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Bande dessinée  ->  Historique  
 

L’étroit petit colon
Christophe Dabitch   Nicolas Dumontheuil   La Colonne (tome 2)
Futuropolis 2014 /  17 € - 111.35 ffr. / 88 pages
ISBN : 978-2-7548-0887-3
FORMAT : 24x30 cm
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Au crépuscule du dix-neuvième siècle, la colonisation de l’Afrique touche à sa fin. Mais le capitaine Boulet et le lieutenant Lemoine croient encore à la possibilité de grandes conquêtes au nom de la patrie. À la tête d’une vaste colonne d’indigènes, ils s’enfoncent dans les profondeurs de l’Afrique pour raffermir les lignes françaises et si possible les étendre un peu. Mais d’étape en étape, l’approvisionnement tourne au massacre et au pillage généralisé.

Dabitch et Dumontheuil ont tous les deux déjà travaillé sur le colonialisme plus ou moins masqué, au temps des premiers explorateurs (Abdallahi) ou du tourisme contemporain (Le Landais volant). Ils savent se méfier des thèses et des angélismes de tout poil. Et multiplier les points de vue ironiques pour garder une distance toute critique.
Pourtant, alors que le premier tome prenait le parti d’un narrateur blanc naïf et vindicatif, que venaient contredire les réalités du récit, le second volume, pour ainsi dire, se raconte tout seul. Ni flash-back, ni récitatif, mais le fil des massacres et de la lente débâcle de la colonne.
Les seuls tenants d’une forme d’humanité n’y peuvent rien : le paternaliste lieutenant Péteux, au nom significatif, démissionne pour ne pas lier son nom à tant de barbarie. Le colonel Klobb, indigné par le son des pendus tombés à terre, finira mal. Quant aux noirs, tirailleurs et auxiliaires, ils ont cessé de juger les actes qu’ils commettent, obéissant simplement aux ordres qui leur sont donnés.
En fait, c’est une histoire de blancs. Ce sont eux qui portent l’intrigue, eux qui témoigneront et qui parlent, déjà, le plus souvent. La Sarraounia, princesse amazone dotée de pouvoirs magiques, joue un moins grand rôle dans la réalité que dans les fantasmes et les rêves de Boulet et Lemoine. Le seul tirailleur à agir, Souley, n’intervient qu’à la toute fin des deux volumes, comme s’il avait hésité pendant près de 170 pages. Mais cela aussi serait trop simple. En réalité, Souley ne fait ce choix que pour conserver un ordre immuable, lorsque celui-ci est mis en péril. Le tirailleur ne remet pas en cause le règne des blancs sur les noirs, pas plus que la discipline de l’armée.

Si la lecture est marquante, c’est aussi que La Colonne se base sur des faits historiques. L’expédition Voulet-Chanoine pour prendre le contrôle du Tchad a véritablement tourné au bain de sang, et les personnages de Klobb ou de la Sarraounia ont leurs notices Wikipédia. Dabitch nous offre donc un récit documenté, significatif de la colonisation et de ses crimes. Mais les auteurs ont la force de ne pas de contenter d’un traitement réaliste conventionnel. Le fantastique y a pleinement sa place.
Folie, rêve, irrationnel : c’est ainsi que le récit bat en brèche le système colonial. En montrant par petites touches l’inconstance des discours, la surdité des hommes et la permanence des idées fausses. Le discours de Dakar traîne entre les planches de La Colonne. Mais la seule conclusion qui vaille, et que Souley nous donne comme la sienne propre, c’est que « les mauvaises choses, elles ne servent à rien ».
De ce grand bain de sang où se jouent l’orgueil des uns, l’honneur des autres et la richesse de la plupart, il ne restera rien. La princesse Sarraounia est toujours là, quelque part sur un arbre, à rire de la prétention des militaires.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 07/10/2014 )
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