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Bande dessinée  ->  Les grands classiques  
 

La fin d’un classique
Maurice Tillieux    Gos   Gil Jourdan – L’intégrale (tome 4) - 1970-1979
Dupuis 2010 /  24  € - 157.2 ffr. / 256 pages
ISBN : 978-2-8001-4786-4
FORMAT : 22x30,5 cm

Ce volume regroupe les albums suivants: "Carats en vrac", "Gil Jourdan et les fantômes", "Sur la piste d'un 33 tours" et "Entre deux eaux".
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Les amateurs peuvent se réjouir : la réédition intégrale et soignée des aventures de Gil Jourdan est complète avec ce quatrième volume. Les éditions Dupuis ont fait les choses bien jusqu’au bout, en présentant à nouveau en introduction un beau dossier de José-Louis Bocquet, riche en informations, en témoignages et en images. Suivent les dernières aventures du détective restaurées avec soin.
Pourtant, ce tome-ci n’est pas tout à fait comme les autres ; Tillieux n’assure plus ici que le scénario, laissant la partie graphique à Gos. En effet, il se retrouve en charge de l’écriture de plusieurs séries. Il travaille désormais sur Tif et Tondu, Jess Long, Barbe-Noire, Natacha, Yoko Tsuno, La Ribambelle ou encore Marc Lebut. Le temps qu’il consacre à Gil Jourdan s’en ressent.

Les puristes ont souvent froncé le nez à la lecture de ces épisodes tardifs ; leur dessinateur n’a jamais eu la faveur de la critique intellectuelle, à l’exemple de sa série mal appréciée du Scrameustache. Il faut bien dire que l’atmosphère n’est ici plus la même que dans les albums classiques de la décennie précédente, comme « La Voiture immergée » ou « Le Chinois à 2 roues ». Fraîchement arrivé en bande dessinée, Gos n’est pas tout à fait de la même école que Tillieux : il a appris le métier au sein du studio Peyo, et a fait ses premières armes, scénario et dessin, sur Jacky et Célestin, Benoît Brisefer et surtout Les Schtroumpfs. Des univers plutôt bon enfant, souple et ronds, loin de la dureté qui caractérise Gil Jourdan.

Gos en garde une souplesse, une élasticité dans le dessin, qui tranche avec les atmosphères sombres dont nous régalait Tillieux. Pourtant, il ne démérite pas. Si les perspectives et les proportions ne sont pas toujours aussi cohérentes que par le passé, dans l’ensemble le gant est relevé avec adresse. Mais Gil Jourdan semble changer de marque, passant du clair-obscur à la lisibilité de l’école de Marcinelle. On pense à Walthéry, à Mitteï, au premier Derib. À cette génération qui prend son autonomie dans les années 1970, pour construire une bande dessinée franco-belge dans la lignée des grands maîtres.
Sous ce nouvel éclairage, même les scénarios semblent changer, se dirigeant du récit sombre aux atmosphères inquiétantes vers des fantaisies, des récits à gags plus habituels aux séries d’aventures du journal de Spirou. Jusqu’au dernier scénario que Tillieux ne terminera pas, victime d’un accident de voiture. C’est Gos qui l’achève tant bien que mal, en n’oubliant pas de soigner ses dialogues avec finesse comme l’aurait fait le maître.

Ce volume a un parfum de nostalgie ; Gil Jourdan y navigue plus que jamais entre deux eaux, entre le roman policier et la légèreté du journal de Spirou. Mais c’est là tout le destin de ce personnage singulier, pris entre humour et énigme, entre le gag et le roman noir. Un des nombreux mérites de cette intégrale chronologique est de nous montrer l’évolution du graphisme de Tillieux pour résister à l’obligation de faire du Franquin et de garder sa propre ligne. Terminer ces aventures dans l’esprit de Peyo a quelque chose d’ironique.
L’intégrale se termine sur les deux dernières pages de Tillieux, par lesquels il s’apprêtait à reprendre le personnage en solo. Un Gil Jourdan nostalgique, dans le Quartier Latin des années 1950, aux rues sombres et encombrées. Un vrai retour aux sources, qu’on se désole de ne pas avoir pu suivre plus longtemps.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 08/11/2010 )
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