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Un homme des Lumières
Emmanuel de Waresquiel   Talleyrand - Dernières nouvelles du Diable
CNRS éditions 2011 /  19 € - 124.45 ffr. / 210 pages
ISBN : 978-2-271-07237-5
FORMAT : 14cm x 22cm

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.
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Dans Choses vues, Victor Hugo écrivit naguère qu’il tenait Talleyrand (1754-1838) pour «un personnage étrange, redouté et considérable». Et le poète de préciser qu’«il était noble comme Machiavel, prêtre comme Gondi, défroqué comme Fouché, spirituel comme Voltaire et boiteux comme le diable» (p.20). Le portrait esquissé par le célèbre écrivain rend bien compte de la nature trouble et insaisissable de cet homme politique à tout le moins insolite. La légende veut d’ailleurs que Talleyrand ait affirmé sans ambages que «la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée» (p.92). Ce qui lui valut une kyrielle de surnoms peu flatteurs : tour à tour, le «prince de Bienauvent» fut en effet qualifié d’«image scintillante du mal» (p.116), de «diable boiteux» et de «merde dans un bas de soie».

Plus d’un siècle et demi après sa disparition, Talleyrand ne cesse de fasciner. Qu’on le considère comme un génie ou bien qu’on le tienne pour un opportuniste prêt à tout, qu’on le porte aux nues ou bien qu’on le voue aux gémonies, l’ancien évêque d’Autun ne laisse pas indifférent. Le prince de Bénévent fut une figure à bien des égards fascinante, amorale et géniale, ainsi que le laisse entendre Emmanuel de Waresquiel dans son récent ouvrage Talleyrand. Dernières nouvelles du diable. Grâce à une série de sources inédites, cette nouvelle biographie vise à prolonger la réflexion que l’auteur a initiée avec Talleyrand. Le prince immobile (2003). Il faut dire que «l’homme aux treize serments» usa, et abusa, de «la duplicité, de la ruse, du mensonge, de la trahison, de la concupiscence, de la luxure, de l’intérêt». Ce qui, d’après le biographe, est la marque des hommes de «caractère» (pp.21-20).

Au cours de cet intéressant ouvrage, Emmanuel de Waresquiel présente Talleyrand comme un authentique «homme des Lumières». A cet égard, avance-t-il, «il personnifie absolument, par son éducation, sa pensée, son esprit et jusque dans son style, le XVIIIe siècle éclairé des Fontenelle, des d’Alembert, des Montesquieu et des Voltaires, mais aussi le XVIIIe siècle politique des Fleury et des Choiseul, d’un bout à l’autre de sa vie jusqu’à sa mort en 1838» (p.35). Toutefois, contrairement à nombre de ses contemporains, il n’eut de cesse de se défier de tout idéalisme. Il qualifiait ironiquement le sentimentalisme politique d’«allamenderie» (p.117). A propos de la trahison supposée du roi de Saxe, resté fidèle à Bonaparte, le prince déclara par exemple lors du congrès de Vienne qu’elle n’était rien de plus qu’une «question de date» (p.123).

Terreur révolutionnaire oblige, l’abbé de Périgord fit l’expérience de l’exil, durant lequel il en profita pour se rendre aux Etats-Unis d’Amérique. Le «diable boiteux» ne garda pas un souvenir impérissable de la république naissante… Généreux dans le mépris, Talleyrand n’aimait pas davantage la Russie qu’il considérait comme barbare. Réussissant à se faire rayer de la liste des émigrés, il revint en France en 1796, où quelques années plus tard il épousa l’une de ses maîtresses. Ce qui lui valut à nouveau les foudres de l’Eglise. Plus loin, l’auteur plonge le lecteur dans la «douceur de vivre» talleyrandienne (pp.63-68).

L’impénétrable évêque d’Autun fut également un homme d’affaires avisé, dont Chateaubriand dit que «lorsqu’il ne conspire pas, il trafique» (p.72). L’habitué des «douceurs diplomatiques» - i.e. des pots de vin - fut l’un des plus éminents architectes de l’Europe issue du congrès de Vienne, à l’occasion duquel il parvint à installer la France au rang d’arbitre du concert des nations. Jusqu’à la veille de sa mort, comme le rappelle son biographe, Talleyrand finassa. C’est l’infinie complexité de cet homme que décrypte Emmanuel de Waresquiel dans cet ouvrage fort agréable à lire.


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 04/10/2011 )
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