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Bande dessinée -> Fantastique |
| Grégory Maklès Joseph Lacroix L'Encyclopédie du Mal (tome 1) - La maison du sang Soleil 2005 / 12.50 € - 81.88 ffr. / 48 pages ISBN : 2845659105 FORMAT : 23 x 32 cm Imprimer
Qui a dit que les démons avaient disparu ? Dans le duché de Géhennes, ils sont encore assez répandus, installés au cur des grandes villes, sur les chemins, menaçants
mais ils ne sont pas invincibles : il suffit dun coup de crayon (et dune bonne épée) pour les terrasser. Explication : ces créatures immatérielles et néanmoins assoiffées de sang deviennent mortelles si elles sont dessinées, et identifiées (souvenez-vous de la légende du golem, et de la puissance du verbe créateur : ici, cest le dessin !). Ainsi se sont formées de véritables corpus de dessins constituant une Encyclopédie du mal.
Mais voilà, encore faut-il trouver les bons dessinateurs, et des chevaliers, les judicateurs, pour les exterminer. Le père de Johannes Deeland fut à lorigine de cette découverte, et cest grâce à lui que le roi des démons fut, naguère, vaincu. Mais ces derniers veulent se venger, et après avoir abattu le père, ils convoitent le fils. Heureusement, un judicateur, Vlad Wilcz, va se mettre en travers de leur route, et faire équipe avec le jeune garçon, aussi doué que son père, pour juguler cette nouvelle invasion.
Voilà un premier album assez réussi : le graphisme de Lacroix est, dans lensemble, très efficace et inspiré. Les amateurs de jeux de rôles, et en particulier de Warhammer, trouveront là une bonne mise en image de leur univers fétiche. Mention spéciale pour les scènes urbaines (la ville de Reuben contrôlée par les démons est particulièrement réussie, et impressionnante : décors gothiques froids type Europe centrale - et sombres, hantés par des créatures mi-absurdes, mi-cauchemardesques, comme sorties dun tableau de Jérôme Bosch ; les démons, sortes desquisses sanguines dautant plus inquiétantes quelles sont imprécises, sont plutôt inattendus (on pourrait filer la métaphore artistique et penser au style « non finito » du dernier Michel-Ange, celui du tombeau des Médicis à Florence).
Les combats sont également très pensés, tendance jeux vidéo (Soulcalibur et ses épées gigantesques), avec un jeu de cases et de perspectives original. Par contre, il est des planches nettement plus ratées, comme les pages 30 et 31, qui ne sont quune longue conversation explicative, inadaptée au format BD (on se croirait dans un téléfilm). Cest là sans doute la marque dun jeune talent qui ne demande quà mûrir. Il en va de même pour lintrigue de Maklès, qui expose un peu platement la situation au gré des conversations : à quand une vraie scène dexposition ? Tout cela nest toutefois que détails et lensemble savère très prometteur : un bon cycle fantastique, à suivre. On attend donc la suite avec impatience.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 05/01/2005 ) Imprimer | | |
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