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OAS : Oraison d’un Amour Secret
Maurice Attia   Alger la Noire
Actes Sud - Babel Noir 2006 /  9.50 € - 62.23 ffr. / 384 pages
ISBN : 2-7427-5914-X
FORMAT : 11,0cm x 17,5cm
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Retour sur un roman noir de l’année 2006, primé cette année (Prix Jean Amila-Meckert 2007), à juste titre. Alger la noire est un polar socio-historique dans lequel l’intrigue policière conduit une poignante plongée dans «les événements»…

Un jeune couple est retrouvé mort sur la plage, enlacé. Mouloud, fils de bonne famille algérienne, juste un peu trop indigène au goût de certains, malgré son métissage, et Estelle, fille de bonne famille «française»… «Un brun sur une blonde. La nuque ornée d’un trou rouge sous l’occipital, un dos à la peau mate utilisée comme un parchemin, marqué à la lame d’une plaie lisible : OAS» (p.19). Paco Martinez mène l’enquête, fixant son attention sur le fait divers, pour moins voir, peut-être, les dégâts d’une guerre qui tait encore son nom. Quoique… elle est si présente : dans les attentats du FLN et les représailles de l’OAS, les voitures/bombes, les boutiques soufflées, les corps mitraillés, une terreur sourde à laquelle on s’accoutume plus ou moins, puisqu’on est là et qu’il faut vivre.

Assisté au départ de Choukroun, son aîné juif placide, métèque à qui, bon an mal an, le décret Crémieux avait donné patte blanche, Paco interroge, parcours Alger dans tous les sens, des plages de Bâb-el-Oued au plateau Saulière, en passant par la Casbah. Lui-même est un avorton de l’histoire, fils d’un soi-disant républicain espagnol sacrifié à la cause, petit-fils d’une exilée ibère qui fera en Algérie son éducation : «Moi, naïvement, je voulais défendre la veuve et l’orphelin, en somme ma grand-mère et moi-même» (p.15). Il est aussi l’amoureux amant d’une couturière estropiée, Irène, blessée irrémédiablement par l’attentat du Casino, quelques années auparavant.

Maurice Attia construit son récit dans une séduisante polyphonie : on écoute tour à tour Paco, Choukroun, Irène, et, aussi, une grand-mère subitement prise de sénilité, comme pour mieux fuir une réalité inconvenante. Du chœur, naît Alger, cité blanche noircie, comme l’indique le titre, par les coups de l’histoire. Car la noirceur ici n’est pas celle du fait divers, mais du climat qui l’entoure : de de Gaulle aux exactions des barbouzes.

Un roman prenant, touchant, efficace et écrit de main de maître, qui séduira tout autant les amateurs de polars que les moins coutumiers des romans noirs.


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 23/07/2007 )
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