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La pensée des décembristes
Julie Grandhaye   Russie : la République interdite - Le moment décembriste et ses enjeux (XVIIIe - XXIe siècles)
Champ Vallon - La Chose publique 2012 /  26,40 € - 172.92 ffr. / 373 pages
ISBN : 978-2-87673-569-9
FORMAT : 14cm x 22cm

Les auteurs du compte rendu :

Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris I-Sorbonne, conservateur en chef du patrimoine, Thierry Sarmant est responsable des collections de monnaies et médailles du musée Carnavalet après avoir été adjoint au directeur du département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France. Il a publié, entre autres titres, Les Demeures du Soleil, Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003), Vauban : l'intelligence du territoire (2006, en collaboration), Les Ministres de la Guerre, 1570-1792 : histoire et dictionnaire biographique (2007, dir.).

Jean-Pierre Sarmant est inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale.

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Le 14 décembre 1825, deux régiments massés sur la place du Sénat de Saint-Pétersbourg refusent de prêter serment au nouvel empereur, Nicolas Ier. Les protagonistes de cette rébellion avortée, les «décembristes», sont arrêtés, 121 sont condamnés, cinq sont pendus, les autres déportés.

Comme le titre le laisse entendre, l’auteur ne fait qu’évoquer ce «moment» de l’histoire russe dont le retentissement est considérable dans l’Europe de la Sainte Alliance. Plutôt que de reprendre la narration d’évènements déjà très étudiés, Julie Grandhaye entreprend d’en retracer tant la genèse que la filiation dans l’histoire russe et plus précisément au sein de l’histoire de la pensée politique de ce pays.

Dès Pierre le Grand et surtout à partir de Catherine II, qui promeut une complexe légalité de façade destinée à masquer la simple autocratie, l’Empire Russe abonde en penseurs de l’art de gouverner. Ils subissent l’influence des auteurs occidentaux et l’un de leurs premiers travaux, parfois lourd de conséquences, consiste à trouver des équivalents russes à un vocabulaire politique emprunté au latin ou au français. À partir de la fin du siècle, l’exemple des Républiques américaine et française donne au terme issu du latin res publica un sens plus précis que la seule «chose publique». Après l’éclosion des nouvelles Républiques sud-américaines, le début du XIXe siècle est un moment d’engouement pour le gouvernement représentatif.

Les futurs décembristes sont pour l’essentiel des officiers nobles très cultivés, parlant en général au moins trois langues. Nombre d’entre eux, ayant participé brillamment aux guerres contre Napoléon, ont une bonne connaissance de l’Europe occidentale. Ils se répartissent au sein de trois sociétés secrètes qui sont toutes très marquées par l’idéal républicain. La Société du Nord pourrait se contenter d’une monarchie constitutionnelle fédérale, la Société du Sud promeut une République fortement centralisée et la Société des Slaves Unis souhaite une fédération de Républiques qui dépasse le cadre de l’Empire.

L’auteur, slavisante de haut niveau, a lu la totalité de l’abondante production laissée par les décembristes. Elle décrit et analyse leurs projets politiques, leur pensée foisonnante et souvent contradictoire. Plusieurs sujets – ainsi la façon de gérer le caractère multinational de l’Empire – évoquent des questions qui se sont posées au long de l’histoire russe et sont toujours d’actualité. Ainsi, en lisant Pestel, membre de la Société du Sud, qui écrit «Si l’on renforce cette mosaïque de peuples au moyen d’une organisation fédérative de l’État, alors ces régions aux peuples allogènes se désolidariseront très vite de la Russie», on ne peut s’empêcher d’évoquer deux autres moments de l’histoire russe, celui du choix fédératif (pourtant de façade) qui a présidé à la fondation de l’URSS en 1922 et celui de sa dissolution en 1991.

Très richement documenté et référencé, cet ouvrage intéressera particulièrement les spécialistes des sciences politiques. Les décembristes sont souvent connus du public français à travers des œuvres de fiction telles que Les Dames de Sibérie d’Henri Troyat, qui évoque surtout des destins personnels. Il se dit que Guerre et Paix n’était, dans le projet initial de Léon Tolstoï, que la première partie d’une œuvre monumentale qui aurait conduit les héros jusqu’aux évènements de décembre 1825. Quoi qu’il en ait été, le lecteur du livre de Julie Grandhaye reconnaîtra bien dans la culture et la pensée de Pierre Bezoukhov celles d’un futur décembriste.


Jean-Pierre & Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 10/04/2012 )
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