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Bande dessinée  ->  Adaptation  
 

Les fourberies de Maître Pierre
David Prudhomme   La Farce de Maître Pathelin
Editions de l'An 2 2006 /  25 € - 163.75 ffr. / 128 pages
ISBN : 2-84856-054-1
FORMAT : 25 x 27 cm
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À l’origine de cette délicieuse bande dessinée, une pièce anonyme écrite vers 1470 et souvent considérée comme la première œuvre de comédie du répertoire français. Alors que les farces n’étaient d’abord que de courts intermèdes censés divertir le public entre deux mystères, cette œuvre se démarque par sa longueur inhabituelle (près de 1500 vers), et sa construction rigoureuse. La satire et l’étude des caractères y sont parfaitement conduites, et cette farce truculente ayant brillamment traversé les siècles, aura en outre laissé à la langue française l’adjectif « patelin » et l’expression « revenons à nos moutons ».

L’unique acte de l’oeuvre narre les exploits de Maître Pierre Pathelin. L’avocat désargenté et sans cause à plaider promet à son épouse de lui ramener des mètres de tissu sans avoir à dépenser un sou. Face au drapier peu enclin à négocier, Pathelin va devoir utiliser toute sa répartie et son sens de la flatterie pour parvenir à ses fins. La suite de la pièce verra le plaisant escroc continuer sa duperie en se faisant passer pour malade et mourant. Mais, forcément, rira bien qui rira le dernier et les plus simples d’esprits ne seront finalement pas les moins bien lotis. Si l’anecdote est simple, les répliques sont savoureuses et pleines d’invention, et les moments forts se succèdent. Le rire est toujours présent et l’on reste épaté devant le fourmillement d’idées et l’agencement subtil des nombreux retournements de situations.

Les adaptations théâtrales en bande dessinée sont plutôt rares, même si, hasard du calendrier, cette publication suit de près la sortie d’une adaptation d’une autre célèbre œuvre médiévale : La Farce du Cuvier par Simon Léturgie (Vents d’Ouest pour la nouvelle collection Commedia). Mais là où Léturgie réalisait un exercice beaucoup plus classique, transposant dans un gaufrier classique les dialogues de la pièce, David Prudhomme construit un album étonnant, atypique (c’est là une spécialité des Éditions de l’An 2 !) et élabore une véritable mise en scène du texte original. D’abord, il y a une distribution de choc ! Les acteurs convoqués ici ont des physiques très particuliers empruntant leurs faciès au bestiaire animalier rappelant ainsi le goût de la littérature française pour la caricature. Par ailleurs, le trait de Prudhomme étonne par son dynamisme et son expressivité. Oublié le réalisme méticuleux de la série Ninon Secrète, le dessin se fait ici beaucoup plus libre. Dès lors sans contrainte, le pouvoir évocateur du dessin n’en est que plus important. Et derrière l’apparente simplicité de la ligne filiforme se cachent mille ressources graphiques et références visuelles ludiques. La perspective balbutiante des oeuvres médiévales est ainsi parfois citée, inversant les proportions et confondant les différents plans de l’image.

Quant à la mise en couleurs rustre mais toujours chic d’Alexandre Clérisse, elle achève de donner à ces planches un véritable cachet, une identité graphique qui joue de l’économie et de l’expressivité du dessin avec grand talent. Enfin, pour mettre en évidence la construction et l’impeccable rigueur stylistique de la pièce, Prudhomme use d’un découpage régulier rarement pris à défaut. Chaque planche de la première partie est ainsi composée de quatre vignettes carrées. Par la suite, les cadrages ses resserrent et alors que l’action se joue entre trois personnages c’est un trio de cases allongées qui prend le relais.

On le voit, Prudhomme ne s’est pas limité à mettre en images le texte, mais il impose véritablement son regard et use des multiples ressources de la bande dessinée pour créer une adaptation unique et originale de la pièce. Près de six siècles après sa création, la farce prend donc un nouvel envol, non plus sur mais dans les planches ! Un beau moment de bande dessinée.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 01/03/2006 )
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