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Histoire & Sciences sociales  ->  Période Contemporaine  
 

Dans la vallée obscure
Nicolas Bernard   La Guerre germano-soviétique - 1941-1945
Tallandier - Histoires d'aujourd'hui 2013 /  29.90 € - 195.85 ffr. / 797 pages
ISBN : 979-10-210-0274-6
FORMAT : 16,1 cm × 23,0 cm

L'auteur du compte rendu : administrateur territorial, agrégé d’histoire et diplômé en Etudes stratégiques, Antoine Picardat a enseigné dans le secondaire et en IEP, et travaillé au ministère de la Défense. Il est aujourd’hui cadre en collectivité territoriale.
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Le livre de Nicolas Bernard comble un étonnant vide historiographique : s'il y a beaucoup d'études précises sur telle ou telle campagne ou bataille, il n'y a pas de synthèse récente en français sur la guerre germano-soviétique ! Le sujet offre pourtant quantité d'aspects à traiter, et l'importance de ce conflit, sur la Seconde Guerre mondiale et sur l'après-guerre n'est plus à démontrer.

Pour couvrir un conflit gigantesque, Nicolas Bernard propose un épais volume de près de 800 pages, dont 160 de notes et de bibliographie. En suivant une trame chronologique, il étudie les origines de la guerre, les aspects diplomatiques, les campagnes militaires, opérations et aspects techniques, les décisions des dictateurs et leurs logiques, la mobilisation économique et celle des sociétés, le sort des régions occupées et pillées, et des populations déportées ou livrées au massacre des SS, de la Wermarcht (armée criminelle, commandée par des criminels) et de ses auxiliaires baltes ou ukrainiens, l'après-guerre enfin : naissance de la guerre froide et construction des mémoires. L'auteur ne se contente pas de décrire : avec une grande maîtrise de ses sources et de son sujet, il remet en perspective et analyse les faits et les interprétations.

On regrettera qu'un tel travail soit entaché de coquilles grossières : une lettre ou un mot qui manquent ou qui doublonnent ici ou là. C'est agaçant, et donne une impression d'amateurisme éditorial. Par ailleurs, le style laisse parfois à désirer. Ainsi écrire et répéter que tel front, groupe d'armée ou armée «pulvérise», «annihile» ou «massacre» tel autre, relève plutôt du commentaire sportif bas de gamme que du récit historique.

Inévitablement, La Guerre Germano-soviétique souffre sur certains points des défauts de ses qualités : la synthèse est complète et précise, mais Nicolas Bernard ne peut pas véritablement approfondir plusieurs chapitres, qui abordent pourtant des questions peu connues. Parmi les sujets les plus intéressants, on retiendra notamment ceux sur la société soviétique dans le conflit : quel fut le degré d'adhésion du pays au régime et à la guerre ? Quels furent les moments de doute, voire de crise de la cohésion nationale ? Quels instruments de mobilisation furent utilisés, et avec quels résultats ?

A l'inverse, les chapitres sur les opérations militaires sont à la longue fastidieux. Nicolas Bernard y consacre près de la moitié de son livre, et il raconte peut-être trop chaque offensive. A force, cet enchaînement de récits devient monotone. Certes, à force d'énumérations, de chiffres d'effectifs engagés, de matériel et de pertes, on est pris de vertige. Cette accumulation aide à percevoir combien ce conflit fut terrible et meurtrier. Churchill parle à ce propos d'une «vallée obscure», que les Alliés ont dû traverser pour marcher jusqu'à la victoire. Pourtant, une description des conditions de vie des combattants, une descente au niveau tactique, pour comprendre le déroulement des combats, ou une analyse de «l'art opératif» soviétique, souvent cité, mais jamais réellement expliqué, auraient été les bienvenus.

Le succès d'audience et les polémiques provoquées par la mini-série allemande Generation war récemment diffusée à la télévision, notamment en France, montre que les blessures de ce conflit sont encore vives. Le chapitre final du livre, consacré à la mémoire du conflit, constitue sur ce point un utile état des lieux des enjeux et de leur évolution depuis 1945. Il rappelle qu'en Russie et dans l'ex-URSS, en Allemagne et dans toute l'Europe centrale le sujet reste aujourd'hui sensible, et que nous sommes encore bien loin d'une histoire apaisée et partagée.


Antoine Picardat
( Mis en ligne le 08/10/2013 )
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