L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Bande dessinée  ->  
Comics
Manga
Historique
Réaliste
Fantastique
Science-fiction
Policier - Thriller
Aventure
Humour
Adaptation
Jeunesse
Les grands classiques
Chroniques - Autobiographie
Revues, essais & documents
Entretiens
Illustrations, graphisme et dessins d’humour
Autre

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Bande dessinée  ->  Chroniques - Autobiographie  
 

Drôle d’endroit pour un BD
Etienne Davodeau   Les Ignorants - Récit d'une initiation croisée
 24.50 € - 160.48 ffr. / 272 pages
ISBN : 9-7827-54803-823
FORMAT : 20x27 cm
Imprimer

Étonnant, le titre du nouvel ouvrage d’Étienne Davodeau (Rural !, Lulu femme nue, Les Mauvaises Gens…) : qui sont ces « Ignorants » qui s’affairent sur la couverture, à dessiner ou à tailler des vignes ? Est-ce une histoire, y a t’il un scénario, un mystère, un héros ?
À la manière d’un Joe Sacco – dont les Reportages divers montrent combien la bande dessinée sait, elle aussi, épouser le réel – ou du récent et très réussi La Communauté, de Tanquerelle et Benoît, Étienne Davodeau a choisi, paradoxalement, de se mettre en scène et de s’effacer, à la fois auteur, acteur et « Candide » de son nouvel album. L’idée est simple, celle d’un auteur de BD qui s’en va apprendre d’un viticulteur, Richard Leroy, installé à Montbenault (Anjou) le travail de la vigne et l’initie, en retour, à l’univers de la bande dessinée (ses auteurs, ses techniques, ses festivals) – création et fabrication comprises. Le récit d’une double initiation et de deux univers du travail avec, chacun, sa culture, son savoir faire… et le dialogue qui, forcément, s’instaure. Sur ce thème, on aurait pu lire un journal un peu poussif, mais bien au contraire, cet album se dévore, tant l’impression de réel y est forte : pour un peu, on frissonnerait avec l’auteur en se retrouvant, à 5h du matin, sous un ciel encore étoilé, en pleine pulvérisation biodynamique dans la vigne. Mais là n’est pas le seul plaisir de cette lecture : de rencontres (de viticulteurs, de tonneliers, mais aussi d’auteurs comme Emmanuel Guibert ou Jean-Pierre Gibrat) en découvertes (d’albums et de vins : on parcourt avec curiosité la liste, finale de ce qui fut bu et lu pour composer cet album), l’année se passe. Certes, comme le remarque Nicoby, un auteur de BD, on pourrait ressortir de l’ouvrage avec l’impression un peu surannée d’un « monde des bisounours »… l’enjeu n’est pas dans le portrait vériste de deux professions et de leurs difficultés respectives, mais plutôt celui de deux artisanats et du dialogue qui peut naître entre eux. L’album fourmille de réflexions, de citations, d’interventions même (dessinée par Lewis Trondheim). Et dans chaque phrase, le lecteur peut se retrouver…

De même qu’il existe des écrivains ruralistes, sachant mettre en scène la poésie tranquille de la campagne ou son âpreté, on pourrait sans doute classer le travail de Davodeau dans la catégorie des bandes dessinées ruralistes, d’un « retour à la terre » qui interroge le lecteur, au temps de la surconsommation. Car au rythme de la vigne de Richard Leroy, on sent bien que la vie s’écoule différemment à Montbenault, qu’elle a une consistance qui la distingue du monde citadin et de sa culture de l’immédiateté. Ce qui intrigue l’auteur, c’est ce lien, presque charnel, entre le vigneron et sa terre : une interrogation qui sous-tend l’album et que, peu à peu, chaque lecteur s’approprie. Avec Davodeau, on aimerait, nous aussi, s’arrêter un temps pour partager cet autre temps qu’est le temps du vin et de la vigne. Si cet album est si réussi, c’est parce qu’il sait, par le biais d’un dialogue intimiste transporter son lecteur au cœur du vignoble angevin, un voyage plus dépaysant qu’on ne l’imaginerait. Le charme du récit vient aussi de la simplicité de la forme : un reportage, une plongée dans le réel, sans effets particuliers ni mise en scène, une ambiance sépia qui illumine le récit, un trait de pinceau fin, léger, qui sait montrer les détails sans s’y appesantir, un réalisme un peu flou qui va à l’essentiel. Probablement l’un des albums les plus originaux et enthousiasmants de l’année, à lire et à déguster.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 07/11/2011 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Rural !
       de Etienne Davodeau
  • Chute de vélo
       de Etienne Davodeau
  • Rupestres !
       de David Prudhomme , Etienne Davodeau , Emmanuel Guibert , Marc-Antoine Mathieu , Rabaté , Troub's
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd