L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Bande dessinée  ->  
Comics
Manga
Historique
Réaliste
Fantastique
Science-fiction
Policier - Thriller
Aventure
Humour
Adaptation
Jeunesse
Les grands classiques
Chroniques - Autobiographie
Revues, essais & documents
Entretiens
Illustrations, graphisme et dessins d’humour
Autre

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Bande dessinée  ->  Manga  
 

Sayonara mon amour
Ebine Yamaji   Free soul
Asuka - yuri 2005 /  9,00 € - 58.95 ffr. / 206 pages
ISBN : 2-84965-054-4
FORMAT : 15x21 cm
Imprimer

Ça commence comme dans un conte de fées : une belle jeune fille paumée (Keito) est recueillie par une vieille femme artiste peintre quelque peu gâteuse qui a pour assistant-cuisinier-modèle un éphèbe ténébreux des plus craquants. Mais voilà, si Keito a été mise à la porte par sa mère, c’est parce que cette dernière ne tolère pas son homosexualité. Le mot est d’ailleurs rapidement lâché, thématique centrale et omniprésente de chacune des publications de Yamaji.

Largement autobiographique, ce one shot sème dÂ’emblée la confusion avec un livre dans le livre qui nÂ’en rend lÂ’héroïne principale que plus vivante. CÂ’est à travers un style sensuel (voire charnel) que lÂ’auteur opère un démembrement de lÂ’ambivalence et l’étrangeté des rapports humains, avec toute lÂ’incompréhension quÂ’ils peuvent véhiculer. On ne connaît finalement jamais vraiment lÂ’autre. Ses aspirations les plus profondes, ses espérances les plus secrètes nous restent inconnues, et ce constat ne manque pas de saisir les protagonistes dÂ’un vertige étourdissant. Ces derniers, agités par des sentiments très opposés, se brûlent ainsi les ailes, consumés par des passions dévastatrices parce quÂ’impossibles. Chassé-croisé amoureux complexe de personnages qui ne vivent que dÂ’amour et dÂ’eau fraîche, lÂ’Âœuvre sÂ’attache à dépeindre avec talent toute la violence de cet indicible sentiment. Le tout agrémenté dÂ’un romantisme noir digne des poètes maudits du XIXe (siècle, pas arrondissement) : « ÃŠtre solitaire, cÂ’est être libre Â».

Yamaji sÂ’installe ainsi dans un exercice où elle excelle : celui dÂ’emmener le lecteur avec tact sur des chemins aventureux et parfois dérangeants. Nous voilà donc face à une kyrielle de lesbiennes aussi ravissantes les unes que les autres, qui feraient virer sa cuti à la plus renfrognée des hétéros. Mais ce monde peuplé d’êtres longilignes, délicats et sensibles aux vies exceptionnelles, qui se démarquent de surcroît par une sexualité « hors norme Â», se révèle parfois une sublimation quelque peu naïve de lÂ’homosexualité, représentée avant tout comme une audace, une rébellion contre un conformisme triste, presque comme un choix délibéré. Outre le fait d’être faussée, cette conception des choses peut être pompeuse, voire élitiste. Sans sombrer toutefois dans une revendication trop facile, le manga nous présente tout de même un univers aseptisé où tout le monde serait beau et gentil, et aurait une histoire familiale extrêmement compliquée, ceci expliquant cela. Souffrir de lÂ’absence dÂ’un père serait donc un facteur de risque majeur de sombrer dans la déviance. Difficile dÂ’adhérer à cette vison aussi simpliste que réductriceÂ…

On retiendra en toile de fond le conflit générationnel qui oppose Keito à sa mère, avec le regard chargé d’incompréhension de cette dernière sur sa fille et une condamnation sans appel de son mode de vie. D’aucuns y verront la représentation d’une société qui ne parvient pas à accepter ce(ux) qui ne rentre(nt) pas dans le moule de la bienséance mais qui la constitue(nt) malgré tout. Cette « anormalité », stigmatisée ici par l’homosexualité, renvoie à une idée beaucoup plus générale de l’intolérance qui gangrène chacun d’entre nous : racisme, sexisme, etc. L’air de ne pas y toucher, Yamaji s’attaque tout en délicatesse à l’esprit petit-bourgeois des plus médiocres qui nous guette constamment, et use de l’art subtil de la suggestion pour nous renvoyer à nos travers les plus primitifs, revendiquant à mots couverts ce fameux droit à l’indifférence.

Enfin, c’est une fois de plus avec beaucoup de sensibilité qu’elle parvient à dépeindre comme nul autre le manque cruel que suscite l’éloignement de l’être cher (quel que soit son sexe), le vide douloureux qui vous vrille les entrailles, la plaie béante qui semble ne jamais devoir se refermer lorsque ce dernier est hors de portée de nos sens. En un mot : l’insoutenable cruauté de l’absence.


Océane Brunet
( Mis en ligne le 21/05/2005 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Love my life
       de Ebine Yamaji
  • Sweet lovin' baby
       de Ebine Yamaji
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd