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Bande dessinée -> Manga |
| Jirô Taniguchi L’Homme de la toundra Casterman - Sakka 2006 / 10.95 € - 71.72 ffr. / 244 pages ISBN : 2-203-37384-9 FORMAT : 15 x 21 cm Imprimer
Le recueil de nouvelles est un genre quaffectionne particulièrement Jirô Taniguchi et, entre deux récits fleuves sétalant sur plusieurs volumes, le mangaka se plaît à dessiner quelques courtes histoires autour dune thématique précise. Après le plaisir de la promenade (Lhomme qui marche) ou celui de la bonne chaire (Le Gourmet solitaire), et après la vie quotidienne avec des animaux domestiques (Terre de rêves), Taniguchi prend ici ses quartiers très lointains, et retrouve les grands espaces, la confrontation de lhomme avec la nature sauvage et sa faune indomptable.
Six histoires composent ce nouvel ouvrage, et lon retrouve dans chacun de ces récits un Taniguchi au meilleur de sa forme, capable de passer dun genre à lautre sans grand mal et dont le grand talent de narrateur captive immédiatement le lecteur. Le dessinateur japonais marche ici sur les traces de Jack London ou Hermann Melville. Dans le premier récit qui donne son titre au recueil, Taniguchi met en scène lauteur de Croc Blanc en pleine ruée vers lor dans le Klondike. Lécrivain américain est sauvé du blizzard par un mystérieux homme descendu de la montagne. Lhomme de la toundra dénonce cette course à la fortune qui met à mal son pays, chasse les bêtes et rend la vie toujours plus dure pour lui et sa tribu.
Les autres récits abordent aussi les mêmes thèmes écologiques et humanistes. Lhomme est tour à tour le prédateur et la proie, le destructeur et le protecteur. Plusieurs de ces histoires sapparentent ainsi à des contes traditionnels que lon lirait au coin du feu, des fables à la morale simple mais jamais mièvre car toujours menées avec puissance par Taniguchi. Les scènes daction sont ici particulièrement spectaculaires et montrent à qui en doutait que Taniguchi nest pas seulement un dessinateur du temps qui dure et des silences qui en disent long. Il fait ici preuve dun grand sens du découpage et du dynamisme, rendant compte avec force des rapports souvent déséquilibrés et des combats désespérés de lhomme face à la nature. À ce titre, la deuxième histoire, « Le grand ouest blanc » est sans doute la plus réussie de louvrage, Taniguchi excellant là à maintenir une tension constante et un climat oppressant malgré limmensité de lespace servant de décor à cette course effrénée contre la mort.
On appréciera enfin une histoire qui semble relativement hors sujet par rapport au reste de louvrage, « Les appartements Shôkarô ». Il sagit dune sorte de parenthèse autobiographique et nostalgique où Taniguchi raconte les débuts dun jeune dessinateur de mangas habitant dans une résidence remplie de personnages excentriques.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 24/03/2006 ) Imprimer
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