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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Le brave Marcel Weinum
Claude-Henry Du Bord   Marcel et la Main Noire - L’histoire exceptionnelle d’un réseau d’adolescents dans la Résistance
Editions du Moment - Moment d'histoire 2012 /  18.50 € - 121.18 ffr. / 217 pages
ISBN : 978-2-35417-173-5
FORMAT : 15,2 cm × 24,2 cm
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«Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n'attend point le nombre des années». Dans Le Cid, c’est ainsi que le célèbre Don Rodrigue réplique au Comte qui lui reproche son extrême jeunesse ainsi que son inexpérience. L’aphorisme parait tout à fait convenir à Marcel Weinum et à son réseau clandestin la Main Noire, lesquels luttèrent en Alsace contre le IIIe Reich.

Ainsi que le rappelle Claude-Henry du Bord dans son dernier ouvrage Marcel et la Main Noire. L’histoire exceptionnelle d’un réseau d’adolescents dans la Résistance, après la signature de l’armistice le 22 juin 1940, l’Alsace fut annexée par l’Allemagne hitlérienne. Alors que la région était redevenue française depuis la fin de la Grande Guerre, l’Alsace fut tout simplement désignée «terre d’empire» (Reichsland) en raison de son appartenance à la culture germanique, avant d’être rattachée au IIIe Reich.

Ce que ne goutèrent pas tous les Alsaciens. La portée de l’évènement était éminemment symbolique. Réunis aux Etats de Bade, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin formèrent le Gau Baden-Elsass. Tout se déroula comme si l’Alsace n’avait jamais été française. Les Allemands firent fi de l’histoire la plus récente et les Alsaciens devinrent partie intégrante du Deutsches Volk, comme le relève amèrement l’auteur. Robert Wagner fut nommé Gauleiter et n’eut de cesse d’arianiser l’Alsace.

Hitler lui avait en effet donné un délai de dix ans afin que la région fut «purement allemande». Tel fut également le cas en Lorraine. Tous les moyens étaient bons. Ces Français avaient déjà fait l’expérience des «boches, [lesquels] aiment parader, en imposer, gueuler, interdire ; ils se considèrent comme le nombril du monde et de l’humanité. Une morgue incroyable, continue Claude-Henry du Bord, l’esprit du conquérant. La race des seigneurs qu’ils disent. Tu parles. La race des saigneurs, oui».

Ainsi les Gauleiter d’Alsace et de Lorraine expulsèrent nombre de «traîtres allemands» en France, pour reprendre le vocable de Robert Wagner. Afin «de ne plus faire cadeau d’une seule goutte de sang allemand à l’étranger», les nouveaux maîtres des territoires occupés par les Nazis se ravisèrent. Quelques dix-sept mille Alsaciens furent alors déportés dans des camps de rééducation. Il fallait purifier à tout-va. Pour ce faire, les autorités utilisèrent à l’envi la Sippenhalft, c'est-à-dire les représailles contre la famille et les proches, ainsi qu’une justice expéditive.

En dépit de ce contexte de terreur omniprésente, d’aucuns se soulevèrent contre l’annexion au IIIe Reich et les exactions des nouvelles autorités allemandes. Ce fut notamment le cas de Marcel Weinum, lequel fonda à l’âge de seize ans l’un des tout premiers réseaux français de Résistance. Son organisation s’appelait la Main Noire et comprit jusqu’à vingt-six membres, tous adolescents, qui se divisèrent en sous-groupes d’action inconnus les uns des autres pour assurer le plus de sécurité possible.

Prenant de très grands risques, ces jeunes gens s’attaquèrent aux Allemands. Tracts, sabotages, vols, attentats, destructions de drapeaux et d’emblèmes nazis : telle était la palette des compagnons d’arme de Marcel Weinum. Les actions de bravoure furent nombreuses. Toutefois, le sort du jeune Marcel Weinum fut terrible : à la suite d’une mission de renseignement, il fut intercepté, jugé à Strasbourg et décapité le 14 avril 1942 à Stuttgart. Même s’ils poursuivirent leurs actions héroïques, les autres membres du réseau furent incorporés et portèrent l’uniforme allemand.

Si l’auteur a souhaité donner une «forme romanesque» à cette étude, elle se fonde néanmoins sur des «faits avérés», soit par des témoignages soit par des documents historiques. Ainsi «l’écrivain a laissé libre cours à son imagination, dans les limites du vraisemblable, pour ce qui concerne la vie quotidienne de Robert et Mathilde Weinum, l’enfance de Marcel Weinum, son éducation religieuse…». Ce faisant, Claude-Henry du Bord restitue le sombre climat de l’époque et jette la lumière sur le brave Marcel Weinum, lequel mérite d’être extirpé de la relative ignorance dans laquelle il est si injustement plongé.


Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 04/12/2012 )
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