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Bande dessinée  ->  Réaliste  
 

À tous les étages
Brigitte Luciani    Colonel Moutarde   L'Espace d'un soir
Delcourt 2007 /  13.95 € - 91.37 ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-0473-0
FORMAT : 24x32 cm
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L’action, quasi théâtrale, prend place dans un petit immeuble de quatre étages, le temps d’une soirée. Au troisième, on pend la crémaillère, alors que les enfants dorment et rêvent au-dessous. Et au dernier étage, c’est un étrange complot qui se joue, un odieux chantage visant directement les locataires du rez-de-chaussée ! Au cours de la soirée, les personnages descendent ou montent un étage, quittent le salon pour les dépendances, se croisent dans les escaliers ou se donnent rendez-vous dans d’autres lieux. On parle d’amour et d’architecture, d’argent et d’ambition, de petite souris et de chat en peluche. Et pour chacun, la nuit va être riche en événements et émotions.
Le principal intérêt de L’Espace d’un soir réside dans sa construction même. Chaque planche est découpée en quatre strips, chacun correspondant à un étage de la petite résidence. Dans le sens classique de lecture, on découvre ainsi ce qui se passe au même moment à chaque étage, du dernier au rez-de-chaussée, la page s’apparentant à une coupe de l’immeuble à un instant donné. Rigoureusement construit et utilisant les ressources propres à la bande dessinée et au traditionnel gaufrier, l’album offre dès lors différents sens de lecture, s’amuse des règles classiques de temporalité et d’espace et propose un rythme de lecture très particulier, ludique et original. Le scénario redouble d’ingéniosité puisque les étages n’étant évidemment pas cloisonnés, les différents protagonistes passent d’un niveau à l’autre (et donc change de strip) sans difficulté. Au final, tout l’album joue de cette drôle et astucieuse interaction, faisant du lecteur le témoin privilégié de ce petit monde qui s’agite dans sa case respective.

On pense aux films de Resnais dans cette manière d’observer de loin les êtres, de même que dans cette volonté d’appréhender les rapports humains à la fois comme un jeu aux règles précises et pourtant toujours bafouées, les rôles s’intervertissant au fil des événements. Reste qu’au-delà de ce parti pris de narration, lorgnant vers les expériences de l’Oubapo, et malgré une dynamique constante, l’album a du mal à prendre de l’ampleur. Une fois la brillante technique mise à plat, l’intérêt retombe quelque peu, et le scénario, tirant sur plusieurs cordes sensibles, ne tient pas toutes ses promesses, bousculé dans ses dernières pages, et abrégeant cruellement le(s) récit(s).
De même, si le graphisme du Colonel Moutarde, toujours chic et coloré avec goût, s’accommode parfaitement de ce petit univers moderne peuplé de gentils et énervants bobos, le savant mélange de rondeurs et d’angles pointus, si efficace dans la publicité ou l’illustration, peine ici à rendre attachantes ces silhouettes, toutes restant relativement fades et dépourvues de véritable caractère.

Au final, c’est effectivement cette place unique de voyeur qu’occupe le lecteur qui porte préjudice à l’album: on reste ainsi en retrait, un simple observateur que la valse des événements (balayant largement le spectre des genres : suspense, vaudeville, histoire d’amour, et rêveries enfantines) ne parvient jamais à faire vibrer complètement. Un bel exercice de style, stylé, prodiguant quelques dialogues pertinents mais passant malheureusement à côté de l’émotion la plus simple, et du vraisemblable le plus anodin. Reste un moment de lecture non dénué de charme, joli à voir et très réjouissant dans son principe narratif.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 09/01/2007 )
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