| Pierre Cosme Auguste, maître du monde - Actium, 2 septembre 31 avant J.-C. Tallandier - L'Histoire en batailles 2014 / 16,9 € - 110.7 ffr. / 138 pages ISBN : 979-10-210-0332-3 FORMAT : 14,5 cm × 21,5 cm
L'auteur du compte rendu : Gilles Ferragu est maître de conférences en histoire contemporaine à luniversité Paris X Nanterre et à lIEP de Paris. Imprimer
La mort de César, en 44 av JC, na guère sauvé la république romaine, contrairement au vu de ses assassins : elle la au contraire engagée dans un cycle qui, quelques années plus tard, aboutit à la confrontation dActium (31 av JC) et au triomphe dOctavien, fils adoptif de César et bientôt empereur. Lempire naît, cette construction qui va perdurer quasiment cinq siècles. Rarement une bataille aura semblé conclure une histoire, républicaine, et en faire émerger une autre, impériale. Bataille majeure donc, entre un général aguerri, Marc Antoine, et un héritier, Octavien, avec comme enjeu, un empire romain unifié.
Dans cet ouvrage solide, Pierre Cosme, professeur dhistoire ancienne à luniversité de Rouen, ne se contente pas du récit dune bataille : il en explore de manière très didactique les prodromes, les enjeux, observe les forces (militaires et politiques) en présence et les manuvres souterraines. Car, pour ne pas faire mentir ladage de Clausewitz, la guerre entre les triumvirs fut effectivement la continuation de la politique par dautres moyens. Le partage de lEmpire entre Octavien, Marc Antoine et Lépide, en novembre 43, aurait pu être lamorce dun pouvoir partagé, dune empire morcelé voire de trois royaumes conjoints
Mais il semble que Rome soit indivisible. Bientôt, Lépide est écarté et la confrontation entre lOrient de Marc Antoine et lOccident dOctavien sinstaure.
Dans ce qui ressemble à une guerre larvée, puis à une drôle de guerre où chacun hésite en affûtant son arme, celui qui contrôle Rome tient un argument, et une légitimité, indiscutable, sanctionnée par des rituels guerriers. Et Octavien sait en tirer parti, lançant des rumeurs accusant son rival de vouloir dans le même temps installer Cléopâtre dans le sénat et déplacer la capitale romaine en Egypte. Le stratagème est efficace, mobilisateur. Du reste, le rapport de force est affaire complexe, mêlant richesses matérielles et humaines, alliances et soutiens politique et populaire. A ce jeu, le prudent Octavien parvient rapidement à fragiliser Marc Antoine, qui, croyant attirer son adversaire dans un piège, sest par trop éloigné de ses bases égyptiennes et se retrouve dans une nasse, trahi par de nombreux alliés. Voyant poindre la défaite après quelques heures de bataille, Cléopâtre et Marc Antoine fuient, abandonnant leur armée qui tombe dans la main dOctavien. La messe est dite et derrière Octavien vainqueur se précise Auguste.
Taillé comme une belle leçon dhistoire, cet ouvrage donne une grande part aux marges de la bataille, aux manuvres politiques et aux calculs de chacun. Dans un style sobre et didactique, lauteur éclaire les enjeux, les stratégies de chacun, en les replaçant dans un décor, celui de la Rome antique, rendu compréhensible. Louvrage intéressera les amateurs dhistoire romaine, qui cherchent, au-delà de la seule geste militaire, une lecture politique de lévénement.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 06/05/2014 ) Imprimer
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