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Poches -> Policier & suspense |
| Frank Tallis La Justice de l'inconscient - Les carnets de Max Libermann 10/18 - Grands détectives 2007 / 8.50 € - 55.68 ffr. / 442 pages ISBN : 2-264-04276-1 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Traduction de Michèle Valencia. Imprimer
Britannique, docteur en psychologie, Frank Tallis, après avoir écrit des ouvrages de psychologie pour grand public et des romans, sexerce avec bonheur à un nouveau genre : le roman policier.
Lexcellente collection «Grands détectives» (10/18) publie La Justice de linconscient, premier volume dune série : Les Carnets de Liebermann. Médecin dans la Vienne de Freud, mais aussi du maire antisémite Karl Lueger, au début du XXe siècle, Max Liebermann désapprouve les méthodes en vogue pour traiter lhystérie (électrochocs). A lhôpital, contre l'avis de son médecin-chef, il expérimente les théories de Freud, et choisit lhypnose et la mise en confiance du patient, les toutes premières expériences dune analyse qui nexiste pas encore. Moderne, amateur passionné de musique et dart, il se rend aux concerts dirigés par Mahler, visite les expositions de la Sécession, se meuble en art contemporain. Il tente, sans grand succès, de faire partager ses goûts à sa jeune fiancée Clara, davantage tentée par le monde et ses futilités.
Son ami Oskar Rheinhardt est policier et chargé dun meurtre mystérieux : une jeune femme, Charlotte Löwenstein, qui se prétend médium et vit de la crédulité de ses clients, est retrouvée morte dans sa chambre fermée de lintérieur. Tout laisse dans un premier temps croire à un suicide, mais Rheinhardt et Liebermann ne se laissent pas abuser et, 442 pages plus tard, les deux hommes auront réussi à élucider lénigme. Entre temps, le lecteur les aura suivis avec plaisir dans les couloirs de lhôpital, dans les pâtisseries et les cafés, dans divers intérieurs bourgeois, et dans des «mauvais lieux», jusqu'à la grande roue de Vienne, attraction principale du Prater. Il aura assisté à une autopsie pratiquée par un vieux médecin original, découvert la variété des pâtisseries viennoises, arbitré entre les tenants des méthodes policières classiques et Rheinahrdt, défenseur dune modernité qui sappuie sur la psychologie des suspects. Il aura rencontré Freud, un Freud «intime», amateur dantiquités égyptiennes et dhistoires juives. Il se sera baigné dans latmosphère de la Vienne de la Belle Epoque, frémissante de contradictions plus ou moins assumées, entre tradition et modernité.
Frank Tallis fait vivre toute une galerie de personnages : laventurière Fraülein Löwenstein, linquiétant comte hongrois ruiné Zaborszky, le serrurier solitaire Huberhost, la grotesque héritière Cosima von Rath, Mendel lindustriel vieillissant père de Carl Liebermann, et Rebecca, sa mère aimante et perspicace, lintelligente Miss Lydgate, et lécervelée Clara. On a un peu limpression de plonger dans une lecture romanesque des études de Freud. Pivots de lensemble : Liebermann et Rheinahrdt, jeunes et intelligents, complémentaires et complices sur le terrain, comme ils le sont dans leurs loisirs : Liebermann au piano accompagnant Rheinhardt qui chante.
Le lecteur perspicace comprend assez vite lintrigue, mais lensemble est amusant, bien construit, et les personnages ont une certaine épaisseur qui fait de ce livre une lecture plaisante.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 26/02/2007 ) Imprimer | | |
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