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Bande dessinée  ->  Les grands classiques  
 

Souhaits exaucés
Winsor McCay   Le Petit Sammy Éternue
Delcourt 2008 /  49.90 € - 326.85 ffr. / 96 pages
ISBN : 978-2-7560-1410-4
FORMAT : 41x26,7 cm
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Peter Maresca est l’instigateur d’une prestigieuse réédition de Little Nemo in Slumberland (dont le deuxième volume vient de paraître aux États-Unis): format géant, couleurs d’origine — magnifiques — restaurées numériquement, le petit Nemo trouve enfin un bel écrin dans lequel vivre ses aventures intemporelles au milieu de paysages incroyables. L’objet, rare et onéreux, s’adresse malheureusement aux amateurs les plus fortunés ! Les mêmes devront encore mettre quelques deniers de côté pour s’offrir ce nouvel opus, toujours supervisé par Maresca… Il s’agit cette fois des planches du dimanche de Little Sammy Sneeze, soit après Nemo et Les Cauchemars de l’amateur de fondue au chester, la série la plus populaire de son auteur.

Sammy Sneeze (c’est véritablement son nom !), n’a pas la classe et le charme intemporel de Nemo. Et pour cause, il a plutôt l’air bêta, avachi, il est un peu rondouillard, et il passe son temps à éternuer, provoquant catastrophe sur cataclysme. Le pauvre petit garçon passe la plupart de ses dernières vignettes envoyé paître par ses camarades de classe, ses parents ou des adultes colériques. Certes, Nemo terminait chaque planche le nez sur le sol, au pied de son lit, mais c’est une chute qui avait tout de même plus de panache qu’un coup de pied au derrière !

On passe d’une saynète à l’autre avec un constant ravissement. Avec un sens de l’observation imparable et un sens du dessin qui impressionne toujours un siècle plus tard, McCay multiplie les environnements (un magasin de jouet, une cour de ferme, une cave…), des lieux de vie qui sont autant de témoignages d’une époque que des décors à faire valdinguer en tout sens. Les éternuements à répétition de Sammy ne sont qu’un petit fil narratif que McCay s’amuse à dérouler sous différentes lumières, peaufinant dans chaque case les préparatifs avant l’explosion finale. Ces éternuements sont une manière de mettre un terme à ces activités banales, policées, ces convenances énervantes et ces conversations plates. De fait, si le quotidien de Sammy est moins réjouissant et dépaysant que le Slumberland de Nemo, le travail de restauration des planches, s’il reste exemplaire, est donc finalement moins impressionnant que ce qui avait été accompli pour Little Nemo in Slumberland.

La bonne idée du livre est d’avoir ajouter à ces planches de Sammy les pages verso des publications originales. On trouvera ainsi les Woozlebeasts de John Prentiss Benson, ou encore les fameux Upside Downs de Gustave Verbeek, souvent cités dans des travaux historico-théoriques, mais dont on n’avait finalement rarement vu la couleur (le noir et blanc en l’occurrence).

Mais la véritable découverte de ce beau livre, une autre page verso de Sammy Sneeze, c’est Henrietta la Goulue (Hungry Henrietta), une énième création de l’inépuisable McCay. La petite fille est un nouvel avatar de l’enfance, encore plus éloigné des frasques fantastiques de Nemo, puisque la nourriture semble être son seul soutien, son unique réconfort. Autour d’elle, toute la famille panique, s’agite frénétiquement, incapable de comprendre ses besoins affectifs, réagissant toujours à l’encontre de ses émotions ; et la fillette de finir la planche non pas au pied de son lit, ni un coup de pied au derrière, mais avec un aliment à ingurgiter. C’est à la fois cruel et drôle, caricatural et désespéré. De janvier à juillet 1905, tout au long de ces 27 planches, McCay fait littéralement grandir la petite Henrietta sous les yeux de son lecteur. Et d’une semaine sur l’autre donc, Henrietta vieillit de trois mois. Petit effet de style, raffiné et intelligent, montrant de la part de McCay une parfaite maîtrise de cet art encore balbutiant, et cherchant déjà à s’extirper des culs-de-sac de la série.

Et de n’importe quelle manière qu’on approche ces planches, la maîtrise de la bande est indéniable. McCay utilise toujours les mêmes principes : gag récurrent, éternelle chute qui se répète, temps décomposé… tant d’éléments qui font de ces bandes d’indéniables petits trésors graphiques et narratifs, et où l’on sent poindre, déjà, l’intérêt de McCay pour le travail d’animation.

Comme l’édition de Little Nemo citée plus haut, Delcourt reprend ici le projet éditorial de Sunday Press Books. L’ensemble est véritablement somptueux, tant dans sa présentation que dans son contenu, un morceau d’histoire autant qu’un vrai plaisir de lecture. Superbe !


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 07/01/2009 )
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