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Louis XII : le souverain à l'image incertaine
Nicole Hochner   Louis XII - Les dérèglements de l'image royale (1498-1515)
Champ Vallon - Epoques 2006 /  26 € - 170.3 ffr. / 308 pages
ISBN : 2-87673-453-2
FORMAT : 15,5cm x 24,0cm

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV.
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Eclipsé par le brillant règne de Francois 1er, Louis XII (1498-1515), n’a pas eu depuis longtemps la faveur des historiens. Nicole Hochner répare cette lacune par un brillant essai consacré aux représentations du pouvoir pendant ce règne. L’auteur entend montrer que les expressions picturales et littéraires de cette époque n'ont rien d'anecdotiques. Elles sont le lieu d'un affrontement idéologique entre les partisans d'un pouvoir centralisé dans la personne du roi et les tenants d’une monarchie de compromis avec les élites. Les premiers recourent à l'antiquité pour dire un pouvoir qu'ils veulent absolu, les autres utilisent les images plus traditionnelles de la monarchie médiévale.

Dès le début du livre, l’auteur refuse le terme de propagande monarchique. Nicole Hochner démontre avec brio qu’il n’existe pas de programme cohérent organisé par le pouvoir pour dire l’Etat et la place de son souverain. Elle rejette aussi une conception évolutionniste des représentations du roi. A la figure du Très-Chrétien au début du règne ne succède pas celle de l'imperator sous l’influence grandissante de la Renaissance. Ces images cohabitent en permanence au gré des lieux,des auteurs, des idées et du public concerné.

Lorsque Charles VIII disparaît en 1498, le nouveau souverain manque cruellement de légitimité. Son opposition à la couronne, lorsqu’il n’était que duc d’Orléans, fait douter de sa capacité à régner. Pour gagner en autorité, l’image ancestrale d’un roi Très-Chrétien, sacré à Reims seulement six semaines après son avènement, est utilisée lors des entrées du souverain à Paris ou dans les villes de province. Cette iconographie sert à rassurer en montrant que Louis XII s’inscrit dans la longue histoire de la monarchie.

D’ailleurs, les guerres italiennes de Louis XII permettent de réactiver le topos du chevalier vertueux à la tête de son armée. Cette image reçoit un prolongement plus original dans le blason du roi, hérité de son grand-père, Louis d'Orléans : le porc-épic. Par ses piquants, ce dernier est à la fois le symbole d’une force défensive et offensive. Il permet d’affirmer la supériorité militaire de la France en Italie et la légitimité de Louis XII à revendiquer le Milanais.

L’auteur montre que le titre de pater patriae, décerné en 1506 par les Etats de Tours, met en lumière les idées modérées de Louis XII. Le caractère paternel donné à la monarchie insiste sur l’amour du roi pour son peuple. Il devient la figure du souverain moins attaché à décider qu'à consulter, moins pressé de donner des ordres que de trancher entre des avis contradictoires. En quelque sorte, il rompt avec le modèle prôné par Louis XI (1461-1483) déjà l'archétype du pouvoir sans partage. En cela, la reine, dont les représentations sont étudiées dans le dernier chapitre, joue un rôle central. Elle contribue à l’idylle du roi et de son peuple en encourageant la paix et l’amour. Il est de coutume d'affirmer en cette fin du XVe siècle que là où le roi plante, la reine arrose et fait fructifier le jardin, symbole du royaume.

Alors que la France s’ouvre lentement aux influences italiennes, Nicole Hochner décrit un prince attaché au compromis. Tenue de Dieu, son autorité absolue est tempérée par l'amour de son peuple. L'absence d'héritier et son déficit de légitimité au début du règne ne lui ont peut-être pas permis d'adopter une autre politique. Quoiqu'il en soit, le règne de Louis XII demeure l’ultime moment avant la consécration de l’absolutisme : cela en fait toute son originalité.

Soulignons que cette étude est mise en valeur par une édition remarquable. Les nombreuses illustrations, indispensables pour ce genre d'ouvrage, rappellent combien les éditions Champ Vallon ont le souci de fabriquer de beaux livres d’histoire.


Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 31/01/2007 )
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