animaux et de tous les autres usages (notamment la vivisection) qui en sont faits, en ce compris les usages domestiques. Avoir fait l'économie de ces questions par des procédés rhétoriques laisse le lecteur de madame Porcher sur sa faim. Par ailleurs, depuis Hume, l'évocation des sentiments et de l'empathie comme fondements de la morale mène à des positions intenables, désormais bien connues, et qui n'exonèrent en rien – bien au contraire – le penseur de réfléchir sur des principes abstraits (qu'ils soient utilitaires, déontologistes ou autres) qui dépassent les situations affectives.

Et puis, si vraiment le rapport aux animaux doit être axé sur le travail – ce qui n'est sans doute pas faux - ne devrait-on pas penser ce travail hors de la destruction des bêtes ? Autrement dit, au lieu de penser un modèle de la relation de l'homme et de l'animal à partir d'une dissymétrie de pouvoir où l'un tue finalement l'autre (dont l'existence consiste à être voué à cette mort), ne faudrait-il pas penser cette relation au sein d'une collaboration de travail productive d'autre chose que de la matière première tirées des bêtes : des œuvres ? Des œuvres au travers d'un véritable apprivoisement réciproque ? L'animal ne peut-il pas aider à se débarrasser du système industriel sans devenir pour autant un autre prolétaire ? Certains suivent cette piste, comme le fermier écologiste Wendell Berry. On aurait aimé y trouver aussi madame Porcher, qui se perd hélas assez souvent dans ce qui finit par passer pour une simple légitimation de la consommation de viande... Plutôt que d'amener la relation à l'animal dans le questionnement des éthiques animalistes, Vivre avec les animaux joue la relation affective contre l'animalisme, au prix d'une incohérence logique qui consiste à affirmer que nous ne pouvons aimer et respecter les animaux qu'en les tuant ; n'être des hommes qu'en les consommant.

Malgré cela, l'ouvrage de Jocelyne Porcher est passionnant et essentiel, d'abord parce que, à l'instar des travaux de Paul Shepard, il rappelle l'importance des animaux pour notre équilibre psychique, ensuite, parce qu'il est un témoignage touchant autant que sincère et que sa dénonciation du système industriel y est solidement argumentée, enfin parce qu'il amène des questions fondamentales (et que l'auteure aurait pu développer si elle n'avait été si préoccupée par sa défense des éleveurs) : quels rapports entretenir avec les animaux s'ils sont en soi respectables, voire nos égaux ? Et, par exemple, que faire des animaux qui s'attaquent aux récoltes, nuisent d'une manière ou d'une autre aux humains ou à d'autres animaux ? Peut-on traiter les animaux sans les catégoriser selon les relations que nous entretenons avec eux ? Ne doit-on pas se demander non seulement comment utiliser les animaux mais aussi pour quoi faire et non pour quoi en faire ? Autrement dit : comment penser l'égalité animale sans lui sacrifier les relations d'apprivoisement, de réciprocité des hommes et des bêtes ?


Frédéric Dufoing
( Mis en ligne le 11/02/2014 )
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