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Bande dessinée -> Réaliste |
| Loustal Jean-Luc Coatalem Rien de neuf à Fort-Bongo Casterman 2004 / 9.45 € - 61.9 ffr. / 56 pages ISBN : 2203366036 FORMAT : 22,6 x 30,3 cm Imprimer
Quelle pesanteur, quelle asphyxie obstruent la vie de Raoul Cordier
Pas heureux dans la métropole, il avait peut-être imaginé que les couleurs de lAfrique pourraient peupler son immense solitude. Mais à Fort-Bongo, la moiteur de lair souligne son existence au ralenti et le vent chaud ne balaie que ses dernières illusions. A la Traficona International, il serait exagéré de dire quil est «employé» : Raoul Cordier vient sasseoir à son bureau chaque jour, lit le journal, et sen repart aussi dépeuplé de tout quil était arrivé. Seuls quelques verres dalcool fort parviennent à peine à tromper son anorexie vitale. Puis un jour, lespoir renaît : Raoul se prend damour pour Blanche Drussel, la fille de linspecteur principal en visite. Elle lentraîne dans une partie de barque nocturne qui manque de tourner au drame. Ces émotions soudaines réveillent notre homme. Il suffira dune lettre polie de Blanche pour quil se mette à y croire. A-t-il autre chose à quoi saccrocher ? Mais la donzelle nest pas aussi naïve quil y paraît, et son prénom ne lui va pas si bien. Et si lamour est aveugle, le besoin damour lest peut-être encore plus. Il ny aura point de rédemption amoureuse pour le pauvre Raoul Cordier.
Il règne dans Rien de neuf à Fort-Bongo une terrible atmosphère de vide et de silence. Le dessin de Loustal excelle à traduire la chaleur de lAfrique, le désespoir de Raoul Cordier, la lenteur et les emballements dune vie entre parenthèses. La grande taille de nombreuses cases évoque ce rythme apathique qui ne quitte pas lalbum. Il suffit de voir, sur un tiers de page, Raoul Cordier poser un disque sur un pick-up, pour comprendre lampleur de son isolement. Inspiré de deux nouvelles de Jean-Luc Coatalem, dont Loustal dit savourer la plume, Rien de neuf à Fort-Bongo est un récit de lattente, pessimiste mais pas dénué dhumour. Raoul Cordier attend le déclic qui le fera vivre. «Vous viviez déjà, mais vous laviez oublié, fils», lui dit son ami Fletcher. Désolé, il est trop tard
Anne Bleuzen ( Mis en ligne le 25/01/2004 ) Imprimer
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