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Histoire & Sciences sociales -> Antiquité & préhistoire |
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Une bien petite encyclopédie pour un si vaste sujet ! | | | Erick Seinandre Les Origines de l'Homme - Avant et après Lucy Larousse - Petite encyclopédie Larousse 2004 / 9.50 € - 62.23 ffr. / 128 pages ISBN : 2-03-575173-X FORMAT : 14x19 cm
Lauteur du compte rendu : autodidacte formé à la préhistoire, notamment le Néolithique du sud-est de la France, Yvon Luneau a travaillé sur plusieurs chantiers archéologiques dans la Drôme et lArdèche avec Marie Hélène Moncel, de lInstitut de Paléontologie Humaine de Paris. Il poursuit actuellement une campagne de prospection de surface sur la Valdaine (26), en relation avec le Centre dArchéologie Préhistorique de Valence, M. Beeching, archélogue (CNRS) et M. Brochier, archéo-géologue. Imprimer
La collection «Petite encyclopédie» chez Larousse a pour objectif de fournir un condensé dinformations permettant aux lecteurs de se forger une base de connaissances sur divers sujets. Dans ce cadre, Erick Seinandre, journaliste scientifique, aborde un sujet complexe, en constante évolution et fascinant : les origines de lhomme.
En 119 pages, il entend éclairer le lecteur sur une période de plus de trois milliards dannées, partant des premières bactéries pour arriver à létat génétique actuel de lespèce humaine. Richement illustrée, cette petite encyclopédie se divise en cinq grandes parties composées de chapitres de deux à quatre pages.
La première partie aborde lorigine des primates. Lauteur commence avec les cyanobactéries, les plus vieilles bactéries connues, datant de 3,5 milliards dannées. Il explique ensuite la lente évolution de la vie depuis la sortie des eaux jusquà la fin du Crétacé, quand survient la disparition des dinosaures, qui favorise le foisonnement des mammifères. Apparaît alors une lignée particulière, caractérisée, notamment, par des orbites rapprochées et un pouce opposable. Cette lignée se diversifie au cours des millénaires pour arriver aux primates actuels : lémuriens et autres prosimiens, les singes américains, les «petits» singes et les «grands» singes, dont nous faisons partie.
Dans un deuxième temps, lauteur aborde lhistoire des grands singes. Il commence avec leurs ancêtres, et explique leur répartition et leur évolution à travers les variations climatiques et la dérive des continents. Un cheminement qui passe par la bipédie et qui mène aux grands singes actuels : orang-outan, gorille, chimpanzé, bonobo, homme. Les caractéristiques anatomiques, présentées et comparées, sont étayées par la génétique qui corrobore notre parenté avec les autres grands singes. Cette partie se termine par un chapitre nous rappelant que des facultés intellectuelles et une vie sociale complexe ne sont pas lapanage des hommes mais aussi de nos «cousins» qui, comme nous, ont la capacité de se reconnaître et de développer des traits culturels.
Les australopithèques constituent le sujet de la troisième partie. Lauteur reprend la même progression chronologique, dans laquelle il tient compte des dernières découvertes, à savoir les fossiles de Toumaï et Orrorin. Il rappelle en parallèle lhistoire de la recherche, de ses errements, qui ont placé dabord les origines de lhomme en Asie (pithécantrope et sinanthrope), avant de trancher en faveur de lorigine africaine confirmée par Lucy. Il présente ensuite les différents australopithèques ainsi que le milieu dans lequel ils vivaient, la savane. Cest dans cet écosystème que les grands singes, séparés de leur environnement de prédilection, la forêt, par le Grand Rift est-africain, auraient évolué vers la bipédie (théorie de lEast Side Story). Néanmoins, cette théorie reste très discutée, notamment du fait de nouveaux fossiles la remettant en question.
Les premiers hommes apparaissent dans un contexte de refroidissement du climat mondial, il y a 2,5 à 3 millions dannées. Ce sont lHomo habilis et lHomo rudolfensis, qui sont de meilleurs bipèdes que les australopithèques et présentent des caractéristiques anatomiques humaines. Puis vient un homme nouveau qui conquiert lAfrique, lAsie et lEurope : lHomo erectus. Sous ce nom, se cachent des variantes continentales encore discutées : Homo ergaster en Afrique, erectus en Asie et heidelbergensis en Europe. Cet homme améliore loutillage avec le biface et maîtrise le feu.
La dernière partie aborde la fin de lévolution humaine : dabord lhomme de Neandertal, adapté à lenvironnement très froid de lEurope du Paléolithique moyen. Il disparaît, il y a environ 30 000 ans, remplacé par lHomo sapiens. Lauteur nous présente son évolution jusquau Néolithique ainsi que sa conquête du monde. En guise de conclusion, Erick Seinandre nous rappelle alors que, malgré nos différences physiques, nous sommes tous égaux génétiquement parlant, et tous issus dun petit groupe dhommes vivant en Afrique, il y a quelques dizaines de milliers dannées.
De prime abord, cet ouvrage se présente comme un recueil dinformations essentielles à connaître sur les origines de lhomme ; un livre que lon feuillette rapidement pour se remémorer tel ou tel point. Les très nombreuses illustrations et les petits encarts enrichissent le propos et le rendent abordable à de jeunes lecteurs ou à ceux ne connaissant pas du tout le sujet. On notera aussi que lauteur a tenu compte des dernières découvertes et rappelle les divergences entre les scientifiques confrontés à linsuffisance de preuves fossiles.
Mais le lecteur attentif formulera deux reproches majeurs. Premièrement, traiter un tel sujet sur 119 pages paraît difficile, contrainte qui conduit lauteur à résumer, parfois à outrance, et à user de raccourcis. Par souci de simplification, il donne ainsi certaines informations comme vérifiées alors quelles ne sont que des théories restant à valider, sans tenir compte de la polémique scientifique. Le deuxième reproche est, quant à lui, impardonnable. Erick Seinandre est présenté comme un journaliste scientifique qui a consacré plusieurs publications aux origines de lhomme et des primates. Il semble bien maîtriser son sujet mais, lorsquil aborde les périodes quil connaît peu, comme le Paléolithique moyen ou supérieur, il affirme des choses sans les vérifier ou sans les expliquer correctement. Pour exemple, lauteur date linvention de larc dau moins 50 000 ans, alors quaucune preuve dune telle ancienneté nexiste à ce jour. Dans son paragraphe sur la culture aurignacienne, il cite des sculptures en argile cuite au four à Kotiensky en Russie comme appartenant à cette culture. Or ce site date du Gravettien oriental, dune époque donc plus récente, et ne présente aucune sculpture en argile, mais des sculptures en ivoire et en calcaire. Le seul site connu, lui aussi du Gravettien, pour ses sculptures en argile, cuites on ne sait comment, est Dolni Vestonice en République Tchèque
Une bibliographie dépassant la vingtaine douvrages aurait permis déviter des informations non vérifiées.
Mais dans ses grandes lignes, louvrage reste intéressant et remplit son objectif : fournir des rudiments de connaissances sur les origines de lhomme. Lapproximation de certaines informations impose au lecteur une approche critique qui devra être complétée par dautres ouvrages plus pointus.
Yvon Luneau ( Mis en ligne le 24/11/2004 ) Imprimer
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