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Le ministre, le peintre et le savant
Nicolas Milovanovic   Du Louvre à Versailles - Lecture des grands décors monarchiques
Les Belles Lettres - Le Cabinet des images 2005 /  41 € - 268.55 ffr. / 312 pages
ISBN : 2-251-44283-9
FORMAT : 23x24 cm

L'auteur du compte rendu : Archiviste-paléographe, docteur de l'université de Paris-I-Sorbonne, Thierry Sarmant est conservateur en chef du patrimoine au Service historique de l'armée de Terre. Il prépare, sous la direction du professeur Daniel Roche, une habilitation à diriger des recherches consacrée à "Louis XIV et ses ministres, 1661-1715". Il a publié une vingtaine d'articles sur l'histoire politique et culturelle de la France moderne et contemporaine et six ouvrages dont Les Demeures du Soleil : Louis XIV, Louvois et la surintendance des Bâtiments du roi (2003)et La Roumanie dans la Grande Guerre et l'effondrement de l'armée russe (1999).
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Est-ce la restauration, toute récente, de la Galerie d’Apollon ? Celle, en cours, de la Galerie des Glaces, ou les projets pharaoniques de restitution des monuments ou des bosquets disparus de Versailles ? Toujours est-il que les grands décors de la monarchie attisent depuis quelques années la curiosité des historiens. On se souvient ainsi du stimulant essai de Gérard Sabatier, Versailles ou la figure du roi (1999).

L’étude de Nicolas Milovanovitch se situe dans la lignée de ce travail pionnier. Mais cette fois l’enquête s’étend notablement dans l’espace et dans le temps : l’auteur prend pour objet les grandes demeures royales, princières ou ministérielles du XVIIe siècle, Versailles, mais aussi Fontainebleau, le Louvre, le Palais-Royal, Vincennes, Saint-Cloud ou Vaux – avec pour terrain de prédilection la période 1653-1683. D’autre part, les décors français sont mis en parallèle avec leurs modèles italiens, proches ou lointains, des deux siècles précédents.

N. Milovanovitch s’est d’abord intéressé à l’élaboration de ces grands décors, aux rapports complexes entre peintres et architectes, d’un côté, princes, ministres et intellectuels au service de l’Etat, de l’autre. Prestigieuse histoire, où figurent Champaigne, Vouet, Le Sueur, Le Brun, pour les peintres, Salomon de Brosse, Jacques Lemercier, François Mansart, Louis Le Vau, Hardouin-Mansart, pour les architectes, Richelieu, Mazarin, Fouquet, Colbert et Louvois pour les ministres, et bien sûr, ceux qu’il s’agit de glorifier, les rois Bourbons, leurs épouses et leur parentèle.

À ce stade, il apparaît que les décors monarchiques reflètent moins le goût du prince ou ceux d’un éventuel public que l’univers intellectuel propre à un milieu restreint de hauts fonctionnaires, d’artistes lettrés et de savants. Quand Louis XIV émettra des desiderata propres en matière de décor, ce sera, à partir des années 1680, pour faire exécuter des plafonds uniformément peints en blancs, ou, en 1699, pour trouver que «les sujets sont trop sérieux», pour réclamer «qu’il y ait de la jeunesse mêlée dans tout ce que l’on fera», «de l’enfance répandue partout».

L’enquête de Nicolas Milovanovitch se concentre ensuite sur les sources artistiques ou littéraires des grands décors monarchiques : Iconologie de Cesare Ripa, Vies parallèles de Plutarque et autres auteurs de l’Antiquités alors connus par leur traduction française, statues ou médailles antiques, écrits des philosophes et des théoriciens contemporains, tels que Descartes ou Abraham Bosse, etc. L’auteur étudie particulièrement la collaboration entre artistes et érudits et de l’influence de la culture savante sur les artistes.

La question classique du portrait du roi forme le troisième volet de l’ouvrage. L’auteur y décrit l’évolution, déjà bien connue, qui même d’un portrait mythologique, en Hercule, en Jupiter, en Alexandre ou en Apollon, au portrait naturaliste de 1701, le grand portrait en pied en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud, image de Louis XIV qu’a retenue la postérité. On reconnaît à l’œuvre le fameux processus de «désenchantement du monde» mis en évidence par Marcel Gauchet, marqué par le déclin du goût pour les allégories et les symboles.

Le volume se clôt sur une série d’annexes, donnant un bref état des connaissances et la bibliographie essentielle pour l’étude de plusieurs grands décors conservés ou détruits : appartement du roi au Louvre, appartement d’hiver d’Anne d’Autriche, appartement d’été de cette reine, appartements de Vincennes, décors de Fontainebleau, Galerie d’Apollon au Louvre, décors des Tuileries, château vieux de Saint-Germain, grands appartements de Versailles, Escalier des ambassadeurs, Galerie des glaces.

En lisant cette énumération de lieux célébrissimes, on aura compris que l’étude de M. Milovanovitch est plutôt une relecture qu’une première lecture des décors monarchiques. On n’y trouvera ni découverte d’archives ni information inédite. L’essai vaut en fait par la mise en relation d’informations dispersées à travers maintes contributions érudites d’histoire de l’art et par le rapprochement entre ces informations et un corpus littéraire d’une grande richesse – philosophie, théologie, roman, descriptions, gazettes, recueils d’emblèmes.

Enfin, par rapport à son modèle de 1999, Du Louvre à Versailles souffre d’un défaut dont l’éditeur est responsable : tandis que dans Versailles ou la figure du roi, l’iconographie était mise au service du texte, ici toute l’illustration – pourtant en noir et blanc – a été rejetée dans un cahier situé en fin de volume. Dans ces conditions, les grands décors monarchiques risquent fort de nous demeurer aussi hermétiques qu’ils l’étaient pour les spectateurs du Grand Siècle, surtout sensibles, sauf quelques élus, à la richesse et à l’éclat de l’ensemble.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 06/05/2005 )
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  • Versailles ou la figure du roi
       de Gérard Sabatier
  • Du Louvre à Versailles
       de Nicolas Milovanovic
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