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Du rêve de conquête à la volonté de collaboration
Dominique de Villepin    Collectif   Histoire de la diplomatie française - (2 vol.)
Perrin - Tempus 2007 / 
FORMAT : 11x18 cm

- Vol. 1, Du Moyen Age à l'Empire, 633 p., 12 €, ISBN : 978-2-262-02734-6

- Vol. 2, De 1815 à nos jours, 631 p., 12 €, ISBN : 978-2-262-02735-3

Première publication en avril 2005 (Perrin).

L'auteur du compte rendu : Archiviste paléographe, Rémi Mathis est conservateur stagiaire des bibliothèques, en formation à l’ENSSIB. Il prépare une thèse de doctorat sur Simon Arnauld de Pomponne à l’Université de Paris-Sorbonne, sous la direction de L. Bély.

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Pour actives et ambitieuses que soient les entreprises, l’action des pouvoirs publics en matière d’édition a souvent du bon. C’est grâce à la volonté de Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, que ce projet a vu le jour. L’ancien Premier ministre, soucieux de mettre en valeur son ministère d’alors, avait en effet confié la publication de deux importants travaux à deux éditeurs spécialisés dans les ouvrages historiques : un très utile dictionnaire des ministres des Affaires étrangères est paru chez Fayard en 2005 et cette histoire de la diplomatie voit le jour la même année chez Perrin (et aujourd'hui au format poche).

Le plan général de l’ouvrage est chronologique. Après avoir précisé que l’ensemble du vocabulaire utilisé dans ce domaine date du XVIIIe, si ce n’est du XIXe siècle, la première partie s’interroge sur la pertinence de la notion d’affaires étrangères pour la période médiévale et sur la manière dont apparaissent peu à peu des relations entre nations, des conférences de paix, des ambassades. Les Temps modernes sont une période de rivalité accrue entre princes, ce qui entraîne des guerres fréquentes et par conséquent une importance grandissante des rapports entre pays, pour négocier une alliance ou mettre fin à un conflit. La puissance diplomatique française a cependant du mal à s’imposer tout au long du XVIe siècle. Pire, il n’est pas aisé de parvenir à mener une politique extérieure cohérente. Or, le choix d’une politique internationale est un enjeu capital qui n’est pas sans avoir des conséquences à l’intérieur : les deux dimensions sont inextricablement liées comme le montre l’épisode de la journée des Dupes. Mais, si la France domine peu après l’Europe, imposant sa suprématie par les armes sous Louis XIV, c’est plutôt la notion d’équilibre européen qui prévaut au XVIIIe siècle, bientôt remise en cause par la Révolution et Napoléon. La période contemporaine marque un changement d’échelle dans les relations internationales : la France intervient au Mexique, participe bientôt à l’aventure coloniale et continue ses interventions en Europe avec un bonheur divers. Ce n’est que dans la deuxième moitié du XXe siècle qu’elle fait le deuil de sa puissance pour se lancer dans l’aventure européenne.

Il y a près de vingt ans, paraissait dans la collection de l’Histoire de l’administration française un ouvrage collectif sous la direction de Jean Baillou, toujours d’actualité, nommé Les Affaires étrangères et le corps diplomatique français, qui étudiait de manière fouillée l’organisation des services centraux et extérieurs des Affaires étrangères. L’Histoire de la diplomatie nous offre un intéressant contrepoint à ce premier ouvrage. Il ne s’agit plus ici de présenter l’organisation des bureaux mais leur action ; le livre s’attarde longtemps sur les relations elles-mêmes, qu’elles passent par des accords, des traités ou des guerres. Pourtant, ce n’est pas une simple chronique : les auteurs n’hésitent pas à interrompre leur récit pour analyser les pratiques diplomatiques, l’organisation de la société des princes ou les atouts de la diplomatie française dans les années 1890. L’action est ainsi sans cesse explicitée et mise en perspective.

Ce sont les meilleurs spécialistes, chacun dans leur domaine, qui ont été mis à contribution : Philippe Contamine et Françoise Autrand pour la période médiévale, Lucien Bély pour les Temps modernes ou Georges-Henri Soutou et Maurice Vaïsse pour le XXe siècle, notamment. Des universitaires de premier plan, donc, certains spécialisés dans les relations internationales et membres du comité de rédaction de la Revue d’histoire diplomatique, qui se sont répartis les sept parties de l’ouvrage.

On nous permettra néanmoins une réserve : un devoir de neutralité aurait peut-être pu conduire à s’abstenir de traiter l’action politique de l’initiateur et préfacier du volume (même s’il aurait été dommage de ne pas parler de sa «vision généreuse d’un «autre monde» fondé sur une communauté internationale unie et respectant le droit international».

L’ouvrage est d’une lecture agréable. Le livre propose des annexes de première utilité. Un cahier de plus de trente cartes géographiques en couleur permet de localiser précisément les lieux cités dans le texte ; le lecteur retrouvera rapidement un événement grâce à une chronologie fouillée et approfondira sa lecture en ayant recours aux bibliographies données à la fin de chaque partie. Enfin, réjouissons-nous de la présence d’un index précis qui permet les recherches ponctuelles.

L’étude proprement dite est précédée d’une présentation rédigée par Dominique de Villepin dans le style enthousiaste qui est le sien, véritable hymne à la diplomatie et au dialogue international ; texte que l’on sait écrit avec le cœur. Ces annexes, le style à la fois simple et savant des contributeurs, la clarté du plan concourent à ce que l’ouvrage puisse être lu par le plus grand nombre. Le simple curieux y naviguera sans difficulté en y apprenant beaucoup tandis que l’étudiant sera heureux qu’un même thème soit traité sur le temps long, ce qui permet des distinctions ou au contraire des rapprochements opportuns.

A une époque où les décisions se prennent de plus en plus au niveau européen voire mondial, où les relations entre pays sont devenues primordiale, où tous les médias ont les yeux tournés vers le G8 ou les rencontres européennes, où même les Jeux olympiques deviennent un enjeu de politique internationale, un retour sur l’histoire de la diplomatie est le bienvenu. On ne peut qu’espérer que cet ouvrage fasse plus largement connaître ce champ historique finalement peu couru en dehors de la période contemporaine, et amène chaque citoyen à prendre conscience du rôle qu’a joué l’étranger pour l’histoire et la construction de la France.


Rémi Mathis
( Mis en ligne le 08/10/2007 )
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