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Bande dessinée  ->  Chroniques - Autobiographie  
 

Clichés et crayons
Didier Lefèvre   Emmanuel Guibert   Frédéric Lemercier   Le Photographe (tome 1)
Dupuis - Aire Libre 2003 /  12.50 € - 81.88 ffr. / 80 pages
ISBN : 2-8001-3372-4
FORMAT : 23,5 x 30,5 cm
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Trouver aujourd’hui dans les rayons des libraires un album comme Le Photographe prouve, si besoin était, le bon état de santé général du monde de la bande dessinée, et la constante volonté de la part de ses auteurs de dépasser des formes parfois trop rigides. Voici en effet un ouvrage original qui combine avec intelligence dessins, photographies et textes au service d’un récit passionnant et profondément humain.

Le photographe en question, c’est Didier "Ahmadjan" Lefèvre, parti fin juillet 1986 de Paris pour rejoindre une mission humanitaire menée par Médecins Sans Frontières en Afghanistan. Ce premier tome d’une série qui en comportera trois relate les préparatifs de ce voyage, l’arrivée au Pakistan et enfin le passage de la frontière afghane et les premières difficultés.

Lefèvre relate avec précision tout ce qui a fait cette mission : de la façon dont il doit s’habiller et parler, à l’éprouvante traversée d’un col particulièrement délicat, en passant par l’opération chirurgicale d’une vieille Afghane dans un village perdu au milieu des montagnes. "Je me demande ce que je fous là. Et comme d’habitude, je me réponds en prenant des photos", écrit-il. Viscéralement photographe, Lefèvre est aussi un conteur hors pair dans ces pages. Avec simplicité, et une économie de moyens appréciable, il met en scène de beaux moments humains, des rencontres et des épreuves. Et lorsque les photographies sont absentes, c’est le crayon qui prend le relais ; les dessins d’Emmanuel Guibert en l’occurrence, qui, dans un style jeté et très simple, rendent compte de ce que Lefèvre n’a pu capter sur ses pellicules.

C’est cet inédit mélange de deux techniques picturales qui peut surprendre et désarçonner le lecteur dans les premières pages de l’album. Mais ce parti pris est finalement vite accepté et l’on suit ces séries de strips et de planches contact avec une égale attention et un intérêt constant. Le récit dessiné se voyant renforcé par la contiguïté de ces clichés, captures du réel, de ce qui a eu lieu et ce qui a été. Les dessins et les photos deviennent dès lors vite indispensables les uns pour les autres : la bande dessinée raconte et la photo est le témoin impartial de ce qui est relaté.

Le Photographe se déroule au présent. Ce n’est pas un reportage terminé mais réellement en train de se faire. Puisque la bande dessinée raconte une histoire qui se déroule sous les yeux du lecteur, les photographies se devaient de suivre cette idée. C’est l’intelligence de cet album qui, loin d’être un carnet de voyage ou un beau livre de photographies, laisse la place aux clichés ratés, à ces tirages raturés de rouge que l’on n’exposera finalement pas ailleurs. Et cette leçon d’humilité de la part de Lefèvre est contagieuse puisque le graphisme simple et jeté de Guibert, avec parfois un simple fond de couleur pour tout décor, ne joue pas non plus la carte du beau. Le dessin ne doit pas devenir plus important que le reste ou, pire, chercher à épater. Humilité enfin du lecteur devant ces hommes partis au bout du monde au milieu d’une guerre et des dangers qui vont avec.

Faisant alterner, "comme dans la vie", moments forts et d’autres moins intenses ("c’est ça un reportage ; beaucoup d’attente", écrit Lefèvre), Le Photographe est un album étonnant dans sa forme, et émotionnellement très intense dans ce qu’il relate. Le début d’une série à part, prometteuse et qui, à l’évidence, n’a pas fini de faire parler.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 27/10/2003 )
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