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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Moderne  
 

Un révolutionnaire type
Pierre Nicolas de Fontenay   Lettres à Babeth - Chroniques de l'Assemblée nationale par un Normand - 1789-1791
Editions SPM 2015 /  49 € - 320.95 ffr. / 608 pages
ISBN : 978-2-917232-35-4
FORMAT : 15,0 cm × 24,0 cm

Anne Mézin et Hugues de Boissieu (Annotateurs)

L'auteur du compte rendu : Françoise Hildesheimer est conservateur général aux Archives nationales et professeur associé à l'université de Paris I. Elle a notamment publié : Richelieu (Flammarion, 2004), La Double mort du roi Louis XIII (Flammarion, 2007) ainsi que Monsieur Descartes (Flammarion, 2010).

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Les sources épistolaires suscitent, on le sait, l’intérêt soutenu des historiens et des éditeurs de textes ; celle-ci ne peut manquer de susciter tout à la fois leur admiration et leur reconnaissance pour ses éditeurs. Naguères, étudiant les députés à l’Assemblée constituante, Timothy Tackett avait réuni un corpus dont le chiffre moyen de lettres par député était de 65. Ici il s’agit des 626 lettres écrites quotidiennement à son épouse par Pierre Nicolas de Fontenay, député de Rouen. Non seulement la quantité de ces lettres est exceptionnelle, mais la qualité de la relation qu’elles délivrent est tout aussi remarquable ; une information de première main délivrée dans un style simple et agréable, tout contribue à faire de Pierre Nicolas de Fontenay un guide à la suite duquel on revisite une période si rebattue dans les manuels d’histoire de la Révolution ; et elle prend avec lui des couleurs familières, moins dramatiques et sans doute plus réelles ; les grands principes que l’on tente de transcrire dans la constitution y sont incarnés, et la grandeur et les difficultés de l’entreprise y sont sensibles : «Le propre de notre Révolution sera, j’espère, de n’avoir fait l’avantage de personne et le bien de tous» (6 février 1790).

Bourgeois éclairé, né à Rouen le 27 septembre 1643, négociant-industriel, gestionnaire municipal, Fontenay peut en effet nous apparaître comme le «révolutionnaire» type de ces années, tout aussi sincèrement monarchiste qu’il est engagé dans le mouvement de réforme né de la faillite financière de l’État ; il est très conscient de participer à l’avènement d’un monde nouveau, mais, en bon Normand, se soucie peu de s’y illustrer et de se mettre en avant : son solide bon sens se double d’une discrète prudence, et pourtant, il ne peut s’empêcher de témoigner d’une progressive admiration pour un personnage qui lui est aussi étranger que Mirabeau, tout en restant, quant à lui, dans l’ombre de Thouret et se souciant de mener une vie régulière au milieu des événements les plus extraordinaires. Ouverture des États, débats autour du vote par tête, serment du Jeu de Paume, nuit du 4 août, événements d’octobre, transfert à Paris, transfert des cendres de Voltaire au Panthéon, fuite du roi…, nouvelles politiques, complots et rumeurs, fonctionnement de l'Assemblée sont relatés avec une spontanéité leur confèrant un air de normalité désacralisée ; bref, une relecture familière et bienvenue d’une des périodes les plus connues de notre histoire.

Adressées du centre vers la périphérie, ces lettres incarnent encore davantage les événements nationaux en les reliant à leurs répercussions normandes, dont l’importance n’est pas moindre pour notre Fontenay. Adressées à sa femme, Marie-Élisabeth Ribard, qui le rejoint à Paris fin juillet 1791 (ce qui fait que nous ne possédons plus de lettres pour les derniers mois de l’Assemblée), elles sont de surcroît un témoignage sur les relations au sein de ce couple uni d’affection véritable, sur leurs problèmes domestiques et leurs relations rouennaises.

Précédée d’une introduction analytique, l’édition annotée des lettres est complétée par un très utile index (pp.565-604) dont l’ampleur montre à elle seule toute la richesse. On regrettera, avec les éditeurs, de ne point disposer des opinions de Fontenay pendant les derniers mois de l’Assemblée, et on admirera sa sagesse de ce notable prudent plus monarchiste que républicain qui, à l’exception d’un emprisonnement de quatre mois en 1793, lui permit d’exercer ensuite les fonctions de maire de Rouen et de terminer sa vie sénateur en 1804, incarnant la sage réussite d’une révolution fort bourgeoise.


Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 19/05/2015 )
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