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Les séductions de Marilou
Jean-Claude Servais   Le tempérament de Marilou (tome 1)
Dupuis - Repérages 2003 /  9.50 € - 62.23 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-8001-3394-5
FORMAT : 22 x 30 cm
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Le Tempérament de Marilou est le onzième volume de la série originale de Servais, La Mémoire des arbres. Rappelons-en le principe : des histoires indépendantes (en deux tomes) mettant en scène des époques, des lieux et des personnages différents ; mais qui toutes ont en commun la forêt, la campagne, les villages et leurs mystères.

Ici, la forêt est située dans le Nord de la France, à la frontière avec la Belgique ; et le village se résume à une auberge : le café frontière «chez Marilou», tenu par Godefroid Tailfer, qui a acheté le bâtiment en 1945, et par sa femme Marilou. Ici, lorsque vous êtes en salle, vous êtes en France, et lorsque vous passez en cuisine, vous passez en Belgique. Avantage remarquable, puisque vous bénéficiez des prix français pour l’alcool et des prix belges pour les cigarettes. La situation frontalière est donc intéressante, et elle fait la fortune du couple Tailfer. (Tous les buralistes d’aujourd’hui me comprendront.)

C’est dans ce monde à la fois ouvert et clos qu’un crime est commis. Il a été perpétré en France, puis le corps a été traîné en Belgique. Encore un avantage de la frontière : éviter, le cas échéant, la guillotine promise aux assassins français, et bénéficier de la mansuétude belge.

La victime s’appelle Pétrus Van Daele, employé des Tailfer et, accessoirement, amant de la volage Marilou, femme superbe et séductrice qui s’attache les hommes selon sa seule volonté et « les chasse quand ça [lui] plaît » – une femme qui « dégage un appel aux sens » comme le souligne à un moment le juge chargé de l’enquête et, tout au long des dessins de l’album, Jean-Claude Servais lui-même. Avis cependant aux amateurs de BD érotique : on n’a que très peu le loisir d’observer les formes de Marilou ; et il s’agit d’un parti pris esthétique bien déterminé, que Jean-Claude Servais explicite dans une case où Marilou, laissant apercevoir un bout de sein, déclare finement qu’« un lever de soleil, perçant la brume, vaut bien plus que des rayons enflammés et brûlants »…

Fil directeur de l’album, l’enquête se développe selon deux directions. Dans l’espace clos du monde de l’auberge, d’une part. On retrouve alors tous les ingrédients d’un certain type d’enquêtes criminelles – celles d’Agatha Christie ou de Georges Simenon – qui font successivement peser les soupçons sur chacun des personnages. Godefroid Tailfer n’avait-il pas une raison évidente d’assassiner l’amant de sa femme ? L’instituteur retraité habitué de l’auberge, trop désireux du corps de Marilou, et présent le soir même sur le lieu du crime, ne pouvait-il pas jalouser cruellement l’amant ? Marilou elle-même, à la fois très orgueilleuse de sa beauté et très capable d’arracher de ses mains la tête d’une poule encore vivante, n’aurait-elle pas pu se venger de Pétrus qui menaçait de la quitter ?.. A quoi s’ajoute l’art du dessinateur qui, soulignant la blancheur des dents de Marilou, lui confère un sourire tantôt charmeur tantôt carnassier – dents de lait et dents de loup…

L’enquête se développe d’autre part dans le temps, c’est-à-dire dans le passé de chacun des individus suspects. Servais est ici totalement maître de son récit, alternant la succession des temps de l’enquête et les multiples flash-back sans jamais que des encadrés viennent préciser la chronologie (pas de «le lendemain matin» ou «un an plus tôt» dans cet album). Et le lecteur de s’interroger : quelles sont les conséquences exactes de la blessure reçue par Godefroid Tailfer lors des combats de 1940 ? D’où vient Marilou, vagabonde échouée au hasard de la route dans l’auberge de Godefroid ? D’où venait Pétrus ? Et d’où vient ce taciturne étranger qui apparaît à la fin de l’album et que Marilou séduit immédiatement ?

Bref, avec ce genre d’histoire, Jean-Claude Servais s’inscrit dans la tradition d’une BD assumant complètement la fonction du roman-feuilleton du XIXe siècle. On se demande bien qui a tué Pétrus Van Daele, on se demande bien plus de choses encore ; et on attend avec une grande impatience le tome 2 du Tempérament de Marilou, prévu pour mai 2004.


Sylvain Venayre
( Mis en ligne le 25/11/2003 )
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