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Bande dessinée  ->  Historique  
 

Libérez Blanqui
Loïc Locatelli-Kournwsky   Maximilien Le Roy   Ni Dieu ni maître - Auguste Blanqui l’Enfermé
Casterman - Univers d'auteurs 2014 /  23 € - 150.65 ffr. / 198 pages
ISBN : 978-2-203-051577
FORMAT : 19,7x27,8 cm
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Il y a des personnalités dont on connaît le nom sans jamais trop savoir pourquoi il est demeuré célèbre : Auguste Blanqui fait partie de ceux-là. Ce militant inflexible de la cause républicaine aura passé une grande partie de son existence en prison, incarcéré pour ses idées (et pour les avoir défendues, plume et arme au poing). De la Restauration (et la condamnation des 4 sergents de la Rochelle) à la IIIe république, Blanqui marque, par son radicalisme, l’histoire du XIXe siècle. En 1877, un journaliste républicain – dans une IIIe république encore fragile – Aurélien Marcadet, vient solliciter une entrevue à celui que l’on ne surnomme plus que « l’enfermé », tant son destin et son combat sont liés à la prison. Les deux hommes s’apprivoisent peu à peu, commence le récit…

Et à travers Blanqui, c’est une histoire de la République et de ses partisans que les auteurs élaborent, cette république clandestine, qui se cache dans les marges, communique à travers une presse grise et recrute au sein d’une nuée de sociétés secrètes… une république de combat au moment où le mot même de « républicain » est criminel. Alors Blanqui résiste, sacrifie sa famille, fonde des sociétés secrètes, complote contre les trônes, s’arme et au besoin, monte des barricades. Blanqui, c’est le militant complet, à l’aise avec une plume comme avec un fusil.

Plus qu’un bel album consacré à une figure singulière, ce Blanqui est un album motivant : le scénario élaboré par Loïc Locatelli-Kournswsky est très réussi, en ce qu’il s’efface devant une existence qui, en soi, est un roman. En limitant la théorie et en se concentrant sur les épisodes importants de l’histoire du XIXe siècle, au prisme du combat républicain, le scénario offre une vraie leçon d’histoire. Et la mise en scène de Maximilien Le Roy a parfaitement saisi le contraste, entre cette vision personnelle, intime de l’Histoire, et les événements évoqués. Le trait est épuré, on passe de la couleur – le présent de 1877 – au sépia des souvenirs pour suivre, comme un feuilleton, la geste du révolutionnaire, depuis 1822 jusqu’à la Commune et la République. Une histoire heurtée, violente, marquée par la répression et par l’enthousiasme, comme une belle leçon d’histoire de France vue depuis les marges. Avec cet album très réussi, les amateurs d’histoire vont se régaler autour d’une personnalité qui mérite largement le détour, joliment éclairée par le travail riche, et exigeant, des auteurs. Un album séduisant autant qu’un vrai héros.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 22/03/2014 )
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