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La femme dévoilée
Emmanuelle Peyraube   Le Harem des Lumières - L'image de la femme dans la peinture orientaliste du XVIIIe siècle
Monum' éditions du patrimoine 2008 /  39 € - 255.45 ffr. / 159 pages
ISBN : 978-2-85822-954-3
FORMAT : 22,5cm x 28,0cm

L'auteur du compte rendu : Matthieu Lahaye est professeur agrégé et poursuit une thèse consacrée au fils de Louis XIV sous la direction de Joël Cornette.
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Dans son livre consacré à l’image de la femme dans la peinture orientaliste du XVIIIe siècle, Emmanuelle Peyraube, jeune historienne de l’art, réussit, au fil de plusieurs dizaines d’oeuvres parfaitement reproduites et de commentaires ciselés, a nous montrer toute la richesse de sa discipline, encore souvent négligée par les historiens.

Un tableau vaut mieux que cent discours est peut-être la leçon de cette réflexion qui souligne combien le siècle des Lumières a éprouvé le besoin de se dire au prisme de l’autre, en l’occurrence de l’Orient. Le siècle des lettres persanes est d’abord celui de l’universel, où voyager, découvrir de nouvelles cultures, consiste d’abord à juger la sienne.

A la faveur d’un travail d’iconologie de première qualité, Emmanuelle Peyraube décrypte la manière dont l’orient est devenu un topos des arts plastiques. Richesse des intérieurs, perles turbans, couleurs vives, pachas allongés autour de femmes un peu lourdes : l’Orient attire autant qu’il fait peur. En effet, à mesure que les horizons de l’homme moderne s’élargissent, les Européens découvrent le monde fascinant de la femme orientale recluse dans son harem. Pour beaucoup de voyageurs cette institution princière pervertit la nature humaine. Théâtre d’appétits sexuels insatiables, quasi impossibles à contrôler, arène de la jalousie, en ce lieu se jouent des scènes insultants la morale et consacrant l’humiliation d’êtres humains.

Campés dans la certitude de la supériorité des valeurs chrétiennes, les hommes du temps restent en définitive assez hermétiques à la compréhension de l’orient. Ainsi, la turquerie paraît plus un thème décoratif pour des tableaux dont l’expression des personnages et leur désir sont les véritable objets. Jetons un œil seulement sur le tableau de Carl Van Loo (p.64) pour nous en convaincre. Le clavecin dont joue la maîtresse du sultan pourrait tout aussi bien être une scène de la cour de Versailles – l’exotisme en moins, évidemment. Mais l’Orient est le monde de l’ailleurs, du rêve et l’huile sur toile de Jacques de Lajoüe (p.67) représentant des jardins orientaux perdus dans leur profusion, en témoigne assez bien.

Au-delà du rêve, le monde du désir habite aussi la représentation de l’Orient comme le soulignent les odalisques vautrées sur leurs sofas, offrant aux spectateurs de belles grosses fesses rosées inondant un décors d’arabesques. Alors oui, le siècle s’ouvre aux autres pour mieux se dire car au terme du voyage exquis que nous propose Emmanuelle Peyraube, il nous semble plus en savoir sur le désir des hommes, alimentés par l’étrangeté du corps de la femme, dévoilée par son travestissement.


Matthieu Lahaye
( Mis en ligne le 25/06/2008 )
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