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Bande dessinée -> Science-fiction |
| Olivier Jouvray David Ratte Majipoor (vol. 1) - Le Château de Lord Valentin Soleil - Cherche Futurs 2009 / 12.90 € - 84.5 ffr. / 48 pages ISBN : 978230200-537-2 FORMAT : 24x32 cm
D'après le roman de Robert Silverberg Imprimer
Adapter en bande dessinée les classiques de la science fiction: bonne idée (la SF et la fantasy sont des réservoirs à scénarios et univers improbables), certes toujours un peu risquée (le regard des puristes est exigeant) mais ambitieuse et bienvenue. Quand on voit la qualité de la collection Ex-Libris (Delcourt) qui a fait, avec talent, le même pari pour la littérature classique, on ne peut quêtre attentif à naissance de la collection Cherche-futurs (Soleil). Et ce premier album est assez réussi : il y avait de fait une gageure à sattaquer à Majipoor, la planète géante, même si Robert Silverberg, écrivain classique de lâge dor de la SF, est, plus que dautres aisément transposable, tant son uvre se distingue par le sens du récit et la description quasi ethnographique dunivers étrangers. Bref, la « bédéisation » simposait, luvre sy prêtait parfaitement, restait à concrétiser.
Atterrissage sur Majipoor donc : les fans connaissent cette planète géante aux races extra-terrestres multiples et variées, son système politique étonnant avec un souverain absolu, le coronal, et comme un contrepoint son alter ego onirique, le roi des rêves. Un beau matin, un jeune homme sans passé se réveille : il na quun nom, Valentin, ainsi quune singulière aptitude aux jongleries. Engagé dans la troupe hétéroclite de Zalzan, le voilà devenu jongleur à part entière, aux côtés de Carabella et Sleet, deux humains, ainsi que dautres créatures toutes différentes, aux aptitudes psychiques ou physiques originales. Et traversant Majipoor et en découvrant ses particularités, Valentin part en quête de son passé, hanté par des rêves qui lui révèlent peu à peu son identité réelle, ainsi que sa déchéance. Car Valentin est vrai souverain de la planète, le coronal, et manifestement, il nest pas à sa place
Mais plus encore, il a quelques ennemis qui rêvent de conclure par sa mort un coup dEtat déjà bien entâmé. Mais comment reconquérir le pouvoir avec, pour tous alliés, quelques saltimbanques ? Et surtout, est-il vraiment nécessaire de reconquérir le pouvoir ?
Voilà une belle adaptation, réussie
ce qui nétait pas forcément évident, tant limagination de Silverberg (qui créé les univers à la pelle) est fertile. Si ses romans sont toujours imagés, cest ce luxe de détail qui peut devenir un écueil. Ici, Olivier Jouvray a su adapter le texte sans sempêtrer dans la description des diverses sociétés non humaines. Le décor, moitié SF, moitié fantasy, est planté, solidement, sans être trop lourd ou envahissant : un bon compromis qui permet aux aventures de Valentin de conserver la fluidité du récit originel. Quant au graphisme de David Ratte, il savère certes, très classique (trop ?) dans la mise en scène, mais il respecte fidèlement les descriptions du roman, et les amateurs de Majipoor pourront même, au détour dune case, croiser le maître Silverberg rajeuni en personne. Un clin dil bienvenu dans un graphisme qui, sil manque un peu daudace, savère de qualité, sensible aux images et aux rêves de lauteur américain. Le roman est respecté, et si la BD ne dispense pas de sy attaquer, elle en offre en tous les cas une adaptation très satisfaisante.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 01/06/2009 ) Imprimer
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