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De remarquables clés de lecture | | | Paul Géhin Collectif Lire le manuscrit médiéval Armand Colin - U - Histoire 2005 / 27.50 € - 180.13 ffr. / 283 pages ISBN : 2-200-26978-1 FORMAT : 16,0cm x 24,0cm
L'auteur du compte rendu ; David-Jonathan Benrubi, élève à l'école des chartes, président de l'Association historique des élèves du lycée Henri IV, poursuit, sous la direction de MM. Bruno Laurioux et Michel Pastoureau, des recherches sur les représentations des banquets au Moyen Age : «Représentations symboliques de la commensalité et de la table au Moyen Age». Imprimer
LInstitut de Recherche et dHistoire des Textes est une unité propre de recherche du CNRS, dépendant du département scientifique «Homme & société». «LIRHT a pour mission la recherche fondamentale sur le manuscrit médiéval et la transmission des textes de l'Antiquité à la Renaissance. (
) Le champ couvert par l'IRHT est celui des langues de culture écrites autour du bassin méditerranéen : hébreu, grec, latin, arabe et langues romanes. La période étudiée commence avec la fin du monde antique et la mise en place du livre proprement médiéval et se prolonge jusqu'à l'apparition du livre imprimé.» (http://www.irht.cnrs.fr/) Les médiévistes sont familiers de ses microfilms et publications.
Toutes les équipes de cet institut ont collaboré dans lintention de fournir aux «étudiants, philologues éditeurs de textes, conservateurs de bibliothèques et restaurateurs de livres, historiens de lart et des techniques, historiens des idées et des cultures» un manuel complet et commode : que Lire le manuscrit médiéval paraisse aux Editions Armand Colin en fait un outil à la portée dun large public.
Il y a de multiples manières daborder les deux aspects du même document que sont lobjet-livre et le texte. Ce manuel entend les présenter toutes, en privilégiant une approche didactique, un équilibre entre la facilité dutilisation et le détail. Chacun des neufs chapitres a été rédigé par léquipe de recherche spécialisée dans le domaine qui y est abordé. Lenchaînement suit lordre des temps forts de la production et de la vie du manuscrit. Avec «Les matériaux», sont dabord présentées les principales techniques de fabrication du parchemin et du papier (le papyrus est demploi rare après le IVe siècle), et des différentes encres, ainsi que la manière de les identifier. Naturellement assez aride, mais qui soulagera les rédacteurs de notices de maux de tête, le chapitre proprement codicologique («lorganisation du volume») chante les aventures du bifeuillet dans le codex (si «réclames», «foliotation», «signatures», «collation» etc, ne vous disent rien, ou rien qui vaille, ce chapitre est pour vous, ou pas). Le troisième chapitre évoque la manière dont la page est préparée avant lécriture, cest-à-dire la réglure. Le quatrième sintéresse à lécriture, ou plutôt aux écritures, car les paléographies arabe, hébraique, grecque, latine et bien sûr française sont toutes considérées. Il nest pas question ici de morphologie, mais daspects plus généraux comme lemploi dabréviations (quand se développent-elles), le découpage du texte en sections (séparations des mots, pieds de mouche, paragraphes
).
Larticle sur la «décoration» rappelle brièvement des généralités de létat de la recherche sur le statut de limage dans les mondes juif et arabe, et sur celui des artistes, puis présente les fonctions du décor et la manière dont celui-ci est organisé, hiérarchisé, de la simple lettre de couleur à la miniature pleine page. Le sixième chapitre présente les «mentions portées au moment de la copie (
) et fournissant explicitement des indications sur lidentité du copiste, le lieu et la date de transcription
», notamment les colophons. Le septième sintéresse au contenu, notion beaucoup plus compliquée dans le cas du manuscrit médiéval que dans celui du livre imprimé. Le huitième revient à lobjet, avec la reliure il intéressera particulièrement les restaurateurs. Le neuvième concerne, enfin, les marques de provenance, et à travers elles, lhistoire du manuscrit après sa réalisation.
Tous les chapitres sarticulent autour de deux temps forts : dune part la présentation dun certains nombres de faits historiques nécessaires à la compréhension du document, dautre part des conseils pour la description et lidentification ; les uns et les autres sont remarquables de clarté, et lautorité des maîtres doeuvre leur confère une fiabilité rassurante. Une illustration limitée mais intelligente est souvent la bienvenue (schémas codicologiques, représentations de décors, schémas et représentations de reliure
). De copieuses notices bibliographiques quon attendait naturellement dans un tel ouvrage promettent dêtre utiles au rédacteur de notices.
A qui, dailleurs, cet ouvrage sadresse-t-il ? Les auteurs en sont conscients (cf. lintroduction, de Paul Géhin), les étudiants de premier cycle ne seront probablement pas concernés, ni ceux qui préparent les concours. En revanche ne feront certainement pas léconomie de son utilisation les chercheurs, a fortiori<:I> jeunes (maîtrise, DEA), qui travaillent sur des manuscrits médiévaux, quils soient historiens, historiens dart ou littéraires. Il doit déjà se trouver dans tous les bureaux de conservateurs de fonds patrimoniaux de bibliothèques, en France et ailleurs. Lintroduction leur rend presque un hommage, en forme de présentation et dhistoire du monde merveilleux des cotes !
Lire le manuscrit médiéval est un de ces manuels dont on voit mal comment ils pourraient, par le caractère limité de leur objet, obtenir un succès foudroyant, ou, par le caractère remarquable de sa réalisation, tomber dans loubli avant quelques générations. Deux traits rares.
David-Jonathan Benrubi ( Mis en ligne le 26/01/2006 ) Imprimer
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