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Bande dessinée -> Science-fiction |
| Bruno Bellamy Showergate (tome 1) - La Reine sombre Delcourt - Neopolis 2007 / 12.90 € - 84.5 ffr. / 46 pages ISBN : 978-2756003658 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
Bruno Bellamy a longtemps fait les délices des lecteurs du regretté Casus belli
Ses « bellaminettes » auront fait rêver plus dun rôliste. Alors quand il publie un album, il est bon de sarrêter et de sinviter dans un univers original, mélange donirisme enfantin et de sensualité, avec en toile de fond, de la SF et du fantastique improbable et maîtrisé.
Ludivine est une jeune fille avenante, ô combien : elle travaille dans un restaurant orbital où elle sert des nouilles chinoises en attendant le prince charmant
Autant dire que la grande aventure semble un horizon lointain ! Et cest pourtant à loccasion dune panne de son rideau de douche magnétique transformé en une sorte de passage inter-dimensionnel que Ludivine se trouve entraîné dans un autre univers, Nibiru. Cet univers, bien primitif pour la jeune fille, est peuplé de créatures étranges, à mi-chemin entre les peluches et le cauchemar enfantin. Mais surtout, il est dominé par une jeune fille maléfique, la reine Ershkee Gale, qui semble détenir des pouvoirs de mutation et de contrôle inquiétants. Larrivée de Ludivine nest dailleurs pas passée inaperçue et celle-ci se trouve bientôt prise en chasse par les créatures de la reine sombre. Mais en chemin, elle est sauvée par un jeune homme, Bartholomaï, qui séprend de cette jeune fille si mystérieuse
et apparemment si puissante. Car Ludivine se découvre des pouvoirs comparables à la reine sombre. Un duel sengage ?
Sil fallait trouver une inspiration générale, ce serait bien sûr Alice au pays des merveilles : la référence à Lewis Carroll saute aux yeux, mais une Alice en version Barbarella. Car la belle Ludivine traverse les univers dans le plus simple appareil « dune beauté quon vient darracher au sommeil ». Les fans de Bellamy illustrateur vont retrouver ses héroïnes aux formes généreuses et à la nudité étudiée, cette fois au service dun conte mi-adulte, mi-enfant. Rien dérotique en effet dans cet album juste un peu sensuel, mais un récit qui se laisse autant lire que caresser du regard avec, en toile de fond, une intrigue philosophique (dans son univers, la reine sombre interdit lart et la peinture, mais il y a des contestataires), parsemée de quelques clins doeils (en vrac : le lapin blanc, les lemmings du jeu vidéo, le héros Medouranchi qui fait penser au nom dun rédacteur de Casus
). Le graphisme, très travaillé, mêle justement un univers enfantin avec des préoccupations dadulte. Les personnages ressemblent à des adolescents, évoluant dans un monde aux couleurs chatoyantes, où même le mal la reine et ses créatures a des allures de gentil monstre pour enfant
tout en restant le mal ! Du reste, le passage dun univers SF à un monde de fantasy et de magie plaira aux amateurs de fantastique débridé et vaguement onirique, et aux nostalgiques de Casus belli notamment. Une jolie variation sur un thème classique de la littérature enfantine, à suivre, voluptueusement
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 19/03/2007 ) Imprimer | | |
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