L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Histoire & Sciences sociales  ->  
Biographie
Science Politique
Sociologie / Economie
Historiographie
Témoignages et Sources Historiques
Géopolitique
Antiquité & préhistoire
Moyen-Age
Période Moderne
Période Contemporaine
Temps Présent
Histoire Générale
Poches
Dossiers thématiques
Entretiens
Portraits

Notre équipe
Littérature
Essais & documents
Philosophie
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Histoire & Sciences sociales  ->  Poches  
 

F. Dubet : 40 années de recherches, entre engagement et distance
François Dubet   L'Expérience sociologique
La Découverte - Repères 2007 /  8.50 € - 55.68 ffr. / 120 pages
ISBN : 978-2-7071-5353-1
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

L'auteur du compte rendu : Sylvain Dzimira est docteur en sociologie. Chercheur associé au SOPHIAPOL, laboratoire de sociologie, d’anthropologie et de philosophie politiques à l’Université Paris X Nanterre, il anime La revue du MAUSS Permanente.
Imprimer

La collection «Repères» (La Découverte), aujourd’hui dirigée par P. Combemale, fête avec éclat son 500ème numéro avec une introduction originale et précieuse à l’œuvre de François Dubet. Originale, parce qu’elle est le fait de F. Dubet lui-même, qui parvient à illustrer sa sociologie en explicitant ses principales hypothèses, tout en restituant son parcours intellectuel. Précieuse pour les jeunes générations notamment, parce qu’elle expose clairement les débats théorico-normatifs qui ont animé la sociologie française à la fin des années 60. Précieuse encore parce que F. Dubet y assume des positions épistémologiques courageuses.

Au début de son ouvrage, F. Dubet semble placer sa sociologie sous le signe d’une «posture» qu’il illustre au fil des pages, plus qu’il ne la définit. On sait simplement qu’elle était déjà plus ou moins celle de F. Dubet lorsqu’il était étudiant à Bordeaux quand il éprouvait de la sympathie pour le mouvement de Mai 68, sans adhérer à ses idéologies. F. Dubet se demande même ce que doit cette posture à son père, à la fois «syndicaliste et sceptique». On serait là, comprenons-nous, en présence d’un sociologue ou plutôt d’une sociologie à la fois engagée et en retrait (ou encore distanciée).

Engagé et distancié : c’est bien ainsi qu’apparaît son positionnement théorique. Depuis ses premières recherches avec Alain Touraine sur les mouvements sociaux, jusqu’aux dernières sur la justice sociale, en passant par celles sur la banlieue et sur l’école (chacun des thèmes faisant l’objet d’un chapitre), F. Dubet s’engage dans un débat avec les deux camps qui dominent la sociologie dès les années 70, c’est à dire celui des Boudon, Crozier et Friedberg d’un côté et celui des Bourdieu, Passeron, Baudelot et Establet de l’autre. F. Dubet se présente comme à la recherche d’une troisième voie, qui préfère l’investigation empirique à la conceptualisation hâtive qui force les traits de la réalité. À l’individualisme méthodologique des uns et au holisme des autres, il oppose en quelque sorte la méthode de «l’intervention sociologique», qui consiste, dans un souci d’objectivation des faits, à déplacer l’objet de l’investigation de l’objet en tant que tel (les mouvements sociaux) à la relation qui se noue entre le sociologue et son objet, les militants, à qui le sociologue soumet ses interprétations. Une méthode qui «compte plus à [ses] yeux aujourd’hui que la théorie des nouveaux mouvements sociaux elle-même».

Engagée et en retrait : c’est encore sous ce signe qu’apparaît sa sociologie d’un point de vue plus normatif. «[La sociologie] est une forme d’engagement», écrit-il, même quand elle se réclame de la sacro-sainte neutralité axiologique wéberienne : «Les sociologues n’y échappent pas, y compris Weber qui distinguait si fortement le savant et le politique, alors qu’il a passé toute sa vie à se mêler de politique tout en étant un savant. Je me suis sans doute engagé plus que je ne croyais en choisissant mes objets plutôt du côté des dominés (…)». F. Dubet dit d’ailleurs avoir moins «voulu montr[er] qu’ils étaient dominés qu’ils existaient», goûtant assez peu la posture du porte-parole qui se pare des oripeaux de la radicalité. «Je préfère un meilleur monde possible au meilleur des mondes» qu’il voit porteur sinon du pire, du moins de grandes désillusions, car aux discours radicaux succèdent bien souvent des politiques sans principe ; un type d’alternance qui fait de lui, confie-t-il, «un homme de gauche souvent malheureux». Néanmoins, F. Dubet ne désespère pas que la sociologie, celle qu’il pratique notamment, puisse infléchir le cours des choses par des canaux que le sociologue ne saurait maîtriser, ne serait-ce qu’en introduisant dans les débats «un principe de réalité» et en «rappel[ant] que tout n’est pas réductible à la vie politique et aux ‘lois’ de l’économie. [...]. Sans cette conviction, comme le disait Durkheim, rappelle-t-il, notre travail ne vaudrait pas ‘une heure d’effort’».

Pour conclure : 40 années de recherches en 120 pages… Un ouvrage à ne pas manquer !


Sylvain Dzimira
( Mis en ligne le 29/04/2008 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Injustices
       de François Dubet , Collectif

    Ailleurs sur le web :
  • Lire la version longue de cette note suivie d’une correspondance avec F. Dubet sur le site Journal du MAUSS :
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd