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On ne peut plus balzacien
Agnès d' Angio-Barros   Morny. Le théâtre du pouvoir
Belin - Portraits 2012 /  20 € - 131 ffr. / 206 pages
ISBN : 978-2-7011-5898-3
FORMAT : 13,5 cm × 21,5 cm
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«Un important, gai, un intriguant mais point austère… ayant les manières du monde et les mœurs de la roulette, content de lui, spirituel, combinant une certaine libéralité d’idées, avec l’acceptation des crimes utiles, trouvant moyen de faire un gracieux sourire avec de vilaines dents, menant la vie de plaisir, dissipé mais concentré, laid, de bonne humeur, féroce, bien mis, intrépide, laissant volontiers sous les verrous un frère prisonnier et prêt à risquer sa tête pour un frère empereur (…), poussant la littérature jusqu’au vaudeville et la politique jusqu’à la tragédie ; tueur, ayant toute la frivolité conciliable avec l’assassinat» (p.186).

C’est en ces termes que Victor Hugo brossait naguère le tableau du fantasque Auguste de Morny (1811-1865), le demi-frère de Napoléon III, ainsi que le rappelle Agnès d’Angio-Barras dans la belle biographie qu’elle lui a dernièrement consacré. Conservatrice en chef du patrimoine et docteure en lettres, l’auteure est chef du service des archives du ministère des finances.

L’homme politique était le fils naturel de la reine Hortense et du général de Flahaut. A l’état civil, toutefois, c’est un certain Auguste Demorny qui fut complaisamment déclaré… Il était le petit-fils de Talleyrand, par son père, ainsi que le demi-frère de Louis-Napoléon Bonaparte, par sa mère. Auguste vécut sa prime enfance dans un milieu extrêmement favorisé, certes à l’abri des regards indiscrets, mais généreusement subventionné par sa riche famille.

Rapidement, passionné par les chevaux, il se dirigea vers une école de cavalerie. Mais, mal classé car ne travaillant que les matières qui l’intéressaient, Auguste la quitta par la petite porte. Il devint néanmoins officier et servit en Algérie, puis il se fit une place de choix dans la vie parisienne et le monde des affaires grâce à sa liaison avec l’épouse de l’ambassadeur de Belgique.

Auguste Demorny fit l’acquisition d’une raffinerie de sucre dans le Puy-de-Dôme, puis il se fit élire à la Chambre des députés sous la monarchie de Juillet. Appartenant résolument au camp orléaniste, le petit-fils de Talleyrand se fit nombre d’amis dans les rangs des parlementaires conservateurs. Ce qui retint néanmoins le plus son attention, ce fut la spéculation, la fête, les femmes, les chevaux et le luxe.

Après la révolution de 1848, que de Morny - comme il parvint finalement à se faire appeler après quelques finasseries - ne gouta guère, le financier se fit à nouveau élire député au Corps législatif. Il se mit au service de son demi-frère et devint l’un de ses plus proches conseillers, si bien qu’il fut un acteur majeur de la préparation et de l’exécution du coup d’Etat de décembre 1851.

Sous le Second Empire, la carrière politique d’Auguste Morny connut de nouveaux développements, devenant ministre de l’intérieur jusqu’en 1852, puis président du Corps législatif de 1854 à 1865. Il fut en outre ambassadeur de l’Empire en Russie. A Saint-Pétersbourg, le duc de Morny épousa la princesse russe Troubetzkoï, ce qui ne signifia pas la fin de sa vie de plaisirs…

Il fonda Deauville-sur-Mer, qu’il fit relier à Paris. Le duc de Morny s’efforça d’attacher la bourgeoisie orléaniste à l’Empire et conseilla à Napoléon III de se rapprocher de la Russie afin de mieux contrôler le continent européen. Mais Morny n’hésita point à faire passer ses intérêts avant ceux du pays. On lui doit notamment l’hasardeuse intervention au Mexique ainsi que divers montages financiers délibérément opaques et d’une légalité douteuse, mais tout à fait profitables au duc…

Comme le rappelle l’auteure de cette intéressante biographie, Morny était un personnage on ne peut plus balzacien. Tout au long de sa vie, il illustra ces fortes paroles de Balzac, tirées de La Fille aux yeux d’or : «Qui donc domine en ce pays sans mœurs, sans croyance, sans aucun sentiment ; mais d’où partent et où aboutissent tous les sentiments, toutes les croyances et toutes les mœurs ? L’or et le plaisir» (p.202).


Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 08/01/2013 )
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