| Richard Price Le Samaritain 10/18 2009 / 10 € - 65.5 ffr. / 508 pages ISBN : 978-2-264-04981-0 FORMAT : 11x18 cm
Traduction de Jacques Martinache.
Vient également de paraître :
- Richard Price, Ville noire ville blanche , 10/18 (Domaine Policier), Septembre 2009, 620 p., 10 , ISBN : 978-2-264-04980-3 Imprimer
Entre le 9 janvier et le 13 mars, les chapitres, tous datés, filent, allant et venant pour démêler lintrigue : le 9 janvier, Ray Mitchell, ancien toxico et scénariste dune série californienne à succès, revient dans la zone où il a grandi, remettre ses habits usés de prof et apprendre lécriture à des ados désoeuvrés, typiques
Le 13 mars, épilogue du roman, doit garder son mystère : happy-end ou pas ?... En faut-il une ?... Exactement à mi-chemin, la veste du professeur est tombée, souillée de sang : Ray sest fait agresser, la tête mise au carré, et se retrouve alité en hôpital, dans un état critique
Les chapitres entrelacent deux temps : celui davant lagression, apportant par étape des réponses à lenquête qui sinscrit dans les autres chapitres, après lagression. Construction habile, tenant le suspense parfaitement, aidant à tourner les pages, pour comprendre : comprendre comment un gars du coin, sans reproches sinon un détour par la drogue classique -, incarnation même de la générosité (doù le titre du roman), a pu se faire défoncer de la sorte ? Comme si, dans ces ghettos délabrés où la jeunesse pousse si mal, tout acte de gentillesse était la perversion même, par retournement des règles
Comprendre aussi pourquoi Ray et sa fille, la taciturne Ruby, arrivent si mal à se comprendre
Comprendre pourquoi Nerese, le flic, grosse black grande gueule, ancienne camarade de Ray au lycée, a choisi ce métier-là
Comprendre surtout le fonctionnement dun microcosme, de ce quartier dont le type essaime au quatre coin du monde, sans règles, triomphe des «a-», de la-nomie, de la-moral, jungle des a-sociaux, règne des privatifs
Les modèles à suivre ne courent pas les rues
Le roman est dense mais se lit vite, bien et avec plaisir. Richard Price maîtrise, sait où il va, connaît son sujet et lart du dialogue (on voit le film se profiler entre les lignes, évident). Ray, Nerese, Ruby et les autres convainquent. Quant à la leçon, réflexion sur le Bien, tout dépend de la manière dont on regarde le verre. Certains comprendront qu'il ne faut pas donner dans ce monde car les effets collatéraux finissent par apporter la pluie plus que le beau temps. A moins qu'il ne faille continuer à donner, fût-ce au prix d'hématomes...
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 15/09/2009 ) Imprimer | | |