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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Moderne  
 

L’irrésistible ascension du Parlement anglais
Stéphane Jettot   Représenter le Roi ou la Nation ? - Les parlementaires dans la diplomatie anglaise (1660-1702)
PUPS - Centre Roland Mousnier 2012 /  24 € - 157.2 ffr. / 598 pages
ISBN : 978-2-84050-773-4
FORMAT : 16,0 cm × 24,0 cm

Lucien Bély (Préfacier)

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et docteur en histoire moderne.

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Dans l’état des lieux de la recherche française paru il y a peu aux Presses Universitaires de France, Jean-François Sirinelli rappelait à quel point les historiens français demeurent autocentrés sur l’histoire nationale, leurs réticences à prendre le large, sans doute pour des raisons linguistiques et matérielles, mais aussi à cause de logiques institutionnelles qui favorisent des historiens capables d’enseigner l’histoire de France aux étudiants. Pour cette raison, il faut saluer l’entreprise de Stéphane Jettot qui n’hésita pas à se plonger dans les archives anglaises, labyrinthe qui n’a pas connu la centralisation ni la rationalisation monarchique puis jacobine à la française. On devine le courage et l’abnégation qui furent nécessaires à l’auteur pour dépouiller ces continents peu explorés des archives du State Public Record Office de Kew, mais aussi des papiers privés dispersés aux quatre coins de l’Angleterre. Aujourd’hui, Stéphane Jettot est en mesure de nous donner à lire une étude érudite sur les parlementaires anglais, qui reçurent des missions diplomatiques entre la restauration monarchique (1660) et la mort de Guillaume III d’Orange (1702).

Cet ouvrage regorge d’informations sur le fonctionnement du Parlement anglais de même que sur les forces sociales, politiques et économiques qui le traversèrent. Lire ce livre permet de se familiariser avec une institution regardée avec condescendance par Louis XIV, qui ne voyait dans cette assemblée qu’une faiblesse supplémentaire car, à ses yeux, la décision politique devait être légitimée par une autorité résolument unique. Mais c’est précisément dans la foule des connaissances qui se déverse dans ces pages qu’apparaît peu à peu sa principale faiblesse : la difficulté à nous convaincre que les parlementaires diplomates constituaient un groupe suffisamment homogène et pertinent pour constituer un objet historique. Or, page après page, ces hommes, mis dans le même sac, semblent traversés par les mêmes clivages que les autres parlementaires et qu’à trop les étudier, c’est le Parlement lui-même qui devient l’objet réel d’étude, au risque de la dilution.

Aussi la réflexion est-elle toujours plus entravée par des considérations générales, du plus haut intérêt pour l’amateur d’histoire, mais qui diminuent d’autant la puissance de la réflexion sur les parlementaires diplomates. L’accumulation de tableaux, de digressions sur l’histoire anglaise, le plan assez lâche et une introduction décousue, incertaine et hésitante laissent le lecteur non pas sur sa faim, car encore une fois ce livre est foisonnant, mais quelque peu frustré faute de ligne claire et solide. En somme, on attendait, de ce qui était hier une thèse, un travail de jardinier anglais, toujours soucieux d’élaguer, sans pour autant contraindre excessivement les forces de la nature.

Ces remarques trop sévères (en réalité celles d’un lecteur qui prit plaisir grâce à ce livre à comprendre un peu mieux nos voisins anglais) ne doivent pas occulter l’apport essentiel de l’ouvrage. Dans les années 1660, les diplomates parlementaires participèrent au renforcement de l'autorité de Charles II. Ils désiraient une plus grande tolérance religieuse et tenaient à augmenter les ressources de la monarchie. Héritiers de la politique que Cromwell mena sur le continent, ils travaillèrent au rapprochement avec le Portugal, la France et les pays scandinaves contre les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies jugés menaçants pour le commerce anglais. Mais les fortes dépenses de la guerre anglo-hollandaise et l'humiliation de la défaite compromirent les relations entre Charles II et Westminster. À la fin des années 1660, l'opposition parlementaire prit conscience des risques associés à la conquête des Pays-Bas par Louis XIV, au basculement du rapport de force en Europe en faveur des catholiques et au déficit commercial avec la France. Aussi le nombre de parlementaires diplomates baissa-t-il considérablement entre 1685 et 1700. Mais parce qu'il semblait être capable de conjuguer les intérêts publics et privés, le Parlement, à la différence des Stuart, suspectés de mener une politique mue par les seuls intérêts dynastiques, devint un outil de légitimation au même titre que le souverain.


Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 10/07/2012 )
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