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| Dominique Méda Qu'est ce que la richesse ?
Aubier - Alto 1999 / 18.32 € - 120 ffr. / 423 pages
ISBN : 2-7007-3676-1
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Nous vivons dans des sociétés réputées riches. Les biens et les services se trouvent à profusion sur le marché. Mais cette conception de la richesse n'est-elle pas datée ? Les indicateurs économiques, en effet, ne prennent pas en compte la montée de fléaux contemporains comme la violence, la détérioration de l'environnement, le nombre croissant de sans-abri ou l'incivisme. Et cette promotion de la marchandise va de pair avec la non valorisation d'éléments pourtant essentiels à la collectivité.
L'alternative, pour Dominique Méda, est alors claire : soit nous conservons une vision datée de la richesse - limitée à une simple consommation de produits - , soit nous décidons de nous réapproprier la réflexion sur le but de la société dans la tradition de la cité grecque. Autrement dit, il s'agit de dépasser l'opposition entre un holisme méprisant l'individu et un libéralisme hostile à toute forme d'action collective. Conformément au projet rousseauiste, "la volonté générale issue de la délibération demeure le meilleur guide de l'action publique". Et les sociétés développées sont les plus à même de faire émerger un nouveau modèle social.
Mais Dominique Méda reconnaît, dès l'introduction, écrire contre le mouvement libéral et notamment contre Hayek. Il faut refuser le laisser-aller, le laisser-faire qui démissionnent devant on ne sait quelle providence, car, comme nous l'ont montré les Lumières, il n'y a pas de providence. Et les seuls artifices capables de protéger la société sont ceux que les hommes, eux-mêmes, façonnent.
Pour substituer le projet de la civilisation à celui de la mondialisation, il faut penser la richesse en termes de civilisation et non seulement sous l'angle de la marchandise. Cette réflexion était déjà annoncée à la fin de son précédent ouvrage, le Travail, une valeur en voie de disparition mais Qu'est-ce que la richesse ? est, à nos yeux, davantage engagé.
On pourrait regretter que le deuxième tiers du livre consacré au travail se contente, pour l'essentiel, de reprendre les analyses du précédent titre. Mais doit-on reprocher à un auteur la cohérence de sa réflexion et de ses analyses au fil du temps ? Le goût de déjà lu - qui se limite principalement à la deuxième partie - ne doit pas nous empêcher de recommander cet ouvrage. A une époque où l'on dénonce facilement la pensée unique, toute analyse qui contribue à enrichir le débat public doit être mise en avant.
Cyril Colléatte
( Mis en ligne le 14/08/2001 )
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