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Bande dessinée -> Chroniques - Autobiographie |
| Eric Drooker Flood! Tanibis 2009 / 18 € - 117.9 ffr. / 160 pages ISBN : 978-2-84841-013-5 FORMAT : 16,5x24 cm Imprimer
Eric Drooker aime et déteste à la fois sa ville. Il laime car il y situe laction de son récit, fouillant recoins du métro et cieux autour des buildings. Il la déteste car il ny parle que de dépression, de solitude, daliénation, dexclusion et denvie de fuite. Les vers sont dans la Grosse Pomme et il sagit de sen sortir vivant malgré tout, ou du moins de ne pas trop souffrir.
Les éditions Tanibis ont aujourdhui la bonne idée de publier dans nos contrées ce livre qui avait suscité à sa sortie un bel enthousiasme de lautre côté de lAtlantique. Drooker a travaillé 7 ans avant de sortir ce livre inclassable, partant de la chronique sociale noire et dure pour terminer dans un demi-songe biblique étonnant. Si les trois récits peuvent être lus indépendamment, on peut y trouver une continuité narrative forte et originale, lensemble devenant étrangement homogène et formant une fresque rêvée/cauchemardée autour de la vie dun new-yorkais dépassé par ce qui lentoure.
La première partie, « Home », raconte la déchéance lente et progressive dun ouvrier qui vient de perdre son boulot. Le noir et blanc est cru et implacable, la touche grossière, pâteuse, et le découpage fait des siennes faisant sopposer larges vignettes expressives et petites séquences où le corps devient miette, une minuscule silhouette qui sagite vainement. Par son côté brutal et novateur, on peut trouver ce premier récit comme le plus réussi, mais la suite vaut le détour. Dans « L », un homme le même ou un autre, peu importe sengouffre dans le métro. La plongée va plus loin quun simple trajet et le voyage sachève dans une bacchanale tribale où les morlocks du coin ont su retrouver lappel de la nature. Ici, Drooker lâche son inspiration et part dans un délire plus convenu, mais toujours parfaitement maîtrisé techniquement.
Enfin, « Flood » fait office de dénouement spectaculaire et dramatique. Alors que la ville est plongée sous des averses continues, un dessinateur de bandes dessinées sévade en cases et en rêve dans un autre lieu. Parcourant un Coney Island déprimant, il y découvre une brève histoire de lAmérique à se pendre pour finir par séchapper totalement de cet enfer.
Linspiration de Drooker rebondit dune page à lautre. Les thèmes se multiplient, les références saccumulent, pour former un récit virtuose et dynamique entièrement muet où la réalité se confronte aux symboles, où . Et si leffet de surprise est aujourdhui moins fort quen 1992, lorsque le livre fut publié pour la première fois, Flood! simpose toujours par sa puissance graphique, sa maîtrise narrative, et sa singulière originalité.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 16/11/2009 ) Imprimer | | |
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