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Bande dessinée -> Fantastique |
| Krzysztof Gawronkiewicz Gregor Janusz Essence - Les extravagantes enquêtes d'Otto et Watson Glénat 2005 / 8.99 € - 58.88 ffr. / 32 pages ISBN : 2723446182 FORMAT : , 21,5 x 29,3 cm Imprimer
Il souffle de Pologne un vent que les esprits étroits navaient sans doute pas envisagé : si linvasion des plombiers polonais sest avérée un fantasme moisi aux relents de maurrassisme, celle des albums de BD vient de commencer avec cet objet à la fois bizarre et attachant que constitue lalbum de Krystof Gawronkiewicz et Gregor Janusz. Louvrage est issu dun concours européen de bande dessinée qui sest déroulé en 2003, concours qui vit 600 dossiers saffronter. Le résultat de ce choc « titanesque », cest cette histoire un peu étrange, dans un monde où labsurde nest jamais très loin, toujours en lisière de la réalité.
Otto Bohater est un détective un peu minable, un peu fripé, le cheveux gras, mal rasé, lil terne et la bourse plate, avec comme seul compagnon un rat prénommé Watson, peut- être aussi malin que lui, perché sur lépaule. Un anti-héros donc, dans une Pologne un peu déglinguée où larchitecture socialiste contraste avec les ruines délabrées et les cages descalier miteuses. Un univers où un brillant pharmacien nobelisé a trouvé le moyen de traduire la littérature en boisson, aux effets équivalents. On ne lit plus, on trinque : effet assuré ! Le décor est planté, déstabilisant, genre Alice derrière le miroir (« si le monde na aucun sens, autant lui en donner un ! »). Et cest là quune série de crimes bizarres ont lieu : des hommes sont retrouvés morts, sans traces de blessure ou dempoisonnement, avec juste un éclat bleu dans le regard. Notre détective privé sen moquerait presque, si ce nest quun de ses clients, dont le jumeau est décédé de la sorte, lui demande de retrouver lassassin. Lenquête commence, improbable, pour Otto et Watson.
A la lecture, on comprend bien le verdict du jury du concours : cet album possède un charme un peu bizarre, aux références multiples (Tardi ou Pétillon pour le graphisme, Marcel Aymé ou Borges pour le texte
). On ne sait trop ce qui est attachant dans le héros, mais lensemble se laisse lire et sachève avec regret. Graphiquement, et surtout en terme de couleurs, il y a des audaces, des partis pris qui placent lensemble à mi-chemin du classique et de lexpérimental : une déclinaison de bleus, violents et crus, des jeux sur lombre, la nuit, des hommages inattendus (un tueur tout droit sorti dun tableau de Magritte costume noir et chapeau melon). On ne peut quespérer une suite
mais faudra-t-il un nouveau concours ? LEurope de la BD est en marche (du moins faut-il lespérer).
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 29/09/2005 ) Imprimer | | |
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