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Bande dessinée  ->  Illustrations, graphisme et dessins d’humour  
 

Sombre bestiaire
John Kenn Mortensen   Monstres pense-bête
Warum 2014 /  14 € - 91.7 ffr. / 80 pages
ISBN : 978-2-365350532
FORMAT : 15x15 cm
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Merveilleuse invention que le post-it. On y prend des notes, on les colle, on les oublie, on les recolle, on collectionne les couleurs, on en fait une guerre de Space Invaders avec les gens du bureau d’en face, on les décolle encore… Vraiment, notre époque et nos faces d’ordinateurs seraient bien différentes sans ces petits bouts de papier adhésifs. John Kenn Mortensen l’a bien compris et quand d’autres s’amusent à dessiner des spirales, des triangles ou des structures approximatives, lui dessine des monstres. Et là, miracle de l’art, le post-it devient une toile, un support extraordinaire et inattendu, une révélation !

John Kenn Mortensen a ses post-it préférés : jaunes et rectangulaires. Grâce à eux, il se lance dans l’élaboration de son bestiaire et chaque image est un petit trésor. C’est que l’artiste danois aime le travail soigné. Et c’est sans doute ce qui éblouit dans ce petit livre modeste mais puissant: si le post-it a l’habitude de recevoir des bouts de notes moches et des dessins pas finis, les monstres de Mortensen sont des petits trésors graphiques à mettre immédiatement sous vitrine, ou mieux, sous livre, comme c’est le cas ici.

De facture quasi artisanale, (un rotring et des post-it), le livre parvient toutefois à créer des ambiances incroyables, et à représenter des scènes fantastiques que bon nombre de graphistes de fantasy accrochés à leur ordinateur et leur dernier logiciel d’imagerie 3D n’arriveront jamais à toucher du bout du stylet. Mortensen redonne le gout du pur dessin, avec ces hachures, ce souci de l’accumulation obsessionnelle (des monstres, des textures, des briques, des forêts…) et ce travail précis, avec peu de moyens, sur les éclairages et les ambiances. En format réduit, et sur des surfaces forcément limitées, il compose des scènes hallucinantes de précision et d’expressivité. Pour cette galerie fantastique, Mortensen convoque sorcières, monstres marins, fantômes et démons de toutes sortes : griffus, poilus, crochus… et toujours forcément inquiétants.

L’inspiration de Mortensen puise évidemment du côté de Edward Gorey et de ses Gashlycrumb Tinies, de Tim Burton, de Lovecraft et du folklore nordique. Dans ces petites surfaces rectangulaires, le dessinateur aime à jouer des différences d’échelle (monstres géants et petits garçons), et des visions de cauchemar poétique : il n’y pas de violence pour autant dans ces saynètes, seulement des instants suspendus avant que l’horreur, peut-être, ne survienne vraiment. Les monstres flottent dans les airs ou se cachent plus ou moins adroitement derrière des maisons, des montagnes. Ils sont effrayants, menaçants, mais les rares personnes à qui ils font face, souvent des enfants, restent imperturbables, comme si Mortensen captait ce petit moment de doute avant la compréhension réelle de l’épouvantable terreur qui se présente. La confrontation entre l’innocence enfantine et la créature abominable achève de donner un côté presque mignon, en tout cas délicat à ces illustrations.

Cette édition française est une « traduction » (le livre est muet à l’exception d’un tout petit laïus de l’auteur, sur un post-it évidemment, en début d’ouvrage), du livre sorti en 2012 chez Square Peg. Les deux livres sont identiques : même format, même pagination, même ordre d’entrée des monstres. Deux différences toutefois. La première, anecdotique, mais qui plaira aux gens raffinés : une belle couverture « soft touch », veloutée et luxueuse. La seconde est un choix éditorial beaucoup plus profond, un vrai bouleversement. Si l’édition originale faisait en effet apparaître les post-it de Mortensen sur d’invariables fonds blancs, Warum a choisi le noir comme toile de fond. Et c’est là une brillante initiative qui, certes, délimite de manière plus floue les contours du post-it, mais apporte au final à l’ensemble une atmosphère encore plus sombre et gothique. Pour les amateurs de défis graphiques et de belles illustrations, ce livre est indispensable. C’est un petit grimoire diabolique, un alignement de doux cauchemars, une perle noire. Et jaune.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 20/11/2014 )
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