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Bande dessinée -> Science-fiction |
| Hugues Fléchard Stéphane Douay Matière fantôme (tome 1) Dupuis - Empreinte(s) 2006 / 13 € - 85.15 ffr. / 48 pages ISBN : 2800137975 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Dans le palmarès des situations angoissantes, se réveiller nu, seul dans le noir, dans un vaisseau spatial à la dérive peut légitimement prétendre à une place dans le tiercé de tête
et cest ce qui arrive à un homme qui, perdu dans son vaisseau, doit tenter de reconstituer son passé pour comprendre comment il en est arrivé là. Matière fantôme, premier tome dune trilogie qui relève autant du conte philosophique que de la science-fiction, commence assez fort : aussi égaré que le héros, le lecteur va devoir chercher les indices pour expliquer la catastrophe survenue sur le vaisseau (la disparition de tout léquipage et des passagers, ainsi que des robots). Un indice, inattendu : les robots, avant de tomber en panne, ont peint une immense fresque explicative
mais quil faudrait pouvoir déchiffrer : il faut bien une vie pour cela, avec, au final, un constat terrible concernant la nature même du vaisseau
Le scénario de Hugues Fléchard est original, intrigant, comme un cauchemar récurrent, celui dun immense huis clos dans une immense machine dont on craint de comprendre ce quelle représente exactement. Certes, il y a peu daction et encore moins de dialogues, juste une errance et une enquête à une voix
mais tel quel, louvrage est déconcertant dans un premier temps, puis troublant et lon se prend à lire rapidement pour savoir (nous aussi) ce quil en est exactement de ce vaisseau déglingué et de son Robinson Crusoé moderne privé de Vendredi. Les fans du jeu Myst apprécieront sans doute cette sensation bizarre dun monde à la fois familier, aussi sombre et angoissant que le Nostromo dAlien, et aux mécanismes en même temps incompréhensibles, voire inimaginables. Et dans cette aventure, le graphisme de Stéphane Douay, déjà remarqué pour un Don Quichotte, fait merveille. Ce dernier na pas lésiné sur les plans larges, où lhomme minuscule et maigrelet contraste avec limmensité technologique du vaisseau, servi il est vrai par le magnifique travail de coloriste dIrène Häfliger, qui a su donner au décor une densité particulière, et livré avec la fresque des robots une vraie uvre dart.
Récit initiatique ? Conte philosophique ? Huis clos métaphysique ? Il y a un peu de tout cela dans un récit qui tranche avec la production SF ordinaire, et lon a hâte de savoir si le tryptique pensé par les auteurs tiendra les promesses dun premier album très réussi.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 16/04/2006 ) Imprimer | | |
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