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Pactole graphique
Tony Millionaire   L’Art de Tony Millionaire
Soleil - US Art 2010 /  29.90 € - 195.85 ffr. / 206 pages
ISBN : 2-30201-073-4
FORMAT : 22,2x29,5 cm

Préface d’Elvis Costello
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« Les comics de Tony Millionaire sont si bons qu’il devrait s’appeler Tony Billionaire ». Ainsi s’exprime Matt Groening, créateur des Simpson et fin connaisseur de littératures dessinées.
Peu connu en France – seulement deux de ses livres ont jusqu’à présent été traduits – Tony Millionaire (ce pseudo !) est pourtant l’un des plus brillants auteurs américains de sa génération. Avec Daniel Clowes, Charles Burns ou Chris Ware, il fait partie de ces artistes inclassables, au dessin fascinant et envoûtant, à l’univers éminemment singulier. Par rapport à ces trois autres artistes de la bande, Tony Millionaire est un peu le trouble-fête provocateur, le tonton farceur, le baba cool rigolard et un peu je-m’en-foutiste. Si son dessin reste d’une classe impeccable d’un bout à l’autre du strip, ses gags ont des allures de poil à gratter, de petits coussins péteurs. Mais derrière la farce, sourd aussi une petite mélodie plus noire et une belle poésie commence à perler de ces cases. Il n’y a qu’à lire Billy Hazelnut et surtout les séries Maakies et Sock Monkey : l’inspiration vient ici des vieux livres d’images avec pirates et navires à grandes voiles, et des vastes demeures victoriennes recélant quelques passages secrets mystérieux, ainsi qu’une carte au trésor dans un coffre du grenier poussiéreux.
Bercées par un ton absurde et une ambiance extravagante, toujours teintées d’un humour très noir, les planches de Sock Monkey restent un petit joyau de bande dessinée, inimitables et complètement originales. Il faut lire ces séries pour se rendre compte du génie du monsieur : son trait de dessinateur surdoué épate à chaque griffe, chaque détail et le changement de genres d’une case à l’autre relance sans arrêt l’intérêt.

À défaut d’albums de bande dessinée traduits dans nos contrées, ce très beau livre, réplique de l’original sorti chez Dark Horse en 2009, reste une géniale introduction à l’univers du Millionaire. Rempli d’illustrations achevées, d’extraits d’albums, de travaux de jeunesse, de planches esquissées et de petits délires graphiques, ce livre a tout d’une somme. La maquette joue sur les ambiances et les textures (vieux motifs en toile de fond, couleurs passées…), jouant ainsi la carte du rétro désuet mais terriblement attirant. C’est tout un petit monde singulier et délectable qui s’affiche à nous. Un univers rempli de vieilles peluches recousues, de demeures cossues, de navires magistraux et d’oiseaux alcooliques et suicidaires. Le travail de Millionaire a ceci de particulier qu’il semble toujours loin des références habituelles, et peut passer d’un moment à l’autre de la blague de potache à l’horreur pure.
Le tout porté par un trait à l’encre d’une beauté renversante et d’une richesse absolue. Comme l’on peut avoir envie de chanter en écoutant de la musique, les dessins de Tony Millionaire donnent envie de dessiner. Parfois, on pense à Winsor McCay : il y a dans ces deux œuvres la même facilité graphique, mais surtout un résultat qui, s’il est toujours parfait techniquement – comme enseigné dans les meilleures écoles – échappe à toute froideur ou académisme parce que continuellement porté par des visions incroyables, où l’imaginaire prend finalement le dessus. Chez ces deux artistes, le dessin réaliste, loin de brider l’imaginaire, permet toutes les possibilités, toutes les frasques graphiques. Là où McCay jouait avec l’espace et les décors, Millionaire s’attaque aux choses plus noires. Ce dessin précieux, délicieusement traditionnel, est ainsi sans cesse confronté à quelque chose qui ne lui ressemble pas : la moisissure, le morbide, la bêtise crasse.

Si, au final, on n’en saura pas tellement plus sur la vie de cet artiste à part, son travail explose à chaque page et donne à voir un impressionnant panorama. Parsemé d’anecdotes drôlissimes, établissant une fois pour toutes la douce folie du bonhomme, ce livre est une petite mine, un trésor d’art graphique, un grimoire génial qui ne demandera qu’à être feuilleté encore et encore.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 18/05/2010 )
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