Jean-Philippe Garric Percier et Fontaine - Les architectes de Napoléon Belin - Portraits 2012 / 20 € - 131 ffr. / 216 pages ISBN : 978-2-7011-5569-2 FORMAT : 13,6 cm × 21,4 cm Imprimer
Architecte, ancien pensionnaire de la Villa Médicis et enseignant à lEcole nationale supérieure darchitecture de Paris-Belleville, Jean-Philippe Garric est spécialiste de la théorie de larchitecture de la fin de la période moderne à la période contemporaine ainsi que des échanges franco-italiens. Il vient de consacrer un ouvrage sur deux des plus grands architectes de Napoléon Bonaparte.
Au cours de cette intéressante enquête intitulée Percier et Fontaine, laquelle a été publiée aux éditions Belin, Jean-Pierre Garric se penche sur la riche histoire de ces deux amis, dont les destins ont été entremêlés à bien des égards. Lintérêt de cette double biographie réside dans la synthèse quelle opère entre les trajectoires de ces deux fortes personnalités. Jusquà présent, un tel travail navait jamais été réalisé. Cest, désormais, chose faite. Par ailleurs, lauteur met en relief lapport de chacun de ces deux artistes à leur uvre commune, mais aussi leurs espoirs et leurs inquiétudes ainsi que leurs joies et leurs déceptions liés à leur vie darchitecte.
Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine ont tous les deux connu lAncien Régime, puisquils ont respectivement vécu entre 1764 et 1838, et entre 1762 et 1853. Les voies quils empruntèrent initialement étaient différentes en raison de leurs origines sociales : alors que Fontaine était issu dun milieu aisé et put donc suivre des cours darchitecture dans une école privée, Percier était de plus modeste origine et il étudia quant à lui dans une école gratuite de dessin.
Cest dans latelier dAntoine-François Peyre que les deux jeunes apprentis architectes se rencontrèrent pour la première fois. Cette étape fut tout à fait capitale dans le parcours. En effet, ils y apprirent beaucoup et ils considérèrent toujours ce professeur comme leur «maître». A son sujet, Percier et Fontaine écrivirent en 1833 que «larchitecture fut toujours le principal objet de ses méditations, et tandis que son pinceau facile représentait les belles conceptions, les agréables décorations que son génie inventait, son esprit judicieux savait descendre aux plus petits détails, et aux plus minces particularités de la science, pour en faire lapplication à lexécution des ouvrages confiés à ses talents».
Mieux : sils tenaient Antoine-François Peyre pour un artiste et un praticien singulièrement attentif, ils le considéraient surtout pour le fondateur dune nouvelle théorie «dégagée des préjugés du temps et basée sur les découvertes dune longue», quils sefforcèrent de prolonger durant toute leur carrière. Après sêtre à nouveau fréquentés durant un séjour à Rome, dans le cadre du concours de lAcadémie de France, Percier et Fontaine se retrouvèrent à Paris, où en 1793 ils collaborèrent notamment pour concevoir les décors de lOpéra.
Sous la protection de David, Percier et Fontaine furent des architectes particulièrement en vue pendant la Révolution. Ils soccupèrent darchitecture dintérieur, mais aussi de mobilier et dart. A chaque fois, ils imprimèrent leur marque. Le Consulat et lEmpire leur seront tout aussi profitables que la République, Napoléon Bonaparte leur passant de très nombreuses commandes de 1799 à 1815 (notamment aux Invalides, à Malmaison, au Louvre, etc.).
A la suite de la chute de lEmpire, Percier simposa comme le principal professeur de lEcole des beaux-arts, tandis que Fontaine poursuivit son uvre au service des Bourbons. Sil travailla dabord pour le compte de Louis XVIII et de Charles X, le roi des barricades lui passa également des commandes. Comme le relève lauteur, alors quils furent «éduqués pour sinscrire dans un ordre stable et y tenir leur rôle, Percier et Fontaine servirent au contraire, avec plus ou moins denthousiasme, une suite de pouvoirs précaires, dont lexpérience leur procura une certaine expertise et un regard critique».
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 05/06/2012 ) Imprimer |