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Bande dessinée -> Policier - Thriller |
| Denis Bodart Fabien Vehlmann Green Manor (tome 3) - Fantaisies meurtrières Dupuis - Expresso 2005 / 9.50 € - 62.23 ffr. / 48 pages ISBN : 2-8001-3598-0 FORMAT : 22 x 30 cm Imprimer
Le Green Manor Club est lun de ces clubs anglais stéréotypés où il fait bon vivre, à causer entre gentlemen ou lire la presse entre deux verres de sherry, au creux de lun de ces traditionnels fauteuils « clubs »
luxe, calme et volupté ! Mais ce club-là est aussi lun des plus mal fréquentés, peuplé dassassins, de criminels, de menteurs ou descrocs issus de la bonne société et ignorés de la justice, ayant tué ou volé en toute impunité. Et qui plus est, ils sen vantent, se confiant les uns aux autres, ou au majordome, ultime confident et témoin muet.
Depuis maintenant deux albums, Bodart et Vehlmann ont introduit leurs lecteurs dans les coulisses du Green Manor : cette nouvelle visite permet de faire la connaissance dautres pensionnaires aussi loufoques et dangereux que les précédents. Depuis le petit bonhomme qui se prend pour la faucheuse jusquau vieil avaricieux qui, de son vivant, a prévu de hanter ses héritiers, chaque membre est un cas à part, auquel les auteurs consacrent un petit récit cynique et humoristique.
Ce troisième tome est, à linstar des précédents, très réussi, surfant sur lhumour noir et le suspense policier, une sorte de catalogue dénigmes qui attendent leur Sherlock Holmes. Les scénarios de Vehlmann sont de petits bijoux de manipulation, aussi tordus quun bon Hitchcock. Lintrigue se compose de machinations subtiles (comme celle de ce lord hémiplégique qui veut malgré tout se venger de lamant de sa femme), de délires psychologiques aux conséquences inattendues (telle la paranoïa qui saisit deux gentlemen dont lhumour un peu sinistre a provoqué la disparition dun autre sociétaire) ou de paris stupides à lissue fatale (entre deux chasseurs émérites, décidés à se départager par tous les moyens). Chaque petit conte cruel, bien troussé, redonne un sens au mot « machiavélique ».
Quant au graphisme de Bodart, dessinateur formé à lécole des Franquin, Cauvin et de toute une tradition Dupuis, il restitue à la perfection cette atmosphère originale, mélange de confort « cosy » et de sombres embrouilles : couleurs chaudes, silhouettes victoriennes aux allures respectables, décors historiques
une atmosphère bourgeoise qui dissimule les relents du crime. Bref, des crimes, une ambiance, du mystère
une lecture aussi agréable quune soirée Cluedo entre amis.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 07/05/2005 ) Imprimer | | |
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