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| Histoire & Sciences sociales -> Période Moderne |
| Roland Mousnier L'Assassinat d'Henri IV
Gallimard - Les journées qui ont fait la France 2008 / 22,50 € - 147.38 ffr. / 375 pages
ISBN : 978-2-07-012315-5
FORMAT : 15cm x 22cm
Préface d'Arlette Jouanna.
L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV sous la direction du professeur Joël Cornette à lUniversité Paris VIII.
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Depuis sa disparition en 1993, Roland Mousnier reste lun de nos historiens les plus importants. Ses travaux consacrés aux institutions de lépoque moderne - particulièrement au monde de loffice - demeurent incontournables et leurs qualités littéraires nont pas peu fait pour leur renommée.
Cest donc avec raison que les éditions Gallimard rééditent LAssassinat dHenri IV (14 mai 1610), livre aussi informé quagréable à lire. Écrit voilà quarante ans, louvrage ne sest pas démodé même sil est marqué par le contexte politique de lépoque : lirrésistible ascension du gaullisme, renforcé par lattentat du petit Clamart (22 août 1962).
Quelles conditions politiques, sociales et culturelles ont rendu possible le geste meurtrier du très catholique François Ravaillac ? Telle est la question que se pose lauteur. En effet, si rapidement, faute de sources, il évacue la théorie du complot, Roland Mousnier voit dans ce régicide un tueur fragile psychologiquement autant que linstrument inconscient dun puissant vouloir collectif. Dès les débuts de son règne en 1589, beaucoup de Français considèrent Henri IV comme un tyran aussi bien dusurpation que dexercice.
Dusurpation, car un nombre important de catholiques jugent sa conversion (25 juillet 1593) comme un acte de pur arrivisme politique. La guerre contre les Habsbourgs avec le soutien des puissances protestantes, aussi bien que son refus de publier les articles du concile de Trente jettent le doute sur sa foi.
Tyran dexercice aussi, car pour soutenir leffort de guerre et payer le ralliement des Grands, il organise un véritable matraquage fiscal, violant les libertés des villes, des parlements et des États provinciaux. Ses réformes monétaires, les faveurs accordées aux officiers laissent aussi un goût amer à bon nombre de nobles et de bourgeois.
Le geste de Ravaillac était donc attendu par beaucoup de monde ces «Ravaillac de cur» comme les appelle Roland Mousnier même sil semble ignorer quà la différence de lassassinat dHenri III, il ny eut pas de réjouissances publiques à Paris en 1610. De toute manière, ce meurtre lun des derniers des guerres de religion - ne remplit aucun des buts attendus. Très vite, la politique «souple, nuancée, attentive aux circonstances et aux possibilités que mena Henri IV» reprit le dessus. Elle était en effet la plus favorable aux intérêts de la France et dune monarchie qui devait «concilier des contradictoires et maintenir en équilibre des forces contraires».
Pour ceux que le téléfilm, diffusé le 13 janvier sur France 2 et consacré à ce moment clef de notre histoire, aura intéressé, ce livre est indispensable. Il permet de mieux comprendre les ressorts dune journée qui devait définitivement décrédibiliser les catholiques ultramontains et intransigeants au profit des tenants dune monarchie absolue en plein essor. Était-ce inexorable ? Roland Mousnier en est convaincu. Comme le gaullisme ?
Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 27/01/2009 )
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