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Bande dessinée -> Science-fiction |
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La télé plus forte que la réalité | | | Jean-David Morvan Francis Porcel Reality show (tome 3) - Final cut Dargaud 2005 / 13 € - 85.15 ffr. / 48 pages ISBN : 2871297320 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Il fallait bien que cela arrive : après avoir montré des chanteurs de pacotille, des faux millionnaires, des couples instables ou naissants, la télévision sest attaquée au crime qui devient enfin rémunérateur. Lidée prémonitoire ? est de suivre une équipe de super-flics en pleine traque, luttant contre le crime
mais voilà, lorsque un meurtrier psychopathe et surpuissant sème la mort et demeure insaisissable, que lenquête piétine, on se demande ce qui est le plus grave : la chute de laudience ou la multiplication des crimes ? Norman Barron (allusion lumineuse à la société du spectacle décrite par Norman Spinrad) et sa coéquipière Oshii Feal sont donc à la fois enquêteurs et vedettes, employés de Médiacop et de la justice. Face à eux, un criminel bizarre, pervers, dont les rituels étranges demeurent incompréhensibles. Est-il seulement humain ? Si le face-à-face entre le monstre le Triangle rouge et Oshii a déjà eu lieu, si les amateurs savent quOshii sest vue implanter une sorte de larve qui la connecte au tueur, on attend désormais de savoir ce quil en fera. Et le lecteur, comme le téléspectateur futur, aura-t-il la patience de suivre une enquête longue et minutieuse, ou bien ne se nourrit-il que daction ? The show must go on
« Final Cut » est le troisième et dernier tome de lexcellente série Reality Show. Le lecteur, qui a cheminé avec le tueur comme avec ses victimes, avec les policiers comme avec les producteurs, accède enfin au fin mot de lhistoire, et ce fin mot est spécialement réussi, donnant à lensemble un sens neuf, à mi chemin de Matrix et des robots dAsimov. Les amateurs de SF cyberpunk qui ne connaissent pas encore la série vont se ruer sur ce récit complet, bien mené, à la fin inattendue. Une fois de plus, Jean-David Morvan a su, en trois albums, monter une intrigue haletante : le scénariste surdoué de Sillage et de Merlin (mais moins inspiré récemment sur Spirou : au boulot !) prend un plaisir quasi sadique à faire saliver son public, en légarant, ou en lamenant lentement à linconcevable. Le biais utilisé dans Reality show est efficace : le lecteur partage lintimité du tueur comme celles des enquêteurs et tente de comprendre, à partir de différents angles, les motivations de lassassin
mais est-ce seulement possible ? Quant à Francis Porcel, il a désormais fait la démonstration, en trois albums, quil est un talent jeune mais sûr de la BD (et notamment de la SF). Dans un style très cinématographique (en particulier lart des cadrages, mais aussi les références cinéphiliques), il a donné à cette série un ton original, où se lisent les influences manga et comics à la sauce française. Au final, une excellente variation sur des thèmes classiques de la SF : la société du spectacle, lintelligence artificielle et ses dangers.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 14/05/2005 ) Imprimer
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