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Poches -> Science-fiction |
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Familles, je vous hais 2011 | | | Maïa Mazaurette Rien ne nous survivra - Le pire est avenir Gallimard - Folio SF 2011 / 7.30 € - 47.82 ffr. / 371 pages ISBN : 978-2-07-043819-8 FORMAT : 11cm x 18cm Imprimer
Une guerre civile déchire Paris et les grandes villes de France, une guerre générationnelle entre «jeunes» et «vieux»
comme une version trash et apocalyptique de LÂge de cristal
Car les jeunes (jusquà 25 ans) nont pas d'idéologie précise, ni dautre mot dordre que «tuer les vieux»
pas dhorizon radieux, pas de problématique écologique, pas de justification médicale, pas dépidémie de folie adolescente ou de drogue manipulatrice
rien, juste une sorte de nihilisme brutal qui salimente de la haine «des vieux» dans un Paris en ruines, transformé en un immense terrain de jeux mortel pour les ados, guérilleros sans espoir.
Au cur de cette nuit, deux snipers saffrontent dans une ambiance qui rappelle lexcellent Stalingrad de Jean-Jacques Annaud pour la gloire, le plaisir, le sport
à deux mois de leur extermination totale par les forces européennes, horrifiées. Dun côté, Silence, une légende, que personne ne connaît, un survivant célèbre pour avoir, parmi les premiers, tué ses parents, un tendre
Et face à lui, lImmortel, le gars à la mode, un peu ambitieux peut-être, mais doué, et résolu à se débarrasser de Silence
tandis que dans le décor, les factions de jeunes complotent pour prendre la tête de la révolte et terminer en beauté
A côté de ceux-là, la révolte punk semble un peu terne !
Le roman de Maia Mazaurette se dévore dun trait, sans répit : construit comme un duel, avec, en toile de fond, cette espèce de guerre civile, il sorganise en courts chapitres, passant à un rythme effréné dun protagoniste à lautre, chapitres entrecoupés de textes émanant des «théoriciens», les inspirateurs de cette révolution «jeuniste» et qui sont censés expliquer, justifier la violence jeune. Il y a du rythme, et surtout, une espèce de fougue révolutionnaire que lauteur a très bien rendue, tant dans les monologues de ses deux héros, lImmortel et Silence, que dans ces textes idéologiques, un hymne à la violence gratuite et au massacre des «vieux», à commencer par les parents, les amis
dans un Paris ravagé et livré aux mafias de lEst (qui approvisionnent les jeunes en armes, en échange des trésors du musée dOrsay et du Louvre
).
Bref, une apocalypse sur le mode adolescent, sans repères, sans limites, sans avenir, sans idéologies, et une vraie belle claque pour le lecteur, tant le style est à la fois visuel et électrisé
Une réussite et un auteur à suivre.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 21/10/2011 ) Imprimer | | |
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