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Histoire d’une polémique
Sylvain Gouguenheim   Aristote au Mont-Saint-Michel - Les racines grecques de l'Europe chrétienne
Seuil - L'univers historique 2008 /  21 € - 137.55 ffr. / 277 pages
ISBN : 978-2-02-096541-5
FORMAT : 15,0cm x 24,0cm

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV sous la direction de Joël Cornette.
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L’histoire critique du livre de Sylvain Gouguenheim avait commencé le 2 avril par les louanges rendues aux plus grands livres. Roger Pol-Droit, dans Le Monde du jour, faisait alors une large place au travail de ce professeur en histoire médiévale de l’École normale supérieure de Lyon qui avait déjà bousculé les idées reçues de l’historiographie dans un précédent livre, Les Fausses terreurs de l’an mil, publié en 1999. Cette fois, il s’attaque à morceau plus polémique puisqu’il souhaite remettre en cause la dette de l’Occident à l’égard du monde islamique, dans sa redécouverte de l’Antiquité.

D’entrée de jeu, l’auteur récuse l’idée d’un occident médiéval brutal, proche de la barbarie au regard d’une civilisation islamique de tous les raffinements. En dépit de la perte progressive de la langue grecque, les savants occidentaux du haut Moyen-Âge n’auraient jamais renoncé à l’héritage antique, convaincus des racines grecques de leur culture et désireux de posséder des expressions intellectuelles susceptibles d’explorer clairement les mystères de la foi.

Cette méconnaissance tiendrait à des historiens trop attachés, pour des raisons politiques, à défendre l’idée d’un transfert culturel entre le monde islamique et la chrétienté occidentale. Sylvain Gouguenheim déplore ainsi le peu d’intérêt de l’historiographie pour le monde byzantin, pourtant riche en manuscrits grecs et foyer de départs de nombreux savants hellénistes vers l’occident. D’ailleurs, il tient à réhabiliter la figure de Jacques de Venise – dont on connaît à peine la vie sinon qu’il s’est rendu à Constantinople. Au milieu du XIIe siècle, ce moine de l’abbaye du Mont Saint-Michel aurait été le premier à traduire Aristote en Occident. Dès lors, selon l’auteur, il n’est plus possible d’affirmer que notre connaissance de l’Antiquité soit le résultat unique de la reconquista espagnole et des échanges avec la Tolède musulmane.

Dans Le Monde des livres du 24 avril 2008, un éminent spécialiste de l’Islam, le professeur Gabriel Martinez-Gros, s’insurge pourtant contre ce livre truffé d’erreurs – sans qu’il ne nous en donne une liste bien étoffée. Il le juge surtout insultant à l’égard de la civilisation musulmane. Le point de désaccord majeur concerne les chrétiens syriaques, traducteurs des auteurs grecs en arabe. Pour lui, sans être musulmans, ils participent de la civilisation islamique tandis que pour Sylvain Gouguenheim, ils restent des chrétiens avant tout. Aussi les chrétiens occidentaux n’auraient hérité des musulmans que d’un savoir déjà chrétien.

Les affirmations de l’auteur sur le caractère sectaire de l’Islam, religion où la foi dans le Prophète justifierait le crime et l’anathème contre la raison, donne à ce livre un accent pamphlétaire. Le titre racoleur de l’une des annexes : «L’amie d’Himmler et le soleil d’Allah» est sans doute ce qui a mis le feu aux poudres dans le milieu universitaire. Plusieurs pétitions, signées par certains des plus grands noms de l’histoire médiévale, circulent sur internet ou dans les médias.

A notre avis, cette polémique importe peu. Le plus grave pour l’auteur concerne la qualité de ce livre. Sans doute écrit un peu rapidement, il paraît déraisonnable de prétendre renouveler l’historiographie en seulement deux cents pages. On comprend aussi aisément la consternation de Sylvain Gouguenheim dans les colonnes du Monde daté du 24 avril: «je suis bouleversé par la virulence et la nature de ces attaques. On me prête des intentions que je n’ai pas». En effet, le plus incompréhensible dans cette affaire est qu’une maison d’édition aussi prestigieuse que Le Seuil ait pu accepter de publier ce livre aux affirmations maladroites et insuffisamment étoffées.


Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 25/06/2008 )
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